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Politique

VRAIOUFAKE. Les chasseurs français tuent-ils 21 millions d’animaux par an ?

Selon l’Office français de la biodiversité, près de 22 millions d’animaux ont été tués par la chasse durant la saison 2013-2014.

Combien d’animaux sont tués chaque année lors de la chasse en France ? Sur les réseaux sociaux, le débat des chiffres fait rage. « Les chasseurs en France tueraient 45 MILLIONS d’animaux sur 91 espèces différentes chaque année, c’est pire que ce que j’imaginais, ça va s’arrêter quand ? »déplacé le 13 mars un utilisateur sur Twitter. « 21 millions en réalité », rétorque un récit pro-chasse. « Ça vous parait encore énorme ? Mais savez-vous par exemple que l’espèce la plus chassée, la palombe (a vu) sa population augmenter de 78 % en 18 ans ? »

Est-il vrai de dire que des millions d’animaux sont victimes de la chasse ? Quelles sont les conséquences environnementales de ces prélèvements qui semblent massifs ?

Environ 22 millions d’animaux tués chaque année

Selon l’Office français de la biodiversité, le nombre d’animaux tués par la chasse se chiffre en fait à plusieurs dizaines de millions par an. Selon un enquête publiée en 2019 par cet établissement public (fichier PDF, page 40) relatives à la chasse ciblée – c’est-à-dire au fusil ou à la carabine – environ 22 millions d’animaux ont été abattus durant la saison 2013-2014. Le pigeon ramier est l’espèce la plus chassée avec environ 4,9 millions de spécimens abattus, suivi du faisan commun (3 millions) puis du lapin de garenne (1,4 million). Pour le gros gibier, « 850 000 sangliers ont été capturés (en 2022), 600 000 chevreuils et 75 000 cerfs », énumère Matthieu Salvaudon, directeur du service « dégâts gros gibier » à la Fédération nationale des chasseurs (FNC).

Pour Jean-Dominique Lebreton, spécialiste de la démographie animale, directeur de recherche au CNRS et membre de l’Académie des sciences, ces statistiques sont probablement sous-estimées : « un grand nombre d’animaux tués ne sont pas retrouvés car ils ont été blessés et meurent les jours suivants. Si l’on considère que c’est le cas pour 10% des oiseaux capturés, ce serait environ 1,5 million d’animaux qui meurent dans des conditions misérables »il se plaint.

FNC compte près de 87 espèces chassables en France. « C’est un record en Europe » se lamente Richard Holding, responsable de la communication de l’Association pour la protection des animaux sauvages. Pour la Fédération Nationale des Chasseurs, ce nombre élevé d’espèces chassées serait justifié par « la diversité et la qualité des biotopes » de la France et le fait que la France est « l’une des voies de migration les plus importantes pour les oiseaux ».

Un animal abattu sur quatre provient de l’élevage

Une telle pression de chasse sur la faune est-elle durable ? Tout dépend vraiment de l’espèce chassée. « En ce qui concerne le faisan, le colvert ou encore les perdrix grises et rouges, la grande majorité des animaux des tableaux de chasse – c’est-à-dire les captures enregistrées des chasseurs – sont en fait des animaux issus de l’élevage »précise Jean-Dominique Lebreton. « Sur les 22 millions d’animaux tués chaque année, entre 5 et 8 millions ont été élevés en captivité » être relâchés sur des terrains de chasse ou dans des enclos, précise ce spécialiste.

« Les conditions d’élevage sont assez dramatiques pour les animaux »souligne cependant Richard Holding. « Pour éviter qu’ils ne s’entre-tuent dans les élevages, il faut mettre des couvre-becs sur les perdrix. Et comme ils ont été élevés en cages, ces oiseaux ne sont pas du tout adaptés à la vie sauvage et meurent souvent très vite une fois relâchés dans la sauvage ».

« La chasse aux animaux en liberté, c’est-à-dire aux animaux élevés en captivité, présente cependant l’avantage de diriger une partie de l’effort de chasse sur les animaux d’élevage. les animaux sauvages », reconnaît cependant Jean-Dominique Lebreton.

Espèces menacées chassées malgré tout

La situation des espèces chassées parmi les populations d’animaux sauvages, en revanche, est très variable. « En dehors des espèces de montagne, les populations d’ongulés, c’est-à-dire d’animaux à sabots, sont en augmentation ou plutôt stables », estime Matthieu Salvaudon. De même, selon une étude publiée en 2020 (Document PDF) là-bas Commission Départementale de la Chasse et de la Faune Sauvage et la Fédération Départementale Chasse et Nature de l’Aude, la population de palombes, espèce la plus chassée en France, a augmenté d’environ 67,65 % en 18 ans.

D’autre part, selon les chiffres de la Ligue de protection des oiseaux , vingt des 64 espèces d’oiseaux considérées comme chassables en 2022 ont été signalées comme menacées d’extinction ou en déclin par la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UIC PAS) . Toujours selon les données de l’UICN, citées par Libérer , entre 30 et 40 % des espèces chassables en France en 2020 étaient en mauvais état de conservation. Interrogée sur la chasse aux espèces menacées, la FNC indique que « Dans un souci de gestion optimale de la faune, le nombre d’individus d’une espèce chassée sur un territoire peut être régulé au moyen de quotas. « Pour les populations en déclin comme les moutons, donne en exemple Matthieu Salvaudon, les fédérations de chasse en relation avec les préfectures ajustent à la baisse les prélèvements autorisés.

« Il est choquant que nous continuions à chasser des espèces en mauvais état de conservation »cependant ému Jean-Dominique Lebreton. « L’argument du monde de la chasse est que le déclin des populations est principalement dû à la transformation du milieu, par l’agriculture ou les pesticides. C’est très discutable, car en leur ajoutant la mortalité par chasse, on impose une double peine aux espèces en déclin. « , conclut le directeur de recherche CNRS.



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