Le sapin de Zaporijia et les larmes du Pape François

La scène se déroule il y a deux semaines au Vatican. Ce jour-là, l’évêque auxiliaire de Kharkiv-Zaporijjia, Mgr. Jan Sobiło, a rendez-vous avec le Pape. Avec quelques autres évêques ukrainiens, il vient dire à François combien son peuple souffre, mais aussi entendre les encouragements du pape. L’homme en blanc suit quotidiennement les nouvelles du conflit, et ceux qui l’entourent ne cessent de dire que son inquiétude persiste.

Venant d’une des régions ukrainiennes les plus touchées par la guerre, et en attendant cette audience avec le pape, l’évêque ce jour-là jette les yeux sur la place Saint-Pierre, il aperçoit le sapin de Noël, à peine arrivé par camion de la région italienne des Abruzzes , et qui est installé devant la basilique. « Je me demandais s’ils pouvaient aussi en mettre un à Zaporijia », dit aujourd’hui cet évêque polonais, nommé en 2010 dans cette région du sud-est de l’Ukraine.  » Nonil continue. Probablement pas. Mais nous attendrons encore la venue de Jésus, né dans une grotte obscure. Nous l’attendrons malgré le froid et l’obscurité. »

Est-ce à lui que pensait le Pape François, lorsqu’il s’est présenté, jeudi 8 décembre, jour de l’Immaculée Conception, devant la statue de la Vierge Marie, sur la Place d’Espagne à Rome ? Quand sa voix s’est brisée en invoquant le sort de l’Ukraine martyre et de cette paix qui semble aujourd’hui de plus en plus lointaine ? Ces images d’un pape appuyé sur sa canne, brisé par l’émotion et les larmes, ont fait le tour du monde. Peut-être pensait-il justement, en ce moment, aux enfants de Zaporijjia, à ces familles séparées ou à ces sapins qui ne pourront jamais être installés, cette année, dans de nombreuses villes ukrainiennes.