Devenu chef traditionnel de son village natal au Cameroun en 2017, à la mort de son père, Yannick Noah accueille Emmanuel Macron ce mardi 26 juillet. « Ce n’est pas moi qui reçois le président français, mais tout le village », annonce l’ancien tennisman franco-camerounais, Yannick Noah, casquette sur la tête, en short et pieds nus, à Etoudi, son quartier à la sortie de la capitale Yaoundé, qui abrite également le palais présidentiel.
Après la solennité de l’entretien avec le président camerounais Paul Biya, Emmanuel Macron devrait laisser tomber sa veste lorsqu’il franchira les portes du « village de Noé ». Ce sera la première rencontre entre les deux hommes.
A l’entrée, un panneau espiègle précise que Roland-Garros, le lieu de l’exploit qui a rendu célèbre le tennisman en 1983, est situé à 7 091 km. 39 ans après ce sacre, l’ex-champion reste, à 62 ans, l’un des Français les plus populaires, grâce notamment à ses succès en musique.
Mais c’est maintenant à Etoudi qu’il passe environ six mois par an, « et probablement plus de temps dans le futur ». C’est ici que ce natif de Sedan (Ardennes), où son père Zacharie était footballeur, a vécu son enfance, entre 2 et 12 ans, lorsque ses parents sont revenus au pays de son père. « C’était très différent à l’époque. J’ai grandi au milieu de la brousse, j’allais à la rivière car il n’y avait ni eau ni électricité. Au fil du temps la ville a encerclé le village et là est devenu un quartier de Yaoundé »il dit.

Ses racines à Etoudi se sont renforcées lorsqu’il a hérité du titre de chef traditionnel à la mort de son père en 2017. Il a alors décidé de développer le « country club » que ce dernier avait créé sur la terre familiale, en y ajoutant un bar, restaurant, tennis et terrains de basket, mais aussi de jolis bungalows de style traditionnel au milieu d’un vaste parc à la végétation luxuriante.
Yannick Noah accorde également beaucoup d’attention à l’école créée par sa mère, professeur de français, dans le jardin de la maison familiale dans les années 1960. 400 élèves du quartier y sont désormais scolarisés en français et en anglais, les deux langues officielles du Cameroun. « Mon rôle de leader est avant tout d’aider les personnes âgées et de tout faire pour que les enfants reçoivent une bonne éducation »il explique.

Après avoir accueilli Emmanuel Macron à l’entrée du « village de Noé », il le conduira au caveau familial, une simple bâtisse blanche sous de grands manguiers et avocatiers, où reposent son grand-père et son père. D’autres chefs coutumiers, en tenues traditionnelles, seront présents, témoignant de l’importance que Yannick Noah accorde à la « dimension spirituelle » de cet endroit où il « dialogue avec les ancêtres ».
Puis, dans le parc, Emmanuel Macron rencontrera une dizaine de jeunes Camerounais et Français qui ont travaillé ensemble sur l’avenir des relations entre Yaoundé et Paris, la bonne gouvernance, l’environnement et les enjeux de la mémoire coloniale.
« En tant que Franco-Camerounais, je suis toujours sensible aux relations entre les deux pays. Je n’ai pas trop le choix, c’est mon destin », sourit Yannick Noah, qui ne veut pourtant pas répondre aux questions politiques, toujours sensible au Cameroun, dirigé depuis près de 40 ans par Paul Biya. Yannick Noah espère que le « village de Noé » deviendra le lieu de rencontre de ses cinq enfants, qui vivent « un peu partout dans le monde »et ses petits-enfants afin qu’ils « cultiver leurs racines camerounaises ».
Le soir, la réception se terminera par un concert de jeunes musiciens camerounais, avant que le maître des lieux ne prenne le micro, comme il le fait souvent à l’improviste, pour « trois, quatre ou… dix chansons ». Y compris ses tubes dance Saga Africa, Métisse et Back to Africa…
Grb2