L’avenir incertain des microdistilleries québécoises

Mais cette évolution extraordinaire a un effet pervers : ils doivent se battre pour vendre leurs produits et dénoncer le poids des taxes qu’ils doivent reverser au gouvernement.
L’alcool est un secteur très, très concurrentiel
dit le président de l’Union québécoise des microdistilleries (UQMD), Joël Pelletier.
La concurrence est très féroce
ajoute le directeur de l’approvisionnement et des produits Origine Québec, Simon Bourbeau, à la SAQ . Évidemment, certains souffrent en termes de distribution et de ventes.
Outre les gins et les vodkas, les microdistilleries développent de nombreux produits. La SAQ
confirme la commercialisation régulière d’environ 650 produits québécois.Un problème d’espace
Tous ces produits ne trouvent pas facilement leur place en succursale. Pour les spiritueux importés, le SAQ
s’assure d’avoir une offre diversifiée dans les rayons qui répond à la demande.Pour les spiritueux du Québec, le SAQ
a décidé, dans un effort de promotion des produits locaux, d’ouvrir les vannes. Chacun a sa place dans les rayons.Nous n’avons pas d’étagères élastiques
explique Simon Bourbeau du SAQ . Tant à l’international qu’au Québec, il n’y a aucun produit disponible dans l’ensemble de nos 400 succursales. Notre défi est d’avoir les bons produits au bon endroit pour le bon client.
. Cependant, tous les produits sont offerts en ligne.
Les producteurs doivent donc se démener pour obtenir l’espace nécessaire à leurs nombreux produits. Victoria Slodki, directrice marketing de Cirka Distillerie, déclare : C’est très, très difficile. Il n’y a pas de place, et pas seulement pour nous, mais pour toutes les distilleries.
En collaboration avec leUQMDC’est donc le client qui sera au cœur de ces décisions.
Des impôts trop élevés ?
L’UQMD
dénonce également le poids des taxes imposées sur leurs produits.En 2021-2022, le SAQ
retourné 1,35 milliard de dollars au Trésor du Québec, une augmentation de 10,7 % par rapport à l’année précédente.Au Québec, toutes les taxes représentent environ la moitié du prix d’une bouteille. En plus de TPS
et certaines TVQ , ces entreprises doivent remettre une taxe spécifique du gouvernement du Québec et des droits d’accise du gouvernement fédéral. Enfin, il y a l’augmentation du SAQ qui comprend ses dépenses de fonctionnement et les dividendes qu’elle verse au gouvernement du Québec.Ce que les microdistilleries ne supportent pas, c’est de devoir payer les frais de fonctionnement des SAQ
même lorsqu’ils vendent leurs produits sur place.Depuis 2018, les distilleries ont le droit de vendre leurs produits sur le lieu de fabrication. Un avantage, mais qui représente des coûts : manutention, main d’oeuvre, entretien du magasin, etc.
Cependant, les microdistilleries, même lorsqu’elles vendent sur place, doivent retourner au SAQ
un montant estimé à 6,52 $ la bouteille qui correspond aux frais d’exploitation de l’entreprise, laquelle n’a évidemment encouru aucun frais puisque le produit était vendu sur place.» Au Québec, est-ce qu’un maraîcher qui vend des carottes sur place, IGA ou Métro puise dans ses poches parce qu’il vend ses carottes sur place? C’est totalement absurde ! »
La SAQ
déclare qu’elle ne perçoit plus ce montant. En fait, il remet cet argent au gouvernement du Québec.Pour les ventes sur place, les microdistilleries bénéficient d’un supplément de 2 $ par bouteille. Ce qui n’est pas suffisant, selon leUQMDIl couvre à peine les frais de terminal et les frais de crédit
observe Joël Pelletier.
L’UQMD
a mené une enquête auprès de ses membres plus tôt cette année. Les trois quarts d’entre eux constatent une stagnation ou une baisse de leur marge bénéficiaire par rapport aux années précédentes.De son côté, le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) prétend aider l’industrie. L’enveloppe de soutien au secteur des boissons alcooliques a doublé en 2022-2023 pour atteindre 10 millions de dollars.
Mais les microdistilleries déplorent le manque de soutien du ministère des Finances, en vertu duquel le SAQD’un côté, il y a une partie du gouvernement qui met de l’essence sur le feu. De l’autre côté, il y a le Ministère des Finances qui vient mettre une couverture pour s’assurer que toute l’industrie est bien étouffée
dit Joël Pelletier.
Supprimer la majoration ?
Au Nouveau-Brunswick, depuis la pandémie, le gouvernement a aboli la majoration exigée pour les spiritueux locaux vendus sur le lieu de fabrication.
Au Québec, le gouvernement dit qu’il ne peut pas faire la même chose à cause des accords commerciaux internationaux.
L’UQMDMalgré ce que le SAQ et que le gouvernement étale depuis des années, je pense qu’ils n’ont pas bien fait leurs devoirs. Nous avons fait nos devoirs.
Joël Pelletier considère, à l’appui d’un avis juridique, que la demande de laUQMD
réduire la marge ne contrevient pas aux accords commerciaux internationaux.L’épicerie demandé des entretiens aux deux ministères concernés (MEIE, Finances), qui nous ont été refusés.
Pas de baisse de prix en vue
Et si les microdistilleries voyaient leur pression fiscale allégée, serait-ce en faveur du consommateur ?
Nous ne pouvions pas commencer à vendre des produits moins chers qu’en SAQ
observe Joël Pelletier. Nous avons maintenant des discussions presque mensuelles avec le ministère des Finances, avec le ministère de l’Économie et de l’Innovation, avec le SAQ aussi. Les liens sont là. Si les choses n’ont pas changé dans les microdistilleries, c’est vraiment pour des raisons d’argent et de commerce international. Maintenant que nous avons résolu ces problèmes, je pense que cela devrait faire bouger les choses.
L’UQMDC’est la dernière chose que l’on souhaite voir fermer des distilleries, répond Simon Bourbeau, du SAQ . Toutes les stratégies que nous établissons au quotidien visent à assurer la pérennité de l’industrie.
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