Il fallait au moins être né au fin fond du Pays de Galles pour survivre et lever les bras à la fin d’une journée comme celle-là ! C’est donc presque naturellement que Stephen Williams, né il y a 27 ans à Aberystwyth, s’est imposé au sommet du Mur de Huy, devenant ainsi le premier Britannique à remporter la Flèche Wallonne.
Certes, on n’a pas atteint ce mercredi les conditions dantesques dans lesquelles Bernard Hinault avait remporté un légendaire Liège-Bastogne-Liège en 1980, ce froid saisissant et ces bourrasques de neige qui avaient décimé le peloton et recraché seulement 21 coureurs à la fin. arrivée (sur 174 partants). Pourtant, la 88e édition de la Flèche Wallonne, disputée sur 198,6 km entre Charleroi et Huy, devrait laisser des traces.
A peine cinq degrés au thermomètre au départ, des averses de pluie se sont transformées en grêle et en neige et un vent mordant a écrasé un peloton qui pensait naïvement que le printemps était enfin arrivé.
Dans la deuxième des quatre ascensions du Mur de Huy (à 63 km de l’arrivée), Tom Pidcock (Ineos Grenadiers) et Mattias Skjelmose (Lidl-Trek), deux des favoris du jour, sont passés par la fenêtre. Ils ont rejoint Dylan Teuns (Israel Premier Tech), qui avait lancé la flèche une dizaine de kilomètres plus tôt en même temps que David Gaudu (Groupama-FDJ). Sont également portés disparus Juan Ayuso (EAU-Emirates), Pello Bilbao (Bahrain Victorious), Aleksandr Vlasov (Bora-Hansgrohe)…
Au sommet du Chemin des Chapelles, ils n’étaient plus qu’une trentaine en vie pour concourir pour la victoire, en ce jour béni où les gloutons Tadej Pogacar (teneur du titre) et Mathieu Van der Poel avaient décidé de rester au chaud chez eux et de laisser le les pions s’expliquent.
Sur le plat qui suit le Mur, Soren Kragh Andersen (Alpecin-Deceuninck) s’en sort fort. Le Danois, qui ménage rarement son argent, a filé la bouche au vent, bien placé sur son engin. Derrière, les attaques se succédaient mais au sommet de la troisième montée de Huy (à 31,5 km du but), il possédait encore 55 » d’avance sur un peloton qui avait explosé sous la houlette de… Williams.
Un pécule qui a fondu inexorablement à seulement 14 » au pied de la colline d’Ereffe (14,9 km). Andersen est englouti et c’est encore une fois dans les pourcentages extrêmes du Mur que la victoire se jouera.
Six Français dans les onze premiers
Personne n’a bougé jusqu’au virage du Criquielion et sa pente à 21%. Mais un peu plus haut, à 250 mètres de la ligne, Williams s’élançait sur la gauche et prenait quelques longueurs d’avance. Derrière, tout le monde semblait collé à la route et le Britannique finissait comme il pouvait, la bouche grande ouverte et le vélo de travers. Il a réussi à résister au retour de Kévin Vauquelin (Arkéa-B&B Hôtels), qui a échoué d’un mètre seulement.
Le Normand (22 ans) confirme ainsi ses grandes qualités de puncheur et son très bon début de saison (2ème de l’Étoile de Bessèges, 8ème du Tour du Pays Basque et 10ème à Tirreno-Adriatico). Le Belge Maxim Van Gils (Lotto Dstny) complète le podium.
Derrière, cinq Français terminent dans le onze, Benoît Cosnefroy (4e), Romain Grégoire (7e), Dorian Godon (8e), Guillaume Martin (10e) et Clément Champoussin (11e).
Vainqueur en début de saison du Tour Down Under, Williams, devenu professionnel en 2018 avec Bahreïn Merida, a remporté le plus beau succès de sa carrière. Nous l’attendons dimanche sur les routes de Liège-Bastogne-Liège. Mais cette fois, Pogacar et Van der Poel seront bien là.