Rare découverte d’un « réfrigérateur antique » dans une ancienne forteresse romaine en Bulgarie

Une nouvelle saison de recherches archéologiques touche à sa fin dans l’ancien camp des légionnaires, devenu plus tard la ville de l’Antiquité tardive, de Novae, près de la ville moderne de Svishtov, dans le nord de la Bulgarie. Malgré des décennies de fouilles, les spécialistes polonais et bulgares continuent de faire d’incroyables découvertes sur le site de cette ancienne forteresse, utilisée il y a environ 2 000 ans.
Après cinq semaines à Novae, des experts du Centre de recherche sur l’Antiquité de l’Europe du Sud-Est de l’Université de Varsovie (Pologne) ont partagé dans un communiqué de presse du 13 septembre 2023 de premiers résultats : la récente campagne a permis de révéler d’anciennes casernes militaires, la plus ancienne connue bien en ville, un système d’aqueduc ainsi que… un réfrigérateur antique.
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Un camp fortifié romain de la VIIIe Légion d’Auguste
Construit environ au 1er siècle après JC. J.-C., Novae constituait l’une des principales forteresses légionnaires du « limes mésien » (Limes mésiennesen latin), soit l’ensemble des fortifications romaines postées depuis Belgrade (Singidunum) jusqu’à l’embouchure du Danube sur la mer Noire (le « limes danubien ») pour protéger les provinces romaines de Haute et Basse Mésie (Mésies).
Le camp servait ainsi de base d’opérations pour les campagnes contre les barbares. Ce fut le cas lors des guerres daciques de Trajan au début du IIe siècle après JC. BC, qui opposa (comme leur nom l’indique) l’empereur romain éponyme aux Daces – tribus du bassin inférieur du Danube, ainsi surnommées par les Romains. La légion aurait également été responsable de la construction du pont sur la rivière.
Au fil du temps, la colonie de Novae est devenue une ville prospère au sud du Danube, dans la province romaine de Basse Mésie. Un siège épiscopal de l’Église catholique romaine fut alors installé sur les ruines de l’ancienne garnison entre le Ve et le VIe siècle.
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La forteresse est l’un des rares « limes mésiens » à avoir été fouillé et ouvert au public. En revanche, c’est principalement la partie centrale du site qui a été étudiée et restaurée, révélant les bâtiments de la base militaire, du camp (castra), ainsi que la route principale (via principalis) reliant ses portes.
Il faut croire que tout n’avait pas encore été découvert, puisque ce sont les restes d’une caserne militaire faite de bois et de terre, un complexe mesurant pas moins de 60 mètres de long sur 38 mètres de large, qui ont été découverts lors des dernières fouilles. Ils sont associés à la VIII légion d’Auguste (Légion VIII Augusta), le premier à être stationné en permanence sur la frontière danubienne de l’Empire romain et l’un des plus anciens de son armée impériale, précisent les spécialistes dans le communiqué.
« Un réfrigérateur ancien » et ses indices culinaires
Les archéologues ont également identifié le plus ancien puits de Novae, qui approvisionnait en eau les légionnaires. Un système d’aqueducs en céramique et en plomb a également été découvert, qui aurait pu être utilisé pour des bains thermaux. Or, « le long du tracé de la conduite d’eau en plomb, un récipient constitué de plaques de céramique a été placé dans le sol de manière à ce que la conduite s’étende sur son côté le plus long »décrit le professeur Piotr Dyczek, directeur des fouilles à l’Université de Varsovie.
« C’est un réfrigérateur antique. », s’enthousiasme-t-il. Un autre système de ce genre avait déjà été retrouvé en 2022 dans le secteur XII de la ville, avec à l’intérieur des assiettes en céramique, des fragments de vaisselle et des ossements d’animaux. Des traces de traitement thermique semblaient alors indiquer que la viande conservée dans le « réfrigérateur romain » avait été cuite.
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« Nous avons obtenu suffisamment de données pour pouvoir recréer cette partie de l’histoire de cette ancienne colonie, jusqu’à présent entourée de mystère »» déclarait alors Piotr Dyczek. « Cela nous permettra de recréer le dernier repas »ajoute-t-il dans la dernière communication.
Le réfrigérateur nouvellement détecté a « refroidissement supplémentaire », et cachait également des fragments de récipients à vin, des bols et des ossements d’animaux depuis des milliers d’années. De telles découvertes sont rares, selon l’expert, car les entrepôts survivent rarement aux reconstructions de bâtiments, comme ce fut le cas lorsque Novae s’est lentement transformée en ville civile.
De plus, un four en céramique du 4ème siècle après JC. BC, un service à vin avec des récipients à surface noire et décorée, un petit pendentif en argent représentant une souris soigneusement travaillée et détaillée, ainsi que plus de 200 objets divers ont été sortis de terre. « L’ensemble peut être daté avec précision, ce qui mettra probablement fin à la longue discussion sur la chronologie et l’origine de ce type de navire rare sur le Danube »conclut le professeur Piotr Dyczek.
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