Pour Agnès Pannier-Runacher, « la transformation à entreprendre est d’une ampleur comparable à celle de la première révolution industrielle »
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, soumet à consultation la stratégie française énergie et climat. Ce document de quatre-vingt-cinq pages, présenté mercredi 22 novembre, devrait donner lieu, en 2024, à une première loi de programmation. Une loi structurante, dont découleront les troisièmes éditions de la programmation pluriannuelle de l’énergie et de la stratégie nationale bas carbone.
Le gouvernement promet de faire de la France la première nation industrielle à échapper à sa dépendance aux énergies fossiles. Qu’est-ce que cela implique ?
Aujourd’hui, notre pays consomme environ 60 % d’énergies fossiles. (pétrole, gaz et charbon résiduel) dans votre mix énergétique. Il faudra ramener ce pourcentage autour de 40% en 2030 et 30% en 2035. Il s’agit d’un rythme de baisse très fort, conforté par la réalité des usages. A partir de 2035, la vente de voitures thermiques neuves sera interdite en Europe et la consommation de carburant diminuera drastiquement. De même, il n’y aura quasiment plus de chaudières diesel.
Plus largement, la transformation qui sera entreprise au cours des trois prochaines décennies est d’une ampleur comparable à celle de la première révolution industrielle. Le système énergétique doit être reconstruit et sa philosophie changée : jusqu’à présent, il était très centralisé, autour de quelques centaines de centres de production et de quelques grandes entreprises qui le gèrent. Dans le futur, des dizaines de milliers de sites seront à la fois producteurs et consommateurs.
D’ici 2050, la France prévoit également de réduire sa consommation énergétique d’au moins 40 %. D’un autre côté, qu’est-ce que cela signifie ?
Au total, le pays a réussi à réduire sa consommation de gaz et d’électricité de 12 % cette année et cela n’a pas fondamentalement changé nos vies ni celles des entreprises. C’est le premier pas. Plus généralement, je souhaite axer le message politique sur la sobriété sur les bénéfices que les Français pourront en tirer, plutôt que sur la planète.
Passer d’une voiture thermique à une voiture électrique, c’est d’énormes économies de carburant. C’est aussi réduire drastiquement la pollution de l’air, avec un effet sur la bronchiolite chez les plus jeunes ou l’asthme chez les plus jeunes, ou encore sur la mort prématurée des parents. Ce sont des choses que les gens comprennent très bien. Il appartient au gouvernement de veiller à ce que l’écologie ne soit pas un produit de luxe.
Nous avons également demandé aux grands acteurs et aux grandes entreprises de faire leur part. Par exemple, seulement 6 % des bâtiments sont équipés d’un système de gestion technique du bâtiment (GTB), qui permet d’importantes économies d’énergie. Je veux dire les ministères, les entrepôts, les tours de défense.
Il vous reste 65% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.
Gn fr loc