Pollution. Lumière du ministre des Transports sur les jets privés

Greenwashing ou point marqué par les défenseurs de la justice climatique ? Le ministre des Transports, Clément Beaune, pense « qu’il faut agir et réglementer les vols en jet privé » qui deviennent « le symbole d’un effort à deux vitesses »il a dit au Parisien, Cette fin de semaine. Il manie pourtant une forme de « en même temps », estimant d’une part que « il y a des raisons urgentes, des impératifs économiques » à cet effet, autre que « ça ne peut pas être un mode individuel de voyage de confort ». Et d’ajouter : « Sans tomber dans la démagogie, ni dans la chasse ad hominem, il y a un certain nombre de comportements qui ne passent plus. »
Et pour cause, ces derniers mois, le jet privé est devenu l’incarnation d’une réalité : avec leur patrimoine financier, 63 milliardaires émettent autant de CO2 que la moitié de la population française, selon une étude d’Oxfam et Greenpeace publiée en février. De quoi voir fleurir des comptes sur les réseaux sociaux – « Elon Jet », « L’avion de Bernard », « I Fly Bernard », « Celebrity Jets »… –, qui retracent ces voyages. Rien qu’en mai, l’avion privé de Bernard Arnault aurait eu une empreinte carbone équivalente à celle d’un Français moyen sur dix-sept ans, a calculé l’un de ces internautes.
L’annonce du ministre vient donc à point nommé pour donner le ton de « justice climatique » au début du gouvernement. Car, jusque-là, la communication de l’exécutif avait plutôt ciblé le citoyen moyen. Comme son porte-parole, Olivier Véran, exhortant chacun, cet été, à « déconnecter le wifi »de « baisser la clim » ou » éteindre les lumières« .
Cette déclaration d’intention permet aussi à l’exécutif de couper l’herbe sous le pied de la gauche. La veille, c’est le secrétaire national d’EELV, Julien Bayou, qui s’est emparé du sujet. « Il est temps d’interdire les jets privés » il a suggéré dans une interview avec Sortie .Pour « clouer les jets au sol »le député de Paris compte sur le renfort de ses collègues du Nupes, voire du Modem, en vue d’un projet de loi à l’automne qui porterait aussi sur « méga-yachts et autres signes ostentatoires de pollution ».
Du côté de l’exécutif, il s’agit de mettre la question au menu du « plan sobriété » en préparation et de la prochaine réunion des ministres européens des transports. Les pistes à l’étude porteraient sur l’obligation pour les entreprises de rendre publique l’utilisation des jets, une réglementation calquée sur l’interdiction des vols en avion lorsqu’il existe une alternative en train en moins de deux heures et demie, ou leur intégration dans le taxe carbone prévue par le « paquet climat » européen. « ‘Réglementer’ implique tout et rien. L’intégration des émissions de CO et 2 en quotas carbone que des incitations dont l’inefficacité est constatée depuis cinq ans » , réagit Julien Bayou. » C’est une réflexion à ce stade », s’est empressé de temporiser l’entourage du ministre auprès de France Télévisions, soulignant que « L’aviation d’affaires est une activité économique importante en France » et cela’« il ne s’agit pas de l’interdire ».La partie est encore loin d’être gagnée…
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