Pourquoi la France retombe amoureuse du tramway

Plus de 30 villes à travers la France disposent désormais d’un réseau de tramway, dont Angers (150 000 habitants), Besançon (116 000 habitants), Avignon (92 000 habitants) et des dizaines de projets sont en cours pour étendre davantage ces réseaux.
La plupart des grandes villes en ontde Strasbourg à Toulouse en passant par Reims et Rouen, les collectivités locales ont développé des systèmes de tramway qui côtoient les services locaux de bus et de train.
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La légère exception à cette règle est Paris : bien que la capitale dispose d’un réseau de tramway, celui-ci dessert exclusivement les banlieues et ne s’étend pas jusqu’au centre-ville.
En fait, la France possède désormais plus de 10 pour cent du nombre total de réseaux de tramway en Europe.
Un des tramways décorés de Montpellier. Photo de Pascal GUYOT / AFP
Alors, qu’est-ce que les collectivités locales françaises semblent tant aimer, au XXIe siècle, dans les tramways, après avoir tant travaillé pour s’en débarrasser au XXe ?
En août, le maire écologiste de Tours, Emmanuel Denis, a fêté les 10 ans du tramway. Il a déclaré que le système avait été « extrêmement positif » pour la ville de l’ouest de la France.
« Nous en sommes désormais à environ 65 000 passagers par jour, alors que l’objectif était de 50 000 », a-t-il déclaré. France Bleuajoutant que depuis le lancement des tramways en 2013, il y avait 25 000 voitures de moins dans les rues de la ville, réduisant ainsi les émissions de dioxyde de carbone de 40 000 tonnes par jour.
« Nous avons désenclavé les quartiers politiques de la ville et changé le visage de Tours », a-t-il ajouté. « Le tramway de Tours, avec son design si particulier que tout le monde aime, est devenu un véritable symbole de la ville. »
Une deuxième ligne retardée, actuellement prévue pour transporter 35 000 passagers supplémentaires par jour, devrait désormais entrer en service à Tours en mars 2028.
« C’est aussi le sens de l’histoire. On voit que les transports en commun et les « mobilités douces » (projets de déplacements doux) sont de plus en plus populaires », explique Denis.
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Plus de 1,1 million de personnes utilisent chaque jour le tramway à Paris – même s’il ne dessert pas le centre-ville – et plus d’un demi-million à Bordeaux, selon des rapports récents.
Et les tramways français sont aussi artistiques.
Le tramway de Marseille évoque la proue d’un navire antique, les tramways de Montpellier sont un éclat d’oiseaux, de fleurs et de verdure, tandis qu’à Tours, la designer Régine Charvet Pello a déclaré à Weka.fr qu’elle « voulait faire du tramway une œuvre d’art », avec la complicité du plasticien Daniel Buren : un « curseur qui glisse à travers la ville », tout en métal, miroirs et lumières.
Ce fil Twitter suggère que le coût pourrait être l’une des principales raisons de l’essor des villes françaises vers les systèmes de tramway.
Pourquoi les petites villes françaises ont-elles des tramways alors que Bristol et Leeds n’en ont pas ? Coût.
Les projets de tramway en Grande-Bretagne coûtent deux fois et demie plus cher que les projets français au kilomètre.
Le projet de tramway le plus cher de France reste moins cher que le moins cher de Grande-Bretagne. pic.twitter.com/D0mEltnZJ7
– Sam Dumitriu (@Sam_Dumitriu) 25 août 2023
Mais il y a aussi d’autres préoccupations, au-delà de la fierté de la ville. Les véhicules électriques génèrent peu d’émissions. Les nouvelles technologies signifient que les futurs tramways pourraient fonctionner avec des piles à combustible à hydrogène, qui ne créent que de l’eau. Et l’herbe que l’on voit souvent entre les rails est également une décision environnementale. Cela garde ces zones plus fraîches.
Dans de nombreuses villes françaises, ils offrent également généralement le moyen de transport le plus rapide et le plus efficace dans les zones centrales – et, dans le cadre d’un plan de transport local coordonné, peuvent être utilisés en conjonction avec des transports locaux en bus ou en train – la plupart des villes françaises proposent des abonnements de transport ou ticket qui couvre les services de bus, de tramway et de métro.
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Autres transports en commun
Il ne s’agit bien sûr pas uniquement de tramways : la France a travaillé dur ces dernières années pour améliorer ses transports publics, notamment dans les villes.
Les reportages sur les systèmes de transports publics nationaux et locaux français se concentrent souvent sur les problèmes – grèves, fermetures de lignes, retards causés par la maintenance, ce genre de choses.
Mais les villes du pays gèrent des services qui, dans l’ensemble, fonctionnent plutôt bien. Des dizaines d’entre elles, dont Calais, Dunkerque, Libourne, Niort, Aubagne, Gap et Castres, proposent en permanence une gratuité des déplacements en bus sur les lignes intra-urbaines.
D’autres, comme Rouen, Nantes et Montpellier, proposent ou ont expérimenté la gratuité des transports en commun certains jours, notamment le week-end. Et certains proposent des voyages gratuits pour les moins de 18 ans.
L’idée est de désengorger les routes en augmentant le nombre de trajets effectués en bus et de réduire l’impact environnemental causé par la voiture.
Il y a des problèmes avec le système de transports publics français – personne ne prétend qu’il n’y en a pas. Dans de nombreuses zones rurales, disposer d’une voiture est vital car les services de transports publics sont médiocres, voire inexistants. En plus des dépenses supplémentaires pour les ménages ruraux, la dépendance à l’automobile met souvent la France rurale sur une trajectoire de collision avec le gouvernement, qui tente de promouvoir des alternatives à la voiture dans le cadre de ses engagements environnementaux.
Pour tenter de remédier à cette disparité entre les services publics urbains et ruraux, le gouvernement a mis en place un fonds de 90 millions d’euros permettant aux autorités locales de déployer des services de mobilité « innovants et solidaires » afin que les gens « soient moins dépendants de leur voiture ».
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