D’énormes fonds ont afflué en Ukraine depuis le début de la guerre le 24 février 2022. Mais le président Zelensky en veut plus. A quoi sert tout cet argent et qui contrôle son utilisation ?
Le Sénat américain devrait voter ce mercredi 18 mai une prolongation de 40 milliards de dollars pour l’Ukraine. Une enveloppe colossale visant à fournir une nouvelle aide militaire, économique et humanitaire à Kiev, en guerre contre la Russie. Cette somme s’ajoute aux 13,6 milliards de dollars déjà fournis par les États-Unis pour soutenir l’effort de guerre.
La présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, a expliqué : « Avec ce programme d’aide, l’Amérique envoie un message retentissant au monde sur notre détermination inébranlable à soutenir le brave peuple ukrainien jusqu’à ce que la victoire soit remportée. Message adressé spécialement à Poutine depuis que Nancy Pelosi s’est rendue à Kiev dimanche dernier où elle a rencontré le président Volodymyr Zelensky.
Les milliards de l’Europe
L’Union européenne a également débloqué des fonds importants pour aider l’Ukraine. Plus précisément, 17 milliards d’euros pour soutenir les États membres qui accueillent des réfugiés ukrainiens, plus 1,2 milliard pour l’aide macrofinancière à l’Ukraine et un autre milliard pour soutenir les forces armées.
Ces aides européennes s’ajoutent à celles des États membres de l’UE et des pays du G7. Des centaines de millions envoyés en Ukraine entre le 24 février et le 25 mars 2022 par la Pologne (962 millions d’euros), le Royaume-Uni (721 millions d’euros), l’Allemagne (492 millions d’euros), la France (416 millions d’euros), l’Italie (260 millions d’euros) ) et bien d’autres, selon les chiffres de l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale
Les chiffres sont au 25 mars. Depuis, la France a débloqué des fonds pour un total de 2 milliards d’euros ! L’argent afflue vers l’Ukraine à mesure que l’aide bilatérale s’ajoute à cette pluie d’argent ininterrompue. La Banque européenne d’investissement a signé un chèque de 2 milliards.
Ajoutons des collections privées difficiles à évaluer. Vu l’engouement médiatique mondial sur cette guerre, présentée comme la lutte du Bien contre le Mal, l’argent vient du monde entier. La campagne de dons Stand up for Ukraine lancée le 25 mars a permis de récolter plus de 10 milliards d’euros, dont une grande partie provient de l’Union européenne.
Financement participatif
Dans ce contexte très particulier, le président Volodymyr Zelensky a lancé un nouvel appel aux dons, précisant que son pays avait besoin de 7 milliards par mois « pour compenser les pertes économiques de la guerre. Mais surtout, après la guerre, il faut beaucoup d’argent pour reconstruire le pays. D’où ce financement participatif via la plateforme United24.
« Tous les fonds seront transférés à la Banque nationale d’Ukraine et alloués aux ministères concernés », a déclaré le président ukrainien, ajoutant que des rapports sur la distribution des fonds seront publiés « toutes les 24 heures ».
Pour faire bonne mesure, le FMI appelle tous les pays « à intensifier » leur aide à l’Ukraine en faisant des dons plutôt que des prêts.
Une aubaine pour les affaires
C’est beaucoup d’argent, beaucoup d’argent. Et pendant la guerre, les affaires continuent. Malgré les terribles souffrances du peuple ukrainien, les affaires sont particulièrement lucratives pour certains groupes industriels d’armement, par exemple. Ils renouvellent leurs stocks et testent la qualité du matériel en conditions réelles de combat. C’est parfait.
Les banques et autres organismes financiers profitent également de la manne pour prélever des commissions élevées sur ces transferts de fonds colossaux, comme le note l’UFC-Que Choisir.
Il est difficile, pour l’instant, de savoir dans le détail qui et comment cet argent est géré. Mais aux Etats-Unis comme en Europe, des associations de citoyens remettent en cause ces sommes monstrueuses envoyées à l’Ukraine alors que certains Etats américains vivent dans la pauvreté.
Même chose en France qui vient d’allouer 300 M€ supplémentaires à l’Ukraine alors que l’aide aux sans-abri est de 7 € par jour !
« Corruption endémique »
L’aide financière et militaire ne serait-elle pas détournée de sa destination ? C’est ce que pense Pascal Boniface, directeur de l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques), pour qui argent et armes seraient en partie captés par des réseaux mafieux.
L’Ukraine est connue depuis longtemps pour être un pays où la corruption est « endémique » comme le rappelle Geo. « Dans son rapport 2021, Transparency International la classe 122e sur 180. C’est mieux qu’en 2014 (142e) et mieux que la Russie (136e en 2021), mais elle est loin derrière ses voisins européens. Le président Volodymyr Zelensky, un ex-acteur de 44 ans novice en politique, élu en 2019, a promis une tolérance zéro pour la corruption. Mais son combat dans ce domaine est largement au point mort, suscitant les critiques des pays occidentaux et des donateurs internationaux.
A Odessa, « ville en proie à la violence et à la corruption, le maire et son clan représentent pourtant tout ce que la révolution de 2014 a voulu liquider », écrit Le Monde. L’un des parrains les plus célèbres de la mafia ukrainienne, Simon Moguilevitch s’est constitué une fortune considérable grâce au crime organisé.
Ces puissants réseaux mafieux seraient-ils à l’œuvre dans la distribution des fonds accordés à l’Ukraine ? C’est difficile à dire, même si de nombreux observateurs constatent que des centaines de voitures de luxe arrivent chaque jour en Ukraine à la frontière. Incroyable pour un pays en guerre.
Quant aux armes, les experts estiment qu’environ un tiers d’entre elles parviennent aux forces ukrainiennes, un tiers sont détruites par l’armée russe et un tiers finissent entre les mains d’organisations criminelles qui les revendent, notamment en Afrique (nous en reparlerons bientôt).
États-Unis 🇺🇲
De plus en plus d’Américains se posent des questions sur l’attribution par Joe Biden de dizaines de milliards de dollars à l’Ukraine pour une guerre par procuration alors que les États eux-mêmes deviennent comme les bidonvilles du « tiers-monde ». pic.twitter.com/t8qHTzM5kA— Christ_essis (@Christ_essis) 12 mai 2022
Alerte : Selon Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, l’aide financière et militaire colossale allouée à l’Ukraine est « déjà détournée par des réseaux mafieux », dans 1 pays « plus corrompu que la Yougoslavie », et où « les armes reçues iraient notamment à autres États » FranceInfo13h18 pic.twitter.com/jQy1TwZEP2
— Laurent Montet MÉDIAS GRATUITS (@MediaMontet) 16 mai 2022
Ukraine : la guerre est aussi un business
New Grb2