Les gardiens de prison mettent en garde contre les violences entre détenus
Un couteau en céramique. C’est avec cette arme qu’un détenu en a tué un autre, mercredi 2 août, au centre pénitentiaire d’Avignon-Le Pontet. La victime, âgée de 22 ans, a été poignardée dans la cour. Vendredi, le parquet d’Avignon a annoncé la mise en examen pour » homicide involontaire » d’un homme de 19 ans, et pour « complicité » d’un deuxième individu. « En fait, les médias ne parlent de violences entre détenus que lorsqu’il y a un mort, comme pour Yvan Colonna (1). Mais c’est un problème qui se pose presque quotidiennement dans de nombreuses prisons », précise Jessy Zagari, délégué régional FO justice Paca-Corse.
Entre 2015 et 2021, seize homicides en garde à vue ont été enregistrés par l’administration pénitentiaire qui, en 2018, avait dénombré 8 883 actes de violence entre détenus. Mais l’opinion générale est que de nombreux faits n’apparaissent pas dans les statistiques, les victimes n’osant pas toujours les dénoncer. « Parfois tout dégénère pour une remarque, un regard, une histoire de cigarette. Ce qui est compliqué, c’est que de nombreux détenus fabriquent des armes artisanales qui peuvent causer des blessures graves.indique Jean-Jacques Racamy secrétaire général Ufap-Unsa justice en Guadeloupe. Je me souviens de deux détenus qui parlaient tranquillement. Moins d’une demi-heure plus tard, l’un poignarde l’autre dans la carotide. »
Dans certains cas, la violence est liée au trafic de drogue ou au racket. « Certains détenus utilisent la force pour montrer qui est le ‘taulier’. Il y a aussi des rivalités dans la prison qui existent à l’extérieur, par exemple entre des gens de quartiers différents. On en tient forcément compte quand on choisit de mettre tel détenu dans telle cellule », souligne William Cozic, délégué FO pénitentiaire à Nantes.
Les gardiens savent que certains lieux sont à risque : les cellules, la cour d’exercice, les lieux de sport ou encore les douches collectives. « Il est impossible de sortir se promener sans se faire frapper ou extorquer par des gangs des quartiers, sans qu’aucun surveillant n’intervienne », expliquait un détenu dans un témoignage transmis en 2019 au contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL). « A la prison de Baie-Mahault, l’installation de douches dans les cellules a légèrement réduit le nombre d’agressions ou de viols, qui se produisaient régulièrement dans des espaces où les détenus se douchaient à six ou huit en même temps », dit Jean-Jacques Racamy.
Les conditions carcérales jouent également un rôle dans la montée de l’agressivité, notamment le problème de la surpopulation carcérale. « La tension peut monter très vite avec trois personnes dans la même cellule », explique William Cozic. « Le fait que de nombreux détenus ne travaillent pas et restent oisifs toute la journée n’est pas propice à la sérénité », ajoute Jean-Jacques Racamy. Dans un rapport publié en 2019, le CGLPL soulignait que beaucoup de violence est « directement lié aux effets du confinement » et la promiscuité qui « rassemble des gens qui n’ont pas choisi d’être ensemble » dans le même espace clos.
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