Les annonces d’Elisabeth Borne jugées « largement insuffisantes »

Après huit mois de reports successifs, le gouvernement a dévoilé lundi sa nouvelle stratégie de lutte contre la pauvreté, un plan particulièrement attendu dans un contexte de forte inflation.
Le plan de lutte contre la pauvreté du gouvernement, intitulé «Pacte de solidarité», a été présenté ce lundi à Matignon. Initialement prévu pour le mois de janvier, avant d’être reporté à deux reprises, il est destiné à faire suite à la Stratégie contre la pauvreté lancée en 2018. Décrit comme «ambitieux» d’Élisabeth Borne, ce plan «marque une augmentation de 50% des crédits dédiés à la lutte contre la pauvreté par rapport à la stratégie précédente« . Et pour l’élaborer, le Premier ministre explique avoir «examiné les points forts et les points faibles» du modèle social français. Modèle qui fait partie, selon elle, «des plus puissants» Et «le plus redistributif» au monde, mais qui présente encore quelques «faiblesses« .
Quatre grandes priorités
Le chef du gouvernement a en effet rappelé que de nombreux concitoyens « nepas suffisamment percevoir les effets» de ce modèle, qui autrement peine »lutter contre la reproduction sociale« . «Aujourd’hui encore, un enfant né dans une famille appartenant aux 20 % des revenus les plus faibles a une probabilité sur trois d’y rester à l’âge adulte.», a souligné le locataire de Matignon, avant d’évoquer les quatre grandes priorités de ce nouveau plan : à savoir le soutien aux enfants qui vivent dans la pauvreté, le retour à l’emploi de ceux qui en sont loin, le renforcement de la lutte contre l’extrême pauvreté et la poursuite de la transition écologique et solidaire.
«Notre modèle doit permettre la promotion sociale« , «c’est par le travail qu’on peut s’en sortir», a lancé Élisabeth Borne, avant d’énumérer les principales mesures de ce plan «qui s’articule autour de deux objectifs» qui sont de «corriger les inégalités structurelles» Et «répondre à l’urgence de la situation sociale actuelle« . Parmi eux, elle a cité le retour à l’emploi de ceux qui en sont les plus éloignés, avec la réforme France Travail qui remplacera Pôle Emploi ou encore l’engagement des jeunes, qui permet leur accompagnement vers le monde professionnel. Elle a également parlé d’améliorer l’égalité. entre les femmes et les hommes et la lutte contre toutes les discriminations au travail.
« Corriger les inégalités structurelles »
Concernant les travailleurs pauvres, le Premier ministre l’a décrit comme suit : «inacceptable» les bas salaires des professions dites essentielles et fustige le travail à temps partiel subi. Autant de sujets qui seront débattus lors de la conférence sociale qui se réunira en octobre à la demande du président de la République. Même constat pour les retraités modestes, dont les petites pensions »sera réévalué» à partir de septembre. Au total, «1,7 million de retraités sont concernés, pour un gain moyen de 600 euros par an“, s’est-elle félicitée.
De plus, elle a statué «impératif» proposer un accompagnement adapté au changement climatique »aux plus démunis» mais aussi «pour améliorer la qualité» services publics, «leviers essentiels de l’égalité des chances« . Pour ce faire, elle a expliqué qu’elle travaillait sur le développement des services publics à la petite enfance mais aussi sur une couverture à 100% des frais de santé »,notamment en termes de prévention« . Enfin, en matière d’éducation, le Premier ministre a affirmé poursuivre sa politique en faveur de l’égalité des chances, «avec le doublement des classes de grande section, CP et CE1 dans les zones REP et REP+« , «avec l’appareil pour les devoirs faits» Et «la réforme du lycée professionnel« .
Et parce que les plus pauvres »sont les premiers à souffrir de l’insécurité, des trafics et des conséquences de la délinquance sur les quartiers», a promis le chef du gouvernement «moyens historiques» donnée au ministère de l’Intérieur avec, en plus des 10 000 postes de policiers et gendarmes déjà créés lors du quinquennat précédent, la création de 8 500 postes supplémentaires »d’ici 2027« .
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Lutte contre l’inflation
Face à l’inflation, Élisabeth Borne appelait alors à «des réponses concrètes»aux problèmes du quotidien, «la nourriture avant tout« . Avant de citer «la revalorisation des prestations sociales« , «le trimestre anti-inflation lancé en mars et reconduit jusqu’à la fin de l’année sur les produits du quotidien» ou «la mesure annoncée hier pour baisser le prix du carburant« . A savoir la possibilité donnée aux distributeurs de carburant de vendre à perte, à partir du mois de décembre et pour une durée de six mois.
