L’exposition « Joan Miró, réalité absolue » au Musée Guggenheim de Bilbao tente de percer le mystère de l’artiste catalan

Quarante ans après sa mort, l’art de Joan Miró n’a rien perdu de son énigmatique séduction. L’œuvre de l’artiste catalan est toujours très admirée car son langage pictural a marqué l’histoire de l’art. Le Musée Guggenheim de Bilbao revient sur une période décisive de Joan Miró qui a commencé avec son premier voyage à Paris dans les années 1920. Il a alors 27 ans lorsqu’il abandonne le réalisme pour l’imaginaire. Joan Miró délaisse les portraits et les paysages pour développer son propre langage aux formes flottantes et énigmatiques. « Miro ne cherche pas à copier la réalité, il ne peint pas un vrai homme, femme ou oiseau mais plutôt l’idée d’une femme, homme, oiseau ou étoile. Je pense que c’est le summum de son langage. » explique le commissaire de l’exposition Enrique Juncosa.

L’exposition retrace la trajectoire d’un esprit brillant

C’est donc dans la Ville Lumière que seront tracées les frontières du nouvel univers de Miró entre 1920 et 1945. Lors de son séjour à Paris, le peintre rencontre les grands poètes de son temps comme Aragon ou André Breton qui font évoluer son art vers un monde onirique. La sauterelle qu’il peint en 1925 sera parmi les premières toiles qui marqueront un tournant dans sa production. Le mysticisme, les visions, les rêves fascinent Miró qui s’intéresse également à la spiritualité. «Ici, tous les tableaux ont le mot nuit dans leur titre mais ils sont blancs, ce qui semble contradictoire. Je crois qu’il fait référence à la lumière nocturne, une autre sorte de lumière, une lumière spirituelle », poursuit le commissaire de l’exposition. Les mondes intérieur et extérieur ne forment plus qu’une seule réalité absolue. L’exposition Joan Miróréalité absolue explore donc la période clé de sa carrière marquée par un bouillonnement constant d’idées, allant du réalisme magique initial à un vocabulaire personnel de constellation ou de signes flottants, sur un fond ambigu.

Dans les années 1940, l’envoûtant Constellations de ses cieux étoilés illustrent l’apogée de sa carrière. Ces œuvres marquent un tournant dans la manière dont Miró maîtrise son écriture avec le sentiment d’avoir atteint un très haut niveau de poésie. C’est après sa période parisienne, vers 1947, que Joan Miró commence à se faire connaître dans le monde des arts.

« Joan Miró. Réalité absolue. Paris, 1920-1945 » au Musée Guggenheim, Bilbao jusqu’au 28 mai 2023