Le village Made in Marseille pour les start-ups pilote « l’éducation du futur »
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Dans la banlieue nord de Marseille, le village de l’innovation Épopée rassemble des start-up sociales et éducatives. C’est une sorte de campus qui a été installé dans un ancien bâtiment d’usine qui abritait autrefois le Ricard, le célèbre apéritif français au pastis.
Le ton est donné dès l’entrée principale de l’Epopée. La projection d’un « film de team building » de 10 minutes est destinée à motiver et inspirer les nouveaux arrivants.
Dédié à l’innovation pédagogique et inclusive dans les « Quartiers Nord » de la ville, l’Epopée – un espace de 19 000 m2 – a ouvert ses portes en 2021.
Le co-fondateur Naïm Zriouel a déclaré à RFI : « L’Epopée est un laboratoire fait pour penser l’éducation de demain […] aidé avec des scientifiques, des universités (Stanford, CNRS) pour mesurer l’impact de notre innovation.
« Nous aimerions influencer les politiques publiques et les décisions à long terme concernant l’éducation et l’égalité. »
A l’intérieur se trouve un bar construit en 1890 où l’acteur français Fernandel avait l’habitude de prendre son café. Les seniors du Cercle des Boulistes – groupe de pétanque du quartier Saint Marthe à Marseille – viennent chaque jour jouer aux cartes et rencontrer de jeunes entrepreneurs.
Les gens peuvent aller et venir à toute heure, déjeuner sous les platanes et profiter d’un apéritif après le mot.
Une cinquantaine de start-up, d’ONG et d’incubateurs sociaux, pour la plupart de Marseille et sa région, ont emménagé dans les locaux. Leur investissement s’élève à quelque 15 millions d’euros.
Parmi les entreprises hébergées par l’Epopée figure Formatech, spécialisée dans la réparation de smartphones et de tablettes.
Karim Hamyani, son directeur, travaille dans le secteur de l’électronique depuis 2002.
« J’ai ouvert ma première boutique en 2010. En 2012 j’ai suivi ma première formation en micro-soudure à Shenzen en Chine. J’ai aussi fait une formation chaque année pour faire cette veille technologique […] chez Apple aux États-Unis, ainsi qu’en Turquie, au Maroc et en Thaïlande. »
Un nouveau programme de formation qui sera créé en septembre devrait permettre à 80 % des stagiaires de trouver un emploi.
« Sur le plan écologique, on réduit les déchets électroniques en réparant tous ces appareils qui étaient destinés à la décharge, et cela aide les personnes les plus démunies car les tarifs sont évidemment meilleurs », explique Hamayani.
« C’est une fenêtre d’opportunité de pouvoir déployer tous ces centres de formation sur le territoire national. »
Autre projet à l’ordre du jour de l’Epopée, la création d’un label musical, ou plus précisément « d’un studio-école dédié au son », explique Deeci, responsable audiovisuel à l’Epopée et producteur musical depuis 14 ans.
« L’idée n’est pas simplement de révéler des stars, mais aussi de leur permettre de se former à des métiers auxquels elles n’auraient pas pensé : beatmakers et ingénieurs du son vidéo, etc. »
Le plus important, ajoute-t-il, est de s’adapter à « l’ADN de L’Epopée ».
« Peu importe d’où vous venez, que vous ayez déjà été formé ou que vous soyez autodidacte ou diplômé… tant que nous pouvons construire un écosystème de personnes compétentes qui ont des qualifications qui peuvent s’assembler « , explique Deeci.
C’est ce que confirme Kalène, stagiaire chez Deeci : « J’ai déjà un profil assez autodidacte et autonome. Je pense que c’est ce qu’il faut avoir ici pour pouvoir avancer. »
Kalène étudie à l’Ecole de la 2è chance, structure qui accueille des jeunes de 16 à 25 ans sans emploi ni qualification. Il apprend l’audiovisuel, la photographie, la vidéo et le montage.
« Il y a beaucoup de projets différents à chaque instant de la journée, donc on ne s’ennuie jamais et on peut se développer pleinement. »
L’Epopée est l’un des quatre « carrefours de l’entreprenariat » soutenus par l’État qui s’inscrivent dans le cadre du plan « Marseille en Grand » lancé par le président français Emmanuel Macron en septembre 2021.
En mai, « Le Spot » s’est ouvert aux jeunes de 18 à 30 ans pour les aider à monter et créer leur propre entreprise.
« Le message que nous portons est très important. Nous voulons changer la vision que les gens ont des jeunes des Quartiers Nord », déclare Zriouel.
« A Marseille, on a beaucoup de talent. Ce que je vois au quotidien, ce sont des jeunes qui veulent exister, ils ne veulent rien casser. »
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