Léonard de Vinci a compris la gravité avant tout le monde

Léonard de Vinci : quel génie ! L’analyse de ses notes montre que, 100 ans avant Galilée, 200 ans avant Isaac Newton, il avait commencé à saisir le lien entre accélération et gravité, base de toute la physique moderne.
Hervé Poirier, rédacteur en chef de la revue scientifique Epsiloon évoque aujourd’hui les recherches pionnières en sciences fondamentales de Léonard de Vinci (1452-1519).
franceinfo : Continue-t-on à découvrir à quel point Léonard de Vinci était un pur génie scientifique ?
Hervé Poirier : Je ne vais pas vous parler d’engins volants, mais de sciences fondamentales. Car on vient de se rendre compte que Léonard de Vinci a été le premier à saisir l’idée à la base de toute la physique moderne.
Ce sont des professeurs de Caltech, une université américaine, qui ont découvert sa brillante intuition : dans le Codex Arundel, écrit vers 1500, ils ont remarqué une série de petits croquis, montrant une sorte de jarre, qui déverse des sortes de grains de sable, avec des triangles dessinés autour. Et c’est la phrase manuscrite « Équation de Moti », sur l’un des triangles, ce qui les a prévenus.
« Équation de Moti » ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
Cela se traduit par « l’équivalence des mouvements ». L’expérience consiste en fait à déplacer une jarre horizontalement, et à observer la trajectoire du sable qui s’en déverse. Léonard a réussi à accélérer la jarre, aussi vite que le sable tombe. Et il a constaté que les grains forment alors une ligne droite inclinée à 45°.
L’équivalence en question est celle entre l’accélération horizontale de la jarre et la chute verticale du sable par gravité – avec la ligne à 45°, ça fait un triangle. Léonard identifie donc ici, accélération et gravité. Et c’est une pensée visionnaire, voire révolutionnaire. Il faudra attendre plus de 400 ans pour que Galilée, Newton, puis Einstein, suivent cette pensée.
Léonard de Vinci serait donc ici le précurseur d’Einstein ?
Oui ! La plus grande idée d’Einstein, « la plus heureuse de sa vie », comme il dira, c’est cette équivalence entre la pesanteur et l’accélération. Einstein a construit sa théorie de la relativité générale sur cette intuition. Imaginez que vous montez dans un ascenseur : vous vous sentez lourd quand il commence à accélérer, et léger quand il décélère.
L’accélération est comme la gravité; la gravité est comme l’accélération. En allant au bout de cette équivalence, ce sont les équations relativistes très complexes qui arrivent, qui décrivent parfaitement la chute des pommes, la race des planètes ou l’origine du cosmos.
« Équation de Moti » : Les mathématiques de Léonard restaient approximatives, mais la pensée la plus importante de toute l’histoire de la physique était déjà là, en 1500, dans ce codex. Quel génie !
Grb2