« Riche comme Crésus » : quelle est l’origine de cette expression ?

Vous connaissez l’expression « toucher le jackpot», mais saviez-vous que vous pouviez vous y baigner ? La rivière Pactole ne s’appelle plus ainsi, mais Sart Çayı, et elle coule toujours en Turquie, où elle est un affluent de la rive gauche de la rivière Gediz. Son premier nom, selon Plutarque (46-125), était d’abord Chrysorrhoas (en grec Χρυσορρόας, «qui porte de l’or”). Car dans l’Antiquité, le Pactole était réputé rempli de paillettes d’or.

Midas et le Pactole

Selon la légende, Midas, le roi de Phrygie, royaume d’Asie Mineure situé entre la Lydie et la Cappadoce, recueillit un jour le vieux Silène, ivre et perdu, et lui donna l’hospitalité dans son palais. Retrouvant son père adoptif sain et sauf, Dionysos, soulagé, exauça alors un vœu à Midas qui, avide de richesses, demanda que tout ce qu’il touchait soit transformé en or. Un cadeau empoisonné, puisqu’il condamne le souverain à ne plus pouvoir manger ni boire.

Au cours de son supplice, il implore le dieu de reprendre son présent, et Dionysos lui conseille d’aller s’immerger dans les eaux de Pactole pour transmettre son don au fleuve. Il y a là une part de vérité historique : le fertile royaume de Lydie, région occidentale de l’Asie Mineure, était en effet traversé par des filons d’or, et fréquemment soumis à des tremblements de terre.

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Crésus sur le bûcher

C’est ce royaume qui vit, au VIe siècle av. J.-C., pour affronter son roi Crésus, dernier souverain de la dynastie des Mermnades que l’on disait douée de forces surnaturelles et bénie des Dieux, et le conquérant Cyrus le Grand, fondateur de l’Empire perse. Une première rencontre entre les deux armées, à la bataille de Pteria, aboutit à un Status Quo, et Crésus doit démobiliser ses troupes et se replier sur Sardes, sa capitale. Surpris en chemin, battu à la bataille de Thymbrea, puis assiégé à Sardes en -547, il est vaincu par les Perses et fait prisonnier.

Selon Hérodote, Cyrus II décide alors de voir ce qu’il en est des prétendues facultés surnaturelles de son ennemi vaincu, et le condamne à être brûlé vif. Sur le bûcher, Crésus se repentit de ses ambitions guerrières, priant les dieux de le sauver et promettant de se consacrer désormais à la préservation de la paix. Clément, une fois n’est pas coutume, ceux-ci font tomber la pluie et éteignent le bûcher : Crésus est sauvé, Cyrus II convaincu et, sans rancune, le libère pour en faire son conseiller. Il cède même à son ancien ennemi les revenus d’une ville proche du Pactole, ce qui lui permet d’acquérir sa colossale fortune.

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Un souverain riche… et généreux

Crésus n’est certes pas le souverain le plus riche de l’histoire, mais il était en tout cas l’un des plus généreux. Reconnaissant envers les dieux qui l’ont sauvé d’une mort horrible, il multiplie les offrandes aux temples grecs. C’est à lui que l’on doit la quatrième Merveille du monde antique, l’Artémision d’Ephèse (à l’ouest de la Turquie actuelle). « Il fit aussi cadeau à Thèbes, en Béotie, d’un trépied d’or qu’il consacra à Apollon Isménien, écrit Hérodote dans son histoires. Il a envoyé [au temple] de Minerva Pronaia, à Delphes, un grand bouclier d’or. Ces dons existaient encore de mon temps ; plusieurs autres ont été perdus. Quant à celles qu’il donna aux Branchides, au pays des Milésiens, elles étaient, autant que j’ai pu savoir, semblables à celles qu’il fit à Delpheset de même poids.« D’où la fameuse expression »riche comme Crésus”.

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