Les travailleurs en itinérance craignent le pire cet hiver à Edmonton

Cinq cents colis de ravitaillement seront distribués cette nuit-là par le groupe de bénévoles Guerriers de l’eau. Un baume temporaire face à la gravité de la situation pour les personnes en situation d’itinérance dans la capitale albertaine, dit Rébecca Reidl’un des co-fondateurs de l’organisation. C’est le pire que j’ai vu
elle dit.
Elle est particulièrement préoccupée par le manque d’espace dans les refuges avec l’arrivée des mois d’hiver plus froids. Si décembre est gérable en raison de vacances caritatives, janvier et février lui font craindre le pire. Nous sommes dans une situation où les personnes en situation d’itinérance n’ont pas assez de lits dans les refuges
ajoute celui qui aide cette population depuis 20 ans.
On a vu des blessures terribles l’année dernière liées aux engelures : membres noircis, os saillants… c’est horrible
raconter Rébecca Reid. « Sans abri adéquat […], de nombreuses personnes perdront des doigts, des orteils ou des membres. »
209 lits temporaires supplémentaires
Le maire d’Edmonton, Amarjeet Sohi, a présenté mercredi une motion visant à financer 209 places supplémentaires dans un refuge temporaire de la capitale de l’ouest de l’Alberta. J’ai été avisé ce matin par le personnel municipal qu’une quatrième personne est décédée ce matin
annonça-t-il avec émotion.
Le conseil municipal a adopté à l’unanimité cette mesure de 7,5 millions de dollars. Ces places seront disponibles dans les prochaines semaines. Le maire reconnaît néanmoins les limites de cette initiative. C’est une intervention de courte durée qui sera suffisante pour l’hiver.
Le gouvernement provincial a annoncé début octobre la création de 450 lits supplémentaires dans des refuges temporaires à Edmonton pour les deux prochains hivers, portant le nombre total de lits disponibles à 1 281 dans la capitale cette saison.
C’est fantastique ce qu’ils font, mais ce n’est pas suffisant pour ce qui se passe dans la ville
cependant, a déclaré le porte-parole de la Coalition d’Edmonton pour le logement et l’itinérance, Jim Gurnett. Il n’y aura pas assez de places d’hébergement pour environ la moitié des personnes sans abri
fait-il remarquer.
Jim Gurnett fonde ses observations sur les données recueillies par Confiance pour le retour. Selon les informations compilées par l’organisation pour les sans-abri, 2 750 personnes sont actuellement sans abri à Edmonton. Selon les données deConfiance pour le retour, près de la moitié de la population itinérante d’Edmonton, soit 1 408 personnes, ont un logement temporaire. De l’autre moitié, 433 vivent dans des refuges et 821 d’entre eux sont sans abri.
» Je n’ai jamais vu l’itinérance si mal en 25 ans. […] Il y a plus de sans-abrisme, il y a plus de personnes qui subissent des préjudices et il y a beaucoup plus de personnes à risque de devenir sans abri, bien plus que nous n’en avons jamais vu dans cette ville. »
La population de sans-abri n’a pas été aussi élevée à Edmonton depuis 2008, lorsqu’elle a culminé à 3 079 personnes, selon les données de Confiance pour le retour.
Un problème aux multiples facettes
Tim Pasma, directeur des services aux sans-abrisme à Mission Espoirun organisme de bienfaisance d’Edmonton, attribue cette augmentation de l’itinérance en partie à la pandémie pour de nombreuses raisons.
Certains sont économiques, d’autres sont liés à la santé mentale ou à la toxicomanie
il explique.
» Il y a aussi d’autres raisons : il y a une crise des opioïdes et [une crise] logement. Il y a tellement de choses qui contribuent à l’augmentation de l’itinérance à Edmonton. »
C’est un problème aux multiples facettes […] et nous devons pouvoir agir rapidement
, il insiste. Par exemple, selon lui, les organismes doivent pouvoir orienter rapidement une personne itinérante vers un logement social ou abordable pour l’aider, ce qui est parfois compliqué avec une bureaucratie qui n’est pas adaptée à sa réalité.
Cela peut prendre des jours pour rediriger quelqu’un demandant de l’aide [mais] d’ici là, cette personne peut être partie
il dit. Si elle n’obtient pas d’aide rapidement, elle peut s’enraciner dans l’itinérance et c’est [qu’une situation] ce qui aurait pu être épisodique devient potentiellement chronique.
Il est alors plus difficile de résoudre ce problème
conclut-il.
Il est cependant rassurant. Certes, le nombre de sans-abri a bondi, mais les organismes de première ligne, comme le sien, sont là pour aider les gens. « À nous seuls, nous avons 1 000 places pour l’hiver. Certains sont encore en préparation, mais nous avons environ 920 places pour passer la nuit maintenant », a-t-il déclaré.
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