une vague d’appels à la grève secoue les compagnies low-cost

A l’approche des vacances, le ciel européen est loin d’être beau. Plusieurs syndicats de compagnies aériennes low-cost ont appelé à la grève dans les semaines à venir. Alors que la période est marquée par la fin des restrictions sanitaires concernant le Covid-19 et la reprise brutale du trafic aérien, les syndicats alertent sur les conditions de travail de leurs salariés.
Chez EasyJet, l’Union Syndicale Ouvrier (USO) prévoit une grève de neuf jours en juillet dans les aéroports de Barcelone, Malaga et Majorque aux Baléares. Selon le syndicat, « Le personnel de cabine d’EasyJet en Espagne a actuellement un salaire de base de 950 € » par mois, soit « salaire le plus bas » de « toutes les bases en Europe ».
Le concurrent Ryanair, déjà au cœur de nombreuses polémiques, doit également faire face aux foudres de ses syndicats. Dans cinq pays, les syndicats appellent les salariés de l’entreprise irlandaise à faire grève le week-end prochain. En Espagne, en France, en Belgique, au Portugal et en Italie, les hôtesses et stewards demandent le respect du droit du travail dans leur législation locale ainsi qu’une augmentation de leur rémunération.
Ryanair condamné pour travail dissimulé
En France « l’entreprise ne respecte pas les temps de repos prévus par le code de l’aviation civile », explique le représentant du syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC) Damien Mourgues. Celle-ci impose notamment une immobilisation minimale de 6 heures pour toute durée de vol inférieure ou égale à 6 heures. Son syndicat demande également une augmentation de salaire pour les employés qui sont payés au salaire minimum..
Tous les syndicats dénoncent également « manque d’eau et de nourriture pour le personnel de bord »la « non respect des certificats médicaux »un « baisse des salaires sous menace de licenciement collectif » et exiger l’application, aussi vite que possible, « de la décision de justice » visant leur employeur. L’entreprise, pour sa part, a déclaré qu’elle négociait « Ces derniers mois, il y a eu une amélioration des accords collectifs, qui concernent 90% des salariés en Europe ».
En mai dernier, l’entreprise avait reçu une lourde condamnation pour travail dissimulé à l’aéroport de Marignane, près de Marseille. Confirmant une décision du juge de première instance, la cour d’appel de Paris a déclaré Ryanair coupable d’avoir embauché 127 salariés français sous contrats irlandais entre 2007 et 2010, évitant ainsi de payer des cotisations sociales en France.
« Le low cost se fait toujours sur le dos des salariés »
« Ils ont utilisé le même mécanisme que pour l’évasion fiscale, résume Éric Rocheblave, avocat en droit social basé à Montpellier. L’entreprise a eu recours à des montages juridiques pour contourner le droit national afin de ne pas payer d’impôts et de soumettre ses salariés aux règles du droit irlandais, plus souples et favorables à l’employeur. »
L’entreprise qui a également été reconnue coupable « Obstacles à l’exercice des droits syndicaux » et autres délitss a été condamné à payer une amende de 200 000 € et 7,5 millions de dommages et intérêts.
Si Ryanair est un exemple, ce mode de fonctionnement est loin d’être un cas isolé, souligne Éric Rocheblave : « C’est le problème du low cost, ça se fait toujours sur le dos des ouvriers. Le prix du carburant est fixe, le coût d’entretien d’un avion est fixe. Alors là où l’entreprise fait des économies, c’est sur les salaires de son personnel ».
Pour ne rien arranger, le secteur éprouve de grandes difficultés à recruter depuis plusieurs mois. Après deux années difficiles, l’activité repart mais les compagnies craignent un manque de pilotes de ligne pour faire face. Face à ces sous-effectifs, les syndicats dénoncent des taux trop élevés. C’est notamment le cas au sein de la compagnie belge Brussels Airlines, où les syndicats de pilotes et hôtesses de l’air ont appelé à la grève de jeudi à samedi inclus.
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