l’article à lire pour comprendre l’élection du 24 septembre

Comme tous les trois ans, le Sénat est renouvelé par moitié. L’occasion de s’intéresser au fonctionnement de cette institution dont le rôle est majeur dans l’élaboration des lois.
Vous vous souvenez peut-être de la partie de ping-pong entre l’Assemblée nationale et le Sénat qui ponctuait l’examen de la réforme des retraites ? Si les éclats des députés dans l’hémicycle ont laissé des traces, le rôle des sénateurs n’a pas été moins décisif pour faire adopter le texte. Le Sénat est une nouvelle fois sous le feu des projecteurs puisque les élections sénatoriales ont lieu le 24 septembre. Mais au fait, à quoi sert le Sénat ? Quels sont les enjeux des prochaines élections ? Comment sont élus les sénateurs ? Franceinfo vous explique tout.
A quoi sert le Sénat ?
Avec l’Assemblée nationale, le Sénat constitue le Parlement français. Tous deux sont codétenteurs du pouvoir législatif. Les deux chambres ont des responsabilités communes : comme l’Assemblée, le Sénat examine et propose les textes de loi, vérifie leur application et contrôle l’action du gouvernement.
Cependant, le Sénat a moins de pouvoirs que l’Assemblée nationale. Ainsi, en cas de désaccord entre les deux chambres sur l’examen d’une loi, c’est l’Assemblée qui a le dernier mot. De plus, le Sénat n’a pas la possibilité de mettre en cause la responsabilité du gouvernement, et donc de le renverser, prérogative réservée à l’Assemblée nationale. En retour, le Sénat ne peut être dissous par le Président de la République.
Alors que les députés élus à l’Assemblée nationale (appelée aussi « chambre basse ») représentent l’ensemble de la nation, le Sénat (ou « chambre haute ») « assure la représentation des collectivités locales »selon article 24-4 de la Constitution. C’est pourquoi les projets de loi concernant l’organisation des collectivités locales doivent être examinés en priorité par le Sénat.
Qui peut voter aux élections sénatoriales ?
Les sénateurs sont élus pour six ans, mais des élections sont organisées tous les trois ans, car seule la moitié des sièges est renouvelée lors de chaque élection.
Alors que les députés sont élus au suffrage universel direct, c’est-à-dire par tous les Français inscrits sur les listes électorales, les sénateurs sont désignés au suffrage universel indirect, par un collège électoral de 162 000 « grands électeurs » eux-mêmes. le même choix par les quelque 520 000 élus locaux du pays. Le vote est obligatoire sous peine d’une amende de 100 euros.
Parmi ces 520 000 électeurs figurent des députés, des sénateurs, des conseillers départementaux et régionaux, mais surtout des délégués des conseils municipaux qui représentent près de 95 % des votants.
Qui a la majorité au Sénat ?
Composé de 348 sénateurs, le Sénat est présidé depuis 2014 par Gérard Larcher. L’élu du parti Les Républicains incarne la force de la droite traditionnelle, majoritaire depuis les années 1970 quasiment sans interruption.
Avec leurs 145 sièges, les Républicains dominent largement la chambre sortante, loin devant le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain (64 sièges), dont les sénateurs sont majoritairement issus du Parti socialiste. Le groupe centriste Union dispose de 57 sièges tandis que les sénateurs Renaissance sont en difficulté, avec seulement 24 sièges.
Quelles sont les chances d’Emmanuel Macron ?
Le 24 septembre, l’enjeu est de taille pour Emmanuel Macron. Renaissance et ses 24 sièges ont peu de possibilités d’influencer les débats au Sénat. Pour la réforme des retraites, le gouvernement a pu compter sur le soutien des Républicains, mais le gouvernement ne peut pas s’appuyer indéfiniment sur la droite. Mais le parti macroniste risque d’avoir du mal à glaner de nombreux nouveaux sièges. Une fois de plus, les Républicains apparaissent comme les grands favoris de ce renouveau partiel. L la gauche ne semble pas en mesure de prendre le contrôle du Sénat.
En effet, le mode de vote, qui surreprésente les petites communes, favorise structurellement la droite. Cette année, le vote s’appuiera largement sur les résultats des élections municipales de 2020 qui, comme en 2014, ont fait la part belle aux partis traditionnels, la droite en tête. La défaite de Renaissance aux dernières élections municipales ne devrait pas permettre à Emmanuel Macron de remporter de nombreux sièges. D’autant qu’Edouard Philippe et son parti Horizons pourraient être tentés de faire cavalier seul en septembre. Les Républicains, qui mettent 65 sièges à gagner, espèrent en récupérer au moins soixante, selon Le Figaro.
Comment se déroule le vote ?
Pour le renouvellement du Sénat par moitié, les départements français sont répartis en deux séries. En 2020, les 178 sénateurs représentant les départements de la série 2 ont vu leur mandat prendre fin et leurs sièges remis en jeu. Cette année, ce sera au tour des 170 sénateurs de la série 1 d’être remplacés ou réélus. Les départements concernés vont du 37 (Indre-et-Loire) au 66 (Pyrénées-Orientales), auxquels s’ajoutent les huit départements d’Ile-de-France, six territoires d’outre-mer et six sièges de sénateurs des Français de l’étranger. Sur les 162 000 « électeurs », seuls 78 000 seront donc appelés à voter.
