Réforme des retraites. A la veille d’une journée décisive, les ministres intensifient

A la veille d’une journée décisive avec le débat sur les motions de censure, les ministres montent au créneau pour défendre l’impopulaire réforme des retraites et le recours au 49.3, sans apaiser la colère des opposants, qui manifestent depuis plusieurs jours.
« Je ne pense pas qu’il y aura une majorité pour faire tomber le gouvernement », a déclaré dimanche au Parisien le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. « Mais ce sera un moment de vérité. La réforme des retraites vaut-elle oui ou non, la chute du gouvernement et le désordre politique ? La réponse est clairement non », selon le ministre, poids lourd du gouvernement. « Que chacun prenne ses responsabilités ! « .
Selon le ministre du Travail, Olivier Dussopt, qui porte cette réforme depuis des mois, « bien sûr, une motion de censure peut toujours être adoptée » à l’Assemblée nationale. « Mais pour cela il lui faudrait réunir une coalition des contre, des anti, pour obtenir une majorité très hétéroclite sans ligne politique commune ». Le « premier objectif » du gouvernement « est de mener à bien cette réforme pour sauver notre système de retraite » et « nous y tenons », a-t-il déclaré au Journal du Dimanche.
La popularité de Macron en baisse
Selon le baromètre Ifop mensuel publié par le JDD, la popularité du président de la République d’Emmanuel Macron s’est effondrée en mars, à 28%, au plus bas depuis la fin de la crise des « gilets jaunes » en 2019. Un sondage réalisé avant l’utilisation de 49.3.
Après plusieurs jours de mobilisation et de manifestations, à l’appel de l’intersyndicale regroupant toutes les grandes organisations, le recours à l’article 49.3 de la Constitution par la Première ministre Elisabeth Borne, jeudi, a mis le feu aux poudres.
Depuis, des rassemblements organisés ou spontanés ont eu lieu sur tout le territoire, dans le calme ou avec excès. La place de la Concorde à Paris, située à proximité de l’Assemblée nationale et de l’Elysée, est désormais interdite de rassemblement, après des heurts vendredi soir sur cette place devenue un point de ralliement pour les opposants à la réforme.
Samedi soir, un rassemblement dans le sud de Paris, à l’appel de la CGT Ile-de-France, s’est transformé en cortège, avant des débordements, des destructions diverses et des heurts avec les forces de l’ordre.
A Lyon, la soirée a viré au jeu du chat et de la souris, entre jeunes manifestants et policiers, avec 17 interpellations, mais sans les violences observées vendredi soir dans cette ville.
La grande majorité des rassemblements sont non violents
Au total, la police a procédé samedi à 169 interpellations en France, dont 122 à Paris, selon le ministère de l’Intérieur. Les manifestants interrogés ces derniers jours lors de rassemblements en France expriment leur colère, dans la grande majorité des cas en défilant calmement, à coups de slogans et de pancartes.
Le président des Républicains Eric Ciotti a rapporté sur Twitter que son bureau parlementaire à Nice avait été lapidé – photos à l’appui – dans la nuit de samedi à dimanche, pour, selon lui, « faire pression » pour qu’il vote lundi la motion de la censure. Favorable à cette réforme, il a déjà prévenu que son parti ne voterait « aucune » des motions, pour ne pas « rajouter le chaos au chaos ».
Débat sur les motions Lundi, 16 h
Mais une poignée de députés de son camp ont annoncé qu’ils voteraient au moins pour la motion interpartisane présentée par le groupe indépendant Liot (Libertés, Indépendants Outre-mer et Territoires).
Les deux motions déposées, par Liot et par des élus du Rassemblement national (RN), seront débattues et mises aux voix à l’Assemblée nationale lundi à partir de 16 heures. La motion de Liot, cosignée par des élus du Nupes, est plus susceptible d’être votée par des députés de droite défavorables à la réforme des retraites que celle du RN. Mais la barre de la majorité absolue pour faire tomber le gouvernement semble difficile à atteindre.
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