Une saisine du Conseil constitutionnel par les oppositions a-t-elle des chances d’aboutir ?

Pour l’opposition, l’heure est désormais à un examen attentif des recours possibles pour invalider la réforme des retraites, adoptée sans vote jeudi dernier après l’utilisation du 49.3 par le gouvernement. Une façon de procéder qui a suscité l’ire des opposants à l’exécutif qui cherchent à contre-attaquer. Le groupe Liot (Libertés indépendantes outre-mer et territoires) a été le premier à tirer une motion de censure interpartisane avant d’être imité quelques heures plus tard par le Rassemblement national. Et envisage également une autre procédure qui consisterait à saisir directement le Conseil constitutionnel. Un appel que Mathilde Panot, chef de file des députés LFI, a également promis de solliciter en début de semaine prochaine.
L’avertissement du Conseil d’Etat
L’institution peut en effet être saisie par 60 députés ou sénateurs dans les 15 jours suivant l’adoption définitive d’une loi. Normalement, il dispose d’un mois pour rendre sa décision, mais le gouvernement a la possibilité de demander une révision urgente, ce qui réduit alors le délai à huit jours. Le 21 février, Indiquer Et Le monde a révélé une note du Conseil d’Etat qui tirait la sonnette d’alarme sur un risque d’inconstitutionnalité de certaines dispositions de la loi.
Parmi les points soulevés par la plus haute juridiction administrative, il y avait notamment l’index des seniors qui entend inciter les entreprises à maintenir les salariés dans leur effectif au crépuscule de leur carrière. Le Conseil d’État considère que cette mesure n’a pas les caractéristiques requises pour être intégrée dans un texte, adopté via un projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité sociale (PLFSS). En clair, cette disposition « n’influencera probablement pas le financement de la Sécurité sociale pour 2023 », indique le conseiller d’Etat Didier Maus à franceinfo, et n’a donc rien à voir avec cette réforme des retraites. .
Des débats trop écourtés par l’exécutif ?
De plus, le Conseil constitutionnel pourrait déterminer non pas le fond mais la forme utilisée pour faire adopter la loi. Et donc considérer que le Parlement n’a pas eu le temps de vraiment débattre. Au-delà du 49.3, le gouvernement a en effet demandé l’article 47.1 afin d’abréger le temps des débats à l’Assemblée avant de déclencher le 44.3 au Sénat afin d’obliger la chambre haute à se prononcer par un seul vote sur une partie, sinon la totalité du projet de loi. « Il n’y a pas eu vraiment de débat clair et sincère, mais c’est une exigence constitutionnelle », a relevé sur franceinfo Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel.
Dès lors, il y a lieu de croire que le Conseil constitutionnel va annuler une partie de cette réforme des retraites. Ce dimanche, Jean-Luc Mélenchon s’est voulu très confiant dans l’émission Le Grand Jury de RTL, LCI et la Figaro. « Le Conseil constitutionnel va annuler toute la procédure parlementaire de réforme des retraites. Les Sages savent que leur rôle est de protéger les institutions en les faisant respecter. Ils tiennent aussi compte de ce qui se passe dans le pays », a déclaré le leader insoumis.
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