Pourquoi, lors de sa visite à Kherson, Volodymyr Zelensky a-t-il demandé une pastèque ?

Le 30 septembre, la ville de Kherson en Ukraine est proclamée « Russe pour toujours » par Vladimir Poutine. Un mois et demi plus tard, le 11 novembre, les scènes de liesse dans les rues de la ville, reconquise par l’armée ukrainienne après neuf mois d’occupation russe, font le tour du monde. Entre soldats et civils qui s’enlacent, musique et cris de remerciements, le président Volodymyr Zelensky, la main sur le cœur, entonne l’hymne ukrainien. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi il était venu malgré les risques, il répondamusé: « Je voulais une pastèque ».

⋙ Street art : Banksy confirme la création de plusieurs oeuvres en Ukraine

Cette envie de melon d’eau n’est pas une blague banale. Le fruit est devenu un symbole de la libération de Kherson et du tournant de la guerre en Ukraine qu’elle entraîne. Lorsqu’ils sont entrés dans la ville, certains habitants en ont même offert aux soldats. Denys Shmyhal, Premier ministre ukrainien, tweeté une photo de lui tenant une pastèque dans ses mains. D’autres membres du gouvernement ont accompagné leurs tweets de l’emoji pastèque.

Dans la foulée, de nombreux médias ukrainiens ont ajouté une pastèque à leur logo. « Kherson, bienvenue ! »s’exclame sur twitter Presse Euromaïdanqui ajoute :Saviez-vous que les pastèques de Kherson sont si délicieuses qu’elles auront bientôt leur propre marque géographique, comme le brandy, le champagne, feta, etc. ? Bientôt vous aussi vous pourrez y goûter ! » Ukrposhta, la poste ukrainienne, qui depuis l’invasion russe imprime régulièrement des timbres patriotiques, a même annoncé le lancement d’un nouveau timbre célébrant Kherson avec une tranche de pastèque mâchée.

La pastèque, symbole de Kherson et de la contre-offensive ukrainienne

La ville de Kherson, et plus généralement le sud de l’Ukraine, est célèbre dans le pays pour ses pastèques. Sa position géographique, au bord de la mer Noire, et son climat humide sont parfaits pour la culture de ces fruits. On pense que les pastèques ont été introduites dans la région de Kherson il y a des siècles par les Tatars de Crimée, a déclaré à la BBC la chef et écrivaine culinaire d’origine ukrainienne Olia Hercules. Dans les années de pénurie alimentaire qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, les habitants du sud de l’Ukraine ont fait bouillir des pastèques pour faire de la mélasse et de la confiture pour remplacer le sucre.

⋙ Plantes obsidiennes, ou polemoflore : quelles sont ces « plantes de guerre » ?

A Kherson, le coup d’envoi de la saison des récoltes se fait traditionnellement avec la retransmission télévisée du départ d’une péniche remplie de pastèques sur le fleuve Dnipro, en direction de kyiv. Après une interruption de quatorze ans, cet événement national est revenu en grande pompe à l’été 2017 – mais a de nouveau dû s’arrêter en raison de la guerre.

La libération de Kherson a fait naître l’espoir chez les habitants de relancer la culture de la pastèque, mise à mal par l’occupation russe qui a paralysé les terres agricoles environnantes. En quelques mois, le prix de ce fruit a été multiplié par six, souligne TF1, passant de 5 UHA, soit environ 17 centimes, à près d’un euro le kilo.

Lire aussi

L’espace, l’autre front de la guerre en Ukraine

Des chercheurs font la lumière sur les origines de la pastèque grâce à… une tombe vieille de 3 500 ans