Margaritis Schinas : « Il faut des portes pour les migrants, sinon ils entreront par la fenêtre »

Notre invitée Margaritis Schinas, vice-présidente de la Commission européenne en charge de la migration et de la protection du mode de vie européen s’exprime une semaine avant un Conseil européen consacré à l’Ukraine et aux questions migratoires.
Face au récent naufrage de migrants sur les côtes italiennes et à la remise en cause du gouvernement de Georgia Meloni dans sa gestion de la crise migratoire, la vice-présidente Margaritis Schinas défend une approche globale. « Sur l’asile et la migration, nous ne pouvons pas travailler comme un pompier et courir d’une crise à l’autre. Nous devons construire un nouveau système complet pour la migration en Europe (…). C’est notre proposition pour un nouveau pacte migratoire ». Malgré les difficultés entre les États pour parvenir à un accord, il souligne les avancées. « La discussion est difficile car ce sujet est au cœur de la souveraineté nationale et les divisions sont fortes (…) mais 60 % de cet accord est déjà atteint. Nous travaillons pour parvenir à cet accord avant les élections européennes dans 18 mois. « .
C’est une priorité absolue selon la vice-présidente Margaritis Schinaset qui reste optimiste quant à l’issue de cet accord. Il détaille ce projet migratoire en trois étapes : la première étape concerne le partenariat avec les pays d’origine, la seconde la protection extérieure des frontières de l’Europe et la troisième, la solidarité entre les 27 États.
Concernant Frontex, il souligne la transition de l’agence européenne de protection des frontières. « Il est passé d’un secrétariat à Varsovie à une agence opérationnelle avec 10 000 gardes-côtes et gardes-frontières d’ici 2027. » Mais il réaffirme sa confiance à l’agence européenne qui vient de nommer un nouveau directeur exécutif. « Notre modèle de migration est toujours compatible avec les valeurs de l’UE ».
Dans cette maison européenne de la migration, ajoute-t-il, « il faut avoir une porte pour l’immigration légale, pour empêcher les migrants d’entrer par la fenêtre (…). Mais il faut construire la maison ».
Mais face aux demandes de certains Etats d’ériger des barrières, le Margaritis Schinas affirme que « les murs ne sont pas le modèle européen de gestion des migrations ».
Concernant l’Ukraine, il juge ce pays « engagé sans retour sur la voie de l’Union européenne », et l’accueil des quatre millions de réfugiés remarquable : si parmi les 1,5 million d’enfants réfugiés dans l’UE, la moitié ne sont pas scolarisés, « parfois ils suivent un cours numérique d’ukrainien, mais nous essayons de faire passer l’idée qu’il est préférable pour eux d’aller à l’école à la maison ». Enfin, le commissaire grec commente l’accident ferroviaire dans son pays : « une tragédie nationale et européenne, qui dénote des failles systémiques dans les investissements ferroviaires et la gestion du réseau ».
Enfin, concernant le Qatargate, le scandale qui a sali les institutions européennes, Margaritis Schinas prédit que « d’ici mai 2024, – les élections européennes -, le Parlement européen aura restauré la confiance des Européens dans la démocratie européenne ».
Il annonce que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, présentera dans les prochaines semaines une nouvelle structure éthique, externe et indépendante, qui aura pour mission de se prononcer sur l’ensemble des institutions.
Programme préparé par Isabelle Romero, Sophie Samaille et Perrine Desplats
France 24 Europe