Rome s’oppose au rachat par Safran des actifs italiens de Collins Aerospace – 20/11/2023 à 15:52
Le logo Safran devant le siège social de l’entreprise à Issy-les-Moulineaux
PARIS (Reuters) – Safran a annoncé lundi avoir été informé de la décision du gouvernement italien d’exercer son « pouvoir en or » pour s’opposer à la vente de Microtecnica, la société qui regroupe les actifs de Collins Aerospace situés en Italie, pour un montant de 1,8 milliard d’euros au constructeur français d’équipements aéronautiques.
L’industriel français Safran a annoncé en juillet un projet d’acquisition des activités commandes de vol et performances de Collins Aerospace.
« Safran reste engagé dans cette opération et travaille avec toutes les parties intéressées pour déterminer les prochaines étapes », a indiqué le groupe dans un communiqué.
Le « pouvoir en or » confère au gouvernement italien des pouvoirs spéciaux de contrôle sur les opérations visant certains domaines comme la défense, l’énergie ou les communications.
Cette décision est inhabituelle à l’encontre d’une entreprise de l’Union européenne. Par ailleurs, l’État français est le premier actionnaire de Safran avec une participation de 11,2 %.
Selon une source gouvernementale italienne qui a requis l’anonymat en raison du caractère sensible du dossier, Safran n’a pas fourni de garanties suffisantes quant au maintien des lignes de production en Italie.
Roma s’est également entretenu avec le gouvernement allemand, qui a souligné le risque que l’accord puisse affecter les livraisons des programmes d’avions de combat Eurofighter et Tornado, a ajouté la source.
« Le cas est intéressant car les veto (italiens) contre les acheteurs des pays de l’UE et de l’Otan sont rares », a déclaré Francesco Galietti, fondateur de la société d’analyse des risques politiques Policy Sonar.
Giorgia Meloni se rendra cette semaine à Berlin pour sceller un accord de coopération entre l’Allemagne et l’Italie, notamment dans les domaines de la défense et de la technologie. Le ministre de l’Économie, Giancarlo Giorgetti, rencontrera mardi son homologue français, Bruno Le Maire.
La décision du gouvernement italien ne signifie pas qu’un accord ne peut pas être sauvé. Safran pourrait faire appel ou proposer des concessions pour apaiser les inquiétudes de Rome.
(Reportage de Giuseppe Fonte, écrit par Diana Mandiá et Kate Entringer, édité par Zhifan Liu)
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