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Nouvelles locales

Un retour à la normale malgré les inquiétudes

C’est Virginie Efira qui donnera le coup d’envoi du Festival de Cannes ce soir avant la projection, hors compétition, du film Couper!, de Michel Hazanavicius. Une comédie hilarante sur le tournage d’un film de zombies qui est aussi un bel hommage à l’amour du cinéma et à l’implication de ceux qui le font.

Thierry Frémaux entend célébrer un retour à la normale après deux années perturbées par la pandémie et afficher sa foi inébranlable dans le 7et de l’art. Le Festival, qui fêtera ses 75 ans le 24 mai, sera en effet l’occasion, à travers un colloque, de se pencher sur l’avenir du cinéma, malmené par deux années de crise et par la concurrence croissante des plateformes de vidéos à la demande. « Il y a trente ans, être cinéaste signifiait faire un film 35 mm pour le cinéma, mais qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui ? La question mérite d’être posée », a expliqué le délégué général du Festival.

Une interrogation légitime alors que la baisse prolongée de la fréquentation des salles de cinéma provoque un vent de panique dans la profession. Selon les chiffres du CNC, ce serait autour de – 38% depuis le début de l’année par rapport à 2019. Pour une franchise Marvel comme Doctor Strange dans le multivers de la folie qui marche très bien ou des succès inattendus comme celui deDans le corps de Cédric Klapisch, la grande majorité des films affichent des résultats en berne. Notamment le cinéma d’auteur, particulièrement touché par les confinements. «Ce n’est pas la qualité des films qui est en cause, certains ont du succès mais ont deux fois moins d’entrées qu’avant la crise », note le distributeur de Pyramide, Éric Lagesse, qui est également co-président de la DIRE, syndicat de distributeurs indépendants. C’est fou de voir à quel point sept mois de fermetures de cinéma ont créé un désintérêt pour le cinéma, comme s’il était devenu un divertissement plus populaire. »

« Un an après la réouverture des salles, le phénomène doit nous obliger à regarder les choses en face », considère pour sa part François Aymé, opérateur qui représente les 1 200 maisons d’art et d’essai. Le Festival de Cannes sera donc le lieu de s’interroger sur les causes de ce désamour. Le CNC a prévu de dévoiler les résultats d’une étude sur les raisons pour lesquelles les Français vont moins au cinéma depuis la crise du Covid. L’Association Française des Cinémas Art et Essai (Afcae) a commandé sa propre enquête à l’Ifop « afin de comprendre et pas seulement intuitivement la réalité de la concurrence des plateformes », explique son président (1).

Les résultats dévoilés ce lundi 16 mai sont édifiants. Près des deux tiers des Français sont abonnés à une offre audiovisuelle payante (dont plus de la moitié à un service de vidéo à la demande), près du tiers d’entre eux (32 %) ont souscrit pendant la période de fermeture des salles, et 41 % reconnaissent que ils vont moins ou pas du tout au cinéma depuis qu’ils sont abonnés. D’autant que l’offre des plateformes cinématographiques ne cesse de s’étoffer, attirant des réalisateurs prestigieux qui n’arrivent plus à obtenir des financements des studios. « Clairement, deux catégories de films manquent aujourd’hui dans nos cinémasnote François Aymé, les Disney qui sortent sur leur propre plateforme et les films d’auteurs américains comme les frères Coen, Woody Allen ou Iñarritu, qui comptabilisent entre 500 000 et 1 million d’entrées. » Les derniers films de cinéastes comme Martin Scorsese, Alfonso Cuaron, David Fincher ou Jane Campion sont sortis sur Netflix.

Des changements en cours qui ont encore peu d’effet sur le Festival. «Nous ne voyons ni crise de la production ni crise de l’imaginaire. explique Ava Cahen, toute nouvelle déléguée à la Semaine de la Critique (une des sections du Festival), le nombre de films proposés étant, selon elle, quasiment le même qu’en 2019. Il en va de même au Marché du film, où, après deux ans de morosité, le nombre de professionnels agréés est quasiment équivalent à celui d’avant la crise. « Pour l’instant, nous manquons de recul pour évaluer les conséquences de cette baisse de fréquentation sur l’activité, explique Guillaume Esmiol, son co-réalisateur. Cannes est le premier grand marché à reprendre en physique depuis le début de l’année et donnera sans aucun doute de la température. »

Cela n’empêche pas les organisateurs de s’interroger sur cette situation inédite. La Quinzaine des Réalisateurs, créée au lendemain de Mai 68, a déjà décidé de tirer les conclusions et « réinventer » dès l’année prochaine en changeant de délégué général, de nom et de logo. «Nous n’épargnerons pas une réflexion sur la manière dont nous pouvons mener la bataille de la salle par rapport à l’arrivée des plateformes », précise Rosalie Brun, déléguée générale de la Société des Réalisateurs de Films (SRF), qui en est l’organisatrice. « Nous ne pouvons pas être déconnectés d’une industrie très secouée par les mutations en cours. C’est une réflexion qu’il faut avoir si on ne veut pas être dépassé », reconnaît Ava Cahen, qui ne s’inquiète pourtant pas de la capacité de renouvellement du cinéma. « Les séries ont été très pionnières dans les années 2000 et ont fait prendre du retard au cinéma, mais il rattrape son retard, avec de jeunes auteurs qui explorent de nouvelles thématiques. pour répondre à l’intérêt public. »

L’enjeu serait donc la capacité des productions françaises et européennes à répondre aux nouvelles demandes des publics en se démarquant de ce qu’ils voient chez eux. « Elles doivent être soit plus spectaculaires, soit plus originales, car le public place désormais la barre très haute », explique François Aymé. Les exposants, en convient-il, ont aussi leur rôle à jouer en rénovant leurs salles pour les rendre plus accueillantes et en multipliant les animations et animations autour des projections.

De leur côté, les distributeurs indépendants aidés pendant la crise plaident pour que cette aide devienne plus structurelle. « Car comment continuer à sortir des films pour le même montant, si on a 35 à 40 % de recettes en moins ? », demande Eric Lagesse. Enfin, la SRF plaide pour que le gouvernement et le CNC lancent une grande campagne de communication pour inciter les spectateurs à retourner dans les salles. Sinon, tout le monde met en garde contre le risque d’appauvrissement de la création. «Si ce n’est pas nous, qui fera le travail de prospection pour trouver de nouveaux auteurs ? Pas les plates-formes, précise Éric Lagesse, qui rappelle que, sur les 21 films en compétition cette année, 15 sont présentés par des distributeurs indépendants. « Le cinéma indépendant, c’est le cœur de Cannes ! »

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