Elle a également affirmé avoir interrogé de grandes marques de distribution et des fabricants «d’accélérer leurs négociations pour que les prix baissent plus vite dans les rayons« . A ce sujet, un projet de loi sera présenté par Bruno Le Maire pour avancer l’échéance de ces négociations. En précisant par ailleurs «bien conscient des difficultés que traversent certaines associations» qui offrent une aide alimentaire aux plus démunis, le Premier ministre a rappelé le doublement du budget alloué par l’État en 2023 par rapport à 2021, et a annoncé «aide exceptionnelle» intégré au projet de loi de finances pour 2024. Par ailleurs, «80 millions d’euros de crédits européens supplémentaires étalés sur quatre ans» sera débloqué dans cet esprit.
« Tout étudiant qui en ressent le besoin doit être accompagné »
Pour les étudiants, le montant des bourses »a été considérablement amélioré» à la rentrée, alors que «le nombre de bénéficiaires a été augmenté» et que le système d’attribution sera remanié «être plus juste», a poursuivi le chef du gouvernement. Parallèlement, le système de repas à un euro du Crous – qui «démontré son utilité et son importance» – sera maintenu «pour l’année à venir« . «J’ai également demandé que tous les élèves qui rencontrent des difficultés puissent bénéficier de ces repas. Tout élève qui en ressent le besoin doit être soutenu. j’y veillerai», a-t-elle insisté, tandis que, côté logement, 12 000 places d’hébergement Crous seront «rénové d’ici 2027 et 30 000 supplémentaires seront créés avant la fin du quinquennat« .
Les 203 000 places d’hébergement d’urgence maintenues
Assurant »entendre l’inquiétude» associations concernant l’hébergement des personnes en situation précaire, le Premier ministre a expliqué que les 203 000 places d’hébergement d’urgence créées en 2023 «sera maintenu en 2024« . Et parce que «la précarité énergétique progresse et empêche trop de familles de vivre correctement», le locataire de Matignon a expliqué que «Mon bonus rénovation» – qui a déjà été distribué à 1,5 million de ménages à faibles revenus – allait être renforcé. Les crédits qui lui sont alloués seront ainsi doublés »,pour toucher plus de foyers« tout en »réduire la responsabilité restante« .
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Des publicités qui peinent à convaincre
Cette méthode globale «vise à améliorer concrètement la vie de nos concitoyens» a-t-elle finalement conclu, affirmant que ces «les changements structurels produiront des effets durables« . Les mesures seront «dans la bonne direction» mais sont jugés »largement insuffisant» par des associations de lutte contre la précarité, qui réclament notamment une augmentation des minima sociaux, une augmentation des aides au logement (APL) et la régularisation des travailleurs sans papiers dans les secteurs en tension. En amont de cette rencontre, le Collectif Alerte – qui regroupe 34 associations de lutte contre la pauvreté, la Fédération des Acteurs Solidaires (FAS) et la Fondation Abbé Pierre – avait souligné le «opportunité» que représentait ce plan «pour que le gouvernement réponde à la crise sociale», tout en craignant son manque d’ambition.
Des mesures qui n’ont jamais vu le jour
Sans compter que certaines mesures annoncées dans le premier plan pauvreté n’ont finalement jamais été suivies d’effet. Il envisageait par exemple de proposer un «prime à la diversité» pour les crèches accueillant des enfants plus défavorisés dans les quartiers défavorisés, pour mettre en place des petits déjeuners gratuits dans les écoles des zones prioritaires ou encore pour créer un «revenu universel d’activité», qui n’a jamais vu le jour. Aujourd’hui en France, la pauvreté touche quelque 9,2 millions de personnes. Soit près de 15 % de la population selon l’Insee, qui définit le seuil de pauvreté monétaire comme un niveau de vie inférieur à 60 % du niveau de vie médian de la population française. Plus d’une personne sur dix fait également des économies en matière de chauffage, d’alimentation, de produits et services divers, selon le taux de consommation.dénuement matériel et social» calculé par l’Institut National de la Statistique. Dans ce contexte, marqué également par une forte inflation, les demandes affluent de la part des distributeurs d’aide alimentaire, conduisant certaines associations au bord de la faillite, comme les Restos du Cœur qui ont poussé un cri d’alarme début septembre.
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