quels pays pratiquent la discrimination positive ?

Le président Luiz Inacio Lula da Silva, qui a entamé son troisième mandat à la tête du Brésil en janvier, s’est engagé à ce que son gouvernement reflète « le visage de la société brésilienne ». Mardi 21 mars, il a signé un décret réservant 30 % des postes de hauts fonctionnaires aux Noirs et aux Métis. En l’absence de discrimination raciale et de genre, « il n’y aura pas de démocratie »il a insisté.
La discrimination positive apparaît aux États-Unis en faveur des descendants d’esclaves. Elle part du constat que l’égalité des droits ne se traduit pas par l’égalité des chances pour les Noirs qui restent sous-représentés dans les emplois qualifiés, les universités ou les médias. Le président américain John Fitzgerald Kennedy a été le premier à mentionner l’action positive ( « action positive ») et à partir des années 1960 des emplois préférentiels ont été mis en place.
Cette politique est contestée dès la fin des années 1970, notamment par le Parti républicain et les milieux conservateurs qui y voient un « racisme à l’envers ». Saisie du sujet à plusieurs reprises depuis 1978, la Cour suprême a interdit les quotas mais autorisé les universités à prendre en compte, entre autres, des critères ethniques. La question des procédures d’admission dans les universités continue de faire débat.
Hors du monde occidental, ces politiques de discrimination positive se sont propagées, souvent au nom de « compensations historiques », à des pays à l’histoire marquée par l’esclavage, l’apartheid ou les castes.
Au Brésil, une prime à l’examen
Le pays a pris des mesures de discrimination positive dans l’enseignement supérieur depuis 1995. Les universités brésiliennes accordent aux personnes issues de milieux défavorisés ainsi qu’aux noirs et aux métis une prime au concours d’entrée, le vestibulaire, et réserver des places aux élèves des lycées publics. La Cour suprême a jugé en 2012 que ces quotas étaient constitutionnels et a corrigé le « dette sociale de l’esclavage »que le Brésil fut l’un des derniers pays à abolir, en 1888.
Mardi 21 mars, le président Luiz Inacio Lula da Silva a étendu cette discrimination positive à l’entrée dans la haute fonction publique. Avec l’ambition de« encourager la présence de personnes noires dans les postes de décision et de direction ».
Le Brésil a la plus grande population noire en dehors de l’Afrique. Mais le fléau du racisme y est structurel : moins de 5 % des cadres des 500 plus grandes entreprises brésiliennes sont noirs ou issus d’une minorité, selon une étude réalisée en 2021.
Afrique du Sud, « l’embauche équitable » après l’apartheid
Lorsque le régime d’apartheid est tombé en 1994, le Congrès national africain (ANC) a préconisé des interventions directes pour redistribuer les actifs et réduire les disparités. Il vote une loi sur « embauche juste »visant à donner plus de place sur le marché du travail aux catégories de Sud-Africains victimes de discrimination, principalement les Noirs.
Il met également en place le Autonomisation économique des Noirs (BEE ou Economic Development for Blacks) qui oblige les entreprises à embaucher et à promouvoir du personnel noir à des postes de direction – un terme générique pour toutes les communautés délibérément victimes d’intimidation, les Africains, les Indiens et les Métis.
Chaque entreprise dispose alors d’un « score BEE » sur lequel l’État sud-africain peut s’appuyer pour avantager certaines entreprises dans le cadre de la passation de marchés publics.
S’il a fait émerger une classe moyenne multiraciale qui n’existait pas sous l’apartheid, ce système d’une complexité épouvantable a été accusé d’encourager de nombreuses fraudes.
Inde
La constitution indienne autorise depuis 1950 un système de « réserves » pour assurer d’abord aux basses castes et aux tribus des places dans la fonction publique, dans la politique et dans les universités. Les catégories se sont ensuite élargies, tout comme les quotas eux-mêmes, concernant jusqu’à 50 % des places, selon les régions.
Là encore, cette politique vise à compenser la marginalisation historique subie par les castes inférieures et à rétablir l’égalité des chances. Non sans succès. Selon les recherches de l’économiste français Thomas Piketty, depuis les années 1950, l’écart de richesse entre les castes les plus basses et le reste de la société s’est davantage réduit en Inde que celui entre les Afro-Américains et le reste de la société. la population américaine.
New Grb1