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Politique

on vous explique pourquoi les députés Verts veulent autoriser l’huile de friture comme combustible


Une proposition inattendue pour faire face à la hausse des prix à la pompe. Le leader d’Europe Ecologie-Les Verts, Julien Bayou, a déposé un amendement au projet de loi sur le pouvoir d’achat, débattu à l’Assemblée nationale depuis lundi 18 juillet. Le texte des écologistes vise à autoriser le recours au« huile alimentaire usagée » comme carburant.

Les députés qui ont signé cet amendementrepéré par Le Parisien (abonnés article)croire que rouler dans l’huile de friture serait à la fois «soulager le porte-monnaie immédiatement » automobilistes et émettent moins de gaz à effet de serre qu’un moteur diesel classique. Franceinfo vous explique cette pratique, pour l’heure interdite en France, mais portée depuis des années par des associations.

Un carburant compatible avec certains moteurs diesel

Pas question de verser le contenu d’une friteuse directement dans une cuve. Pour être utilisées comme combustible, ces huiles alimentaires usagées doivent être « décanté et filtré » en amont, précise l’amendement déposé par les écologistes.

Selon ce texte, dix litres d’huile usée peuvent donner huit litres de carburant. Elles peuvent alors être utilisées en mélange jusqu’à 30 % avec un carburant classique, explique sur son site l’association Roule ma frite, spécialisée dans la collecte des huiles usagées et leur transformation en carburant. L’amendement suggère qu’il peut être possible de fonctionner entièrement avec de l’huile de cuisson usagée « sous réserve de certaines adaptations » sur le véhicule.

Cependant, tous les véhicules ne sont pas adaptés pour rouler avec de l’huile alimentaire usagée, même partiellement. Seuls les moteurs diesel de conception ancienne sont compatibles, et à condition qu’ils aient été équipés d’un modèle de pompe d’injection spécifique pour délivrer le carburant à la chambre de combustion, détaille l’association Roule ma frite.

Une pratique officiellement interdite, mais des expérimentations locales

En France, rouler avec de l’huile alimentaire est une pratique « interdit », rappelle l’amendement. Seuls les carburants homologués répertoriés dans le code des douanes sont autorisés. Rouler avec de l’huile alimentaire usagée constitue donc un délit douanier, puisqu’il n’est pas concerné par les taxes applicables aux carburants reconnus. Autrement, « les véhicules diesel sont assurés pour rouler uniquement au dieselmet en garde Roll my fry. Donc en cas d’accident grave, cela peut se retourner contre le conducteur du véhicule. »

Dans la pratique, cependant, certaines dérogations ont été accordées localement. Par exemple, l’agglomération de Béthune-Bruay (Pas-de-Calais) expérimente depuis l’automne un carburant composé à 100 % d’huiles alimentaires transformées pour faire fonctionner ses camions poubelles, rapporte France Bleu. Auparavant, il utilisait déjà, depuis 2019, un carburant composé de 30 % d’huile de friture traitée et de 70 % de gazole.

Sur l’île d’Oléron (Charente-Maritime), l’association Roule ma frite 17 collecte et filtre les huiles usagées des restaurants et cantines. Ces huiles ont notamment servi à alimenter le petit train touristique de l’île pendant deux ans. « En 2010 et 2011, nous avions obtenu des dérogations de la Direction Générale de l’Energie et du Climat et de la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects »raconte à franceinfo Grégory Gendre, fondateur de l’association Rouler mes frites 17.

Les partisans de l’amendement plaident donc pour une généralisation de cette pratique, dans un contexte où « L’Europe encourage l’utilisation de ce type de biocarburant ». En effet, le projet RecOil, soutenu par la Commission européenne, vise également à encourager la récupération et la transformation des huiles ménagères usagées.

Une huile moins polluante et plus économique que le diesel, selon les écologistes

Ce n’est pas seulement par amour des frites que le député Julien Bayou a proposé cet amendement. Les écologistes sont convaincus des bénéfices qu’apporterait le recyclage de l’huile de friture en carburant, tant pour le climat que pour le porte-monnaie des Français. « Ce carburant rejette jusqu’à 90% de gaz à effet de serre en moins qu’un diesel classique, émet beaucoup moins de particules fines »vanter les auteurs du texte.

Autre avantage selon le groupe écologiste : l’utilisation d’huiles usagées évite qu’elles ne finissent dans les eaux usées. Les huiles non recyclées risquent de boucher les canalisations et de perturber le retraitement dans les stations d’épuration, selon l’amendement déposé.

Enfin, l’huile usagée est aussi moins chère. Et les députés écologistes y voient un moyen d’agir sur le pouvoir d’achat des Français. Alors que le prix du carburant avoisine les 2 euros le litre, l’huile de friture est moins chère. Par exemple, dans le cadre de l’expérimentation menée sur les camions poubelles de Béthune-Bruay, le maire de la ville explique de France Bleu que cette solution coûte 1,30 euro le litre.

Mais une solution qui fait courir des risques au moteur et qui n’est pas disponible en grande quantité

Tout le monde n’est pas convaincu par les bienfaits de ces huiles. « Cela peut entraîner des problèmes mécaniques plus ou moins graves selon les véhicules (encrassement du moteur, des injecteurs et des catalyseurs) », Juge Emilie Repusseau, secrétaire générale adjointe de la Fédération nationale de l’automobile (FNA), avec TF1.

Plus généralement, l’association écologiste Canopée estime que la légalisation de ce carburant de récupération ne changera pas la problématique globale du pouvoir d’achat des Français. « Le recyclage des huiles usagées peut être intéressant localement dans un contexte d’économie circulaire, mais les volumes sont si faibles que le gain de pouvoir d’achat sera marginal »note Sylvain Angerandcoordinatrice des campagnes de l’association Canopée.

Quant à Roule ma frite, Grégory Gendre confirme que la réutilisation des huiles alimentaires en France ne suffit pas à couvrir à elle seule la consommation de carburant. Mais, selon lui, si l’huile usée est utilisée localement et « Fléché vers la mobilité sociale pour permettre aux personnes isolées de faire leurs courses ou d’aller chez le médecin, alors, le territoire qui a produit des déchets aura aussi produit une ressource qui répond à ses besoins. »



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