La France insoumise revoit son fonctionnement
« L’objectif n’est pas de renouer avec une forme d’organisation politique traditionnelle » mais de préserver « l’état d’esprit d’un mouvement en pleine évolution », a insisté l’insoumis Manuel Bompard, ce jeudi lors d’une conférence de presse. Aux côtés de divers cadres de formation, le député a présenté les transformations que la France insoumise souhaite engager autour de « quatre axes » jugés prioritaires pour son développement – « mener la bataille culturelle », « fédérer les peuples et leurs combats », « se déployer sur tout le territoire ». , « s’organiser pour gagner ». Élaborée depuis l’été dernier, dans un contexte où le manque de démocratie interne fait l’objet de critiques régulières, cette « feuille de route » sera au cœur de sa prochaine « Assemblée représentative », le 10 décembre à Paris. Et à certains égards, il est bon que le mouvement se dote de certains des outils qui ont fait la force des partis politiques. Le tout avec un objectif, maintes fois répété : « gagner une majorité populaire », notamment en cas de dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. « Chiche, a également lancé Manuel Bompard au chef de l’Etat. Nous ne craignons pas un retour aux urnes et nous nous préparons à pouvoir remplir notre objectif. »
Ouverture d’une école de formation
En tête des 17 propositions que la France insoumise entend mettre en œuvre à cet effet, l’ouverture d’une école de formation, sous l’égide de l’institut La Boétie. Celui-ci proposera un « catalogue de thèmes et d’intervenants » à disposition des groupes d’action locale du mouvement sur des sujets « théoriques ou pratiques », a précisé Clémence Guetté en charge du programme FI lors de la dernière élection présidentielle. Le dispositif sera complété par des « médias en ligne » pour poursuivre « la bataille culturelle sur les réseaux sociaux », mais aussi par « une école des cadres » avec un « appel à candidature ouvert au sein du mouvement » pour la formation d’un an environ, explique le député. En plus des « ateliers de droit » déjà existants, l’IF prévoit également de lancer un programme hebdomadaire en ligne. Ou encore des « cafés populaires », ou des réunions publiques thématiques liées aux campagnes menées par la formation et dont la synthèse sera susceptible de modifier ses propositions.
Avec l’ambition de « renforcer (sa) capacité à être le relais des mobilisations et à les accompagner », le mouvement, qui disposait déjà d’un « réseau de luttes sociales », va se doter de nouvelles structures détaillées par l’eurodéputée, du volontariat secteur, Manon Aubry. Parmi eux, un « nouveau réseau de résistance écologique » mais aussi la création d' »un pôle d’agit’prop ». « L’objectif est d’attirer l’attention sur les batailles d’intérêt général. L’urgence écologique et sociale justifie parfois des actions spectaculaires, actions symboliques dont nous assumons aujourd’hui la nécessité », a justifié l’élu. Un contraire assumé à « l’écoterrorisme » dénoncé par Gérald Darmanin ou au « gauchisme écologiste » fustigé par la droite, après les coups de poing de jeunes militants ces dernières semaines. Mais pour « fédérer le peuple », FI entend aussi s’appuyer sur les Nupes et proposera de « développer les assemblées populaires dans toutes les circonscriptions », de créer des « intergroupes dans toutes les instances » du niveau local au niveau européen, de « transformer le parlement de Nupes en Agora pour continuer à pousser les débats et à fédérer largement des sphères pas forcément politisées ».
Autre objectif prioritaire pour le mouvement : sa présence locale
Autre objectif prioritaire pour le mouvement : sa présence locale. « On a obtenu un résultat significatif à la présidentielle avec près de 22%, on a progressé aux législatives en passant de 17 à 75 députés, mais pour gagner une majorité il faut se déployer sur tout le territoire », note Manuel Bompard. Pour tenter d’y parvenir, « nous allons acheter des locaux dans tous les départements de France, à commencer par le 65 où nous n’avons pas de députés », a annoncé Francis Parny, précisant que ces achats feraient l’objet d’un investissement national complété par une souscription et qu’ils « seront mis à la disposition des groupes d’action pour en faire des lieux de rencontres, de débats et de formation ». Des militants, baptisés « développeurs », seront également envoyés dans des territoires où la FI est peu représentée pour y créer des groupes d’action. Ce système sera déployé aux côtés des « caravanes populaires » et des « correspondants d’immeubles » déjà existants qui sont actuellement au nombre de 4 000, selon le décompte de l’organisation. La structure locale doit également être revue avec la création de « boucles départementales » qui regrouperont les « groupes d’action » d’un territoire avec « des décisions prises par consensus », un rôle de « point de contact avec les autres organisations » et une « propre » Trésorerie ».
Sur la question du financement, qui a parfois fait débat ces dernières années, certains collectifs locaux estimant ne pas avoir vraiment les moyens de leur autonomie, cette « caisse départementale » alimentée par les cotisations des différents élus (avec un système de péréquation entre territoires) sera complété par la création d’une « contribution volontaire ». Une sorte de cotisation, prenant la forme d’un engagement à verser une somme mensuelle au mouvement sur un an, mais qui, contrairement à ce qui se pratique dans les partis, ne donne pas lieu à des droits spécifiques et ne confère pas la qualité de membre, dit Sarah Legrain.
Quant à l’organigramme national, il ne devrait être revu que dans un second temps puisqu’un appel à candidatures a été lancé au sein du mouvement, notamment pour assumer les responsabilités liées aux nouveaux « pôles » qui y ont été lancés, a expliqué Manuel Bompard. sans détailler le processus de désignation qui prévaudra finalement.
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