Les élections sénatoriales combinent également deux modes de vote différents. Le vote majoritaire à deux tours est utilisé dans les départements peu peuplés, où il y a un ou deux sénateurs à désigner. Dans les départements où trois sénateurs ou plus doivent être élus, le scrutin de liste proportionnel à un tour s’applique.
Pour être candidat, il faut cocher quelques conditions : d’abord être âgé de 24 ans (contre 18 ans pour être candidat aux élections législatives) ; alors soyez éligible, jouissez de vos droits civils et politiques et ne vous présentez que dans une seule circonscription. Par ailleurs, depuis la loi du 14 février 2014 relative au cumul des mandats, un sénateur ne peut être maire ou président d’un conseil régional ou départemental. Si un sénateur est élu pour deux mandats, il doit en choisir un et renoncer à l’autre.
Pourquoi le président du Sénat est-il important ?
Cette année, Gérard Larcher brigue un nouveau mandat. Elu pour la première fois en 1986, le sénateur des Yvelines achève son quatrième mandat à la présidence du Sénat et devrait se représenter. Gérard Larcher s’est imposé comme l’homme fort de la chambre haute. C’est lui qui dirige le bureau du Sénat et la Conférence des présidents, qui fixe le programme des séances plénières.
Mais il est aussi parfois considéré comme la troisième personne de l’État, car le Président du Sénat prend automatiquement le relais en cas de vacance à la Présidence de la République, « pour quelque raison que ce soit », selon la Constitution. Un scénario qui ne s’est produit que deux fois : Alain Poher occupe le poste de président par intérim en 1969 après la démission de Charles de Gaulle puis en 1974 après la mort de Georges Pompidou. Il occupait ce poste depuis quelques semaines, le temps d’organiser une nouvelle élection présidentielle.
Combien sont payés les sénateurs ?
Un sénateur reçoit une allocation mensuelle brute de 7 493,30 euros, avec une indemnité parlementaire de base de 5 820,04 eurosune allocation fonctionnelle de 1 498,66 euros et une allocation de séjour de 174,60 euros. Somme à laquelle s’ajoute une indemnité complémentaire pour tout sénateur exerçant une fonction particulière, allant de 734,34 euros à 4.361,10 euros. Gérard Larcher, en tant que président du Sénat, perçoit 7 448,34 euros supplémentaires.
Les sénateurs ont également droit à une avance pour frais de mandat (AFM) de 5 900 euros chaque mois pour couvrir les frais liés à l’exercice de leur profession. A cela s’ajoutent 6 000 euros sur trois ans pour les frais de matériel informatique, 1 200 euros pour les frais d’hébergement des sénateurs non élus à Paris et 675 euros supplémentaires pour les sénateurs exerçant une fonction particulière.
Cette avance est contrôlée par la Commission d’éthique parlementaire, qui veille à ce que les coûts couverts soient raisonnables et aient un lien direct avec le mandat parlementaire. Ils ont également droit à des forfaits téléphoniques et à un accès gratuit au réseau SNCF en 1re classe et à 40 allers-retours en avion par an entre Paris et leur circonscription.
Ces derniers mois, leur projet de retraite a été attaqué. Si les députés sont alignés sur le régime de la fonction publique de l’État, les sénateurs bénéficient d’un régime spécial depuis 1905. Et ce régime autonome n’a pas été modifié par la récente réforme des retraites. Grâce à une caisse largement excédentaire, selon Mediapart, un sénateur percevrait une pension mensuelle nette moyenne de 4 400 euros.
Bénéficient-ils d’un statut particulier ?
Comme les députés, les sénateurs bénéficient de certaines garanties liées à l’exercice de leur fonction. Ils bénéficient d’abord de l’immunité parlementaire, prévue par l’article 26 de la Constitution : « Auc« Un député ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé en raison des opinions ou des votes qu’il a exprimés dans l’exercice de ses fonctions. » A ce principe d’« irresponsabilité » se double un principe d’« inviolabilité » : un sénateur peut être poursuivi par la justice mais il ne peut faire l’objet de mesures privatives ou restrictives de liberté, sauf si son immunité est levée par le bureau du Sénat.
Je n’ai pas eu le temps de tout lire, pouvez-vous me faire un résumé ?
Dimanche 24 septembre, 78 000 « électeurs » désignés par les élus locaux devront élire 170 sénateurs pour six ans, afin de renouveler par moitié la chambre haute du Parlement. Le Sénat, jusqu’ici largement dominé par les Républicains, ne devrait pas connaître de bouleversements majeurs et la droite devrait y rester majoritaire.
Le Sénat a bénéficié d’une forte médiatisation lors de la réforme des retraites, grâce au rôle central qu’il a joué dans l’adoption du texte. Même s’il dispose de moins de pouvoirs que l’Assemblée nationale, le Sénat vote les lois et contrôle l’action du gouvernement.
Sans majorité absolue à l’Assembléele camp présidentiel devrait prêter une grande attention aux résultats des élections sénatoriales, sans espérer y faire des progrès significatifs.
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