un journaliste placé en garde à vue par la DGSI

La journaliste française Ariane Lavrilleux a été perquisitionnée et placée en garde à vue mardi dans le cadre d’une enquête pour « violation du secret de la défense nationale ». Elle révélait en 2021 que la mission de renseignement française « Sirli », lancée en février 2016 au profit de l’Égypte au nom de la lutte antiterroriste, avait été détournée par l’État égyptien qui avait utilisé les informations recueillies pour mener des frappes aériennes sur véhicules de passeurs présumés à la frontière égypto-libyenne.
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Le secret des sources remis en cause ? La journaliste Ariane Lavrilleux, à l’origine de révélations fin 2021 sur un possible détournement égyptien d’une opération des renseignements français dans le pays, a été perquisitionnée et placée en garde à vue mardi 19 septembre, a annoncé le média Disclose, qui a publié son article. à l’époque.
« Perquisition en cours au domicile de la journaliste de Disclose Ariane Lavrilleux. Des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont placé notre journaliste en garde à vue. Une nouvelle atteinte inacceptable au secret des sources», a dénoncé sur X le média d’investigation Disclose.
Une source proche du dossier a confirmé à l’AFP qu’une juge d’instruction menait actuellement ces opérations, « compte tenu de son statut de journaliste ».
Celles-ci interviennent dans le cadre d’une information judiciaire en cours depuis juillet 2022, ouverte par le parquet de Paris pour compromission du secret de la Défense nationale et divulgation de l’identité de militaires et confiée à la DGSI, a confirmé cette source. .
« Je suis consterné et inquiet de la multiplication des atteintes à la liberté d’information et des mesures coercitives prises à l’encontre du journaliste Disclose », a réagi Me Virginie Marquet, avocate d’Ariane Lavrilleux et des médias d’investigation.
« Entrave inacceptable à la liberté d’informer »
«Cette perquisition risque de porter gravement atteinte au secret des sources des journalistes, dont je peux légitimement craindre qu’il soit totalement violé depuis ce (mardi) matin. Disclose protégera son journaliste qui n’a révélé que des informations d’intérêt public », a-t-elle ajouté.
De nombreux médias et journalistes, notamment plusieurs Sociétés des journalistes (SDJ) et Reporters sans frontières (RSF), ont exprimé leur indignation sur le réseau social, évoquant une « entrave inacceptable à la liberté d’informer » et un « déni de démocratie » de certains. Quelques semaines avant les Etats généraux de l’information promis par l’Élysée.
Disclose avait affirmé dans un article publié en novembre 2021 que la mission de renseignement française « Sirli », lancée en février 2016 au profit de l’Égypte au nom de la lutte antiterroriste, avait été détournée par l’État égyptien qui utilisait les informations recueillies pour mener des frappes aériennes sur les véhicules de passeurs présumés à la frontière égypto-libyenne.
Selon des documents obtenus par Disclose, « les forces françaises auraient été impliquées dans au moins 19 bombardements contre des civils entre 2016 et 2018 » dans cette zone. Malgré les inquiétudes et les avertissements de certains responsables sur les dérives de l’opération, les autorités françaises n’ont pas remis en cause la mission, selon Disclose, citant des documents secrets.
Suite à cette publication, le ministère français des Armées a déposé plainte pour « violation du secret de la défense nationale ». Une enquête préliminaire a été ouverte en novembre 2021 avant qu’un juge d’instruction ne soit nommé à l’été 2022.
Avec l’AFP
France 24