Payer, travailler à la retraite ?

Vous qui comptez les sommeils avant de « couper » pour la dernière fois, avez-vous entendu les supplications des patrons pour que vous donniez un autre petit coup de roue ?
C’était dans Le Journal, hier. Le Conseil du patronat veut rendre plus attractive la perspective de travailler après 60 ans, voire jusqu’à 70 ans. Il existe déjà des entreprises prêtes à accueillir des travailleurs « expérimentés », mais là, nous chercherons à documenter et à promouvoir les meilleures pratiques en la matière auprès des employeurs.
Je suis pour ça. Seulement, il me semble que cela a pris du temps.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire, et pour accélérer les choses, voici ce qui pourrait constituer les piliers d’une stratégie : horaire réduit et flexible ; possibilité de travail saisonnier. Le problème est la mise en œuvre.
Bien sûr, les travailleurs veulent surtout sentir que ça vaut le coup : combien leur restera-t-il dans leurs poches ?
Sur ce point, les gouvernements ont été plus proactifs que les entreprises. Quelles sont ces avancées ? Ce qui reste à faire?
Deux mesures fiscales efficaces
La Chaire de recherche en fiscalité et finances publiques (CFFP) de l’Université de Sherbrooke a bien documenté ce dossier. Quelques mesures fiscales ont été mises en place au fil des ans pour inciter les gens à rester et à retourner au travail, mais deux sont particulièrement avantageuses pour plusieurs personnes dans la soixantaine.
Au Québec, c’est le crédit d’impôt pour prolongation de carrière. Introduit en 2012, il n’a cessé d’être amélioré et étendu depuis. Les dernières améliorations datent de 2019.
Pour les travailleurs âgés de 60 à 64 ans, le crédit maximal est de 1 500 $; il passe à 1 650 $ à partir de 65 ans. Il diminue graduellement une fois le seuil de revenu de travail de 36 950 $ atteint (en 2022), pour disparaître complètement lorsqu’il approche de 70 000 $. Compte tenu de la plage où il agit à son maximum, il est particulièrement efficace pour les travailleurs saisonniers ou à temps partiel.
L’autre mesure, fédérale, touche les bénéficiaires du Supplément de revenu garanti (SRG), donc les travailleurs potentiels de plus de 65 ans. Le problème avec le SRG, c’est qu’il est récupéré à environ 50 % pour chaque dollar de revenu supplémentaire. Par le passé, cette « taxe » implicite a eu pour effet de dissuader les prestataires d’améliorer leur sort par le travail à temps partiel.
Depuis 2020, une personne peut déclarer 5 000 $ de revenus de travail sans que son SRG ne soit réduit. Les revenus entre 5 000 $ et 10 000 $ sont à moitié exemptés du calcul, ce qui signifie que le taux de récupération du SRG n’est plus de 50 %, mais de 25 %.
D’autres mesures très attendues
D’autres mesures d’incitation au travail peuvent profiter aux travailleurs âgés, comme la prime au travail, l’allocation canadienne pour les travailleurs et le bouclier fiscal.
Ensemble, ils laissent plus d’argent que vous ne le pensez dans les poches des travailleurs âgés. Que manque-t-il pour leur donner envie de retarder encore plus la retraite ?
Les cotisations obligatoires au Régime de rentes du Québec à 65 ans devraient être facultatives.
Lors de la dernière campagne électorale fédérale, les libéraux ont inclus un crédit d’impôt pour prolongation de carrière semblable à celui du Québec. Reste à le matérialiser.
Tant à Québec qu’à Ottawa, ces crédits inciteraient davantage de retraités à rejoindre le marché du travail s’ils étaient remboursables. Celle du Québec est « non remboursable », il faut payer de l’impôt pour en bénéficier.
On pourrait également repousser à 75 ans l’âge limite pour convertir un REER en FERR (Fonds enregistré de revenu de retraite).
La CFFP propose également d’exclure les revenus de travail du calcul de la récupération de la pension de la Sécurité de la vieillesse. Un sujet à débattre !
CALCULER CE QUI RESTE DANS VOS POCHES
Vous vous demandez si cela vaut la peine de retourner au travail ? Le ministère des Finances du Québec a mis en ligne un outil permettant d’évaluer les revenus de travail conservés à la retraite. Il intègre tous les éléments évoqués ci-dessus.
L’outil est accessible à cette adresse, pour ajouter à vos favoris : https://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/outils/revenu-travail-retraite-detail-fr.asp
journaldemontreal-boras