le seuil de 2% est franchi

En janvier 2022, le taux d’emprunt, pour pouvoir réaliser ses rêves de futur propriétaire, était à 1,12%, en mai 1,7%. Il était encore de 1,88 en septembre dernier. L’observatoire du crédit logement vient de publier le chiffre de 2,05% en moyenne, pour les crédits contractés en octobre.
franceinfo : Les taux de crédit proposés par les banques viennent de franchir un seuil symbolique : celui de 2 % ?
Raphaël Ebenstein : 2,05% en moyenne, très précisément, selon l’observatoire CSA du crédit logement, pour les prêts contractés en octobre, contre 1,88% en septembre. Dans le détail, seul le taux moyen des prêts sur 15 ans reste inférieur à 2 %. Mais c’est au-dessus pour les prêts à 20 ou 25 ans.
Selon le courtier en ligne VousFinancer, certaines banques proposent même désormais des prêts à près de 3% sur les durées les plus longues. Une répercussion en fait de leurs propres difficultés à se refinancer auprès de la Banque centrale européenne qui elle-même continue d’augmenter ses taux, encore 0,75 point la semaine dernière, face à la flambée de l’inflation.
Même si la Banque de France avait quand même donné une petite boule d’oxygène aux banques, en augmentant en octobre ce qu’on appelle le taux d’usure, c’est-à-dire le taux maximum auquel elles peuvent prêter de l’argent. de l’argent à leurs clients.
Concrètement, quelles sont les principales conséquences pour les ménages ?
Logiquement, ils doivent emprunter longtemps pour acheter le même appartement ou la même maison dont le prix n’a pas bougé. La durée moyenne des prêts a ainsi dépassé 244 mois en octobre, soit un peu plus de 20 ans. Un niveau record, jamais atteint par le passé. Pour mémoire, par exemple, nous n’étions qu’à 200 mois en 2014, voire 225 mois début 2021. Autre conséquence, là encore sans surprise : la capacité d’emprunt des ménages diminue.
Selon les calculs de VousFinancer, un ménage qui ne peut pas dépasser 1000 euros de mensualité à rembourser tous les mois, ne pourra pas acquérir un bien d’une valeur supérieure à 230.000 euros, là où il pourrait viser un appartement ou une maison vendu 259 000 euros, il y a à peine 1 an.
Cette hausse des taux d’emprunt pourrait-elle aussi avoir d’autres conséquences, notamment sur les prix de l’immobilier ?
C’est toute la question ! On n’observe pas de tendance uniforme pour le moment, mais le prix du m2 commence à baisser dans certaines grandes villes, dont Paris, – 0,5 % sur 1 mois, selon le site immobilier MeilleursAgents. – 0,8 % même à Bordeaux ou Strasbourg, – 0,7 % à Toulouse, – 0,6 % à Rennes.
Mais ils continuent tout de même d’augmenter à Lille, Marseille, Montpellier ou Nice. Les spécialistes de l’immobilier n’anticipent en aucun cas un futur effondrement des prix, car la pierre apparaît toujours comme une valeur refuge en période de forte inflation, même si les taux de crédit sont de moins en moins favorables.
francetvinfo