Séisme au Maroc : les données satellite lèvent le voile sur la faille inactive à l’origine de la catastrophe
« Sentinel-1a » porte bien son nom ! Ce satellite perché dans le ciel à environ 700 km du sol a collecté, lors de son passage au-dessus de la zone lundi 11 septembre, de précieuses données sur le séisme meurtrier qui a frappé le Maroc, rapporte un article du New York Times (12 septembre 2023).
Equipé d’un radar, le satellite mesure les micro-mouvements du sol vers la surface ou la profondeur avec une précision de l’ordre du millimètre, explique à notre confrère Tim Wright, géophysicien à l’université de Leeds, en Angleterre. Une technique connue sous le nom d’InSAR.
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Réactivation de la faille Tizi n’Test
« En comparant les mouvements observés (au Maroc) aux modèles, Judith Hubbard et Kyle Bradley, géologues de l’Université Cornell, ont trouvé la preuve que la faille responsable pourrait être une ancienne fracture (…) connue sous le nom de faille Tizi n’Test »écrit le New York Times.
Pour comprendre, il faut remonter 300 millions d’années en arrière, à l’époque de la fusion du supercontinent de la Pangée. La faille s’est ensuite activée – puis à nouveau lorsque la Pangée s’est fragmentée en plusieurs continents. Et encore une fois à l’occasion de la naissance des montagnes du Haut Atlas qui sculptent aujourd’hui l’horizon marocain.
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En revanche, la faille Tizi n’Test n’a pas été active au cours de l’histoire récente, assurent les chercheurs. Le mystère de cette catastrophe reste-t-il donc entier ? Pas nécessairement.
« Les anciennes fractures créent cependant des faiblesses dans le paysage »a déclaré au média américain Wendy Bohon, géologue spécialisée dans les tremblements de terre. « Ainsi, dans des conditions favorables, la faille peut se rompre à nouveau, phénomène appelé réactivation. C’est ce qui semble s’être produit vendredi soir au Maroc. »
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Un séisme « aveugle »
Autre enseignement important tiré des données satellite : sur la représentation 3D des mouvements du sol, les bandes colorées correspondant aux mouvements ne se rejoignent pas pour former une trace distincte. Cela signifie, selon Tim Wright, que le sol ne s’est pas arraché jusqu’à la surface. On parle alors de « tremblement de terre aveugle ».
Ces séismes aveugles sont particulièrement difficiles à étudier. « C’est beaucoup plus compliqué de comprendre exactement ce qui se passe sur une faille quand ce n’est pas quelque chose qu’on peut voir et toucher. », ajoute Wendy Bohon dans l’article. Des travaux scientifiques complémentaires seront donc nécessaires pour décrire l’événement plus précisément.
Tourisme au Maroc
En attendant, alors que l’aide internationale commence à affluer, certains touristes se demandent s’ils doivent continuer à voyager au Maroc – et notamment dans la région de Marrakech.
Entre importance du tourisme pour l’économie marocaine et considérations éthiques, un autre article du New York Times pose la question sans apporter de réponse définitive, notant que ce problème concerne d’autres destinations récemment touchées par des catastrophes naturelles, comme la Turquie, la Grèce et Hawaï.
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