La chambre à gaz de l’ancien camp de concentration du Struthof, rénovée, rouvre au public

L’annexe abritant la chambre à gaz du camp de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin), où 86 Juifs ont été gazés pour des expérimentations médicales, rouvre au public samedi, après 18 mois de restauration, avec un nouveau parcours mémoriel.
«C’est une opération de restauration du patrimoine et non de reconstruction ou de réhabilitation, où nous sommes intervenus de manière extrêmement minutieuse.», a plaidé jeudi Pierre Dufour, architecte en chef des monuments historiques, qui a supervisé le projet du seul camp de concentration nazi installé sur le sol français, en Alsace annexée.
Situé à une centaine de mètres en contrebas du camp où furent internés quelque 52 000 déportés venus de toute l’Europe entre mai 1941 et avril 1945, le bâtiment qui abrite la chambre à gaz était à l’origine un dépôt de vivres et un bal à l’auberge voisine.
Le 1er août 1943, 86 Juifs, sélectionnés à Auschwitz, y furent gazés, en vue de constituer une collection de squelettes, en prévision de l’anéantissement total de tous les Juifs auquel la Shoah devait conduire. Ces expériences ont notamment été menées par le directeur de l’Institut d’anatomie de la Reichsuniversität (Université du Reich) de Strasbourg, August Hirt.
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A l’intérieur du bâtiment, rénové pour 1,6 million d’euros, le visiteur traverse trois salles avant d’accéder à la petite chambre à gaz de 9 mètres carrés, en faïence blanche et porte capitonnée. Le parcours s’articule autour de sobres panneaux vitrés explicatifs, et d’objets d’époque, comme un entonnoir relié à la chambre à gaz, un carnet Hirt ou une émouvante alliance d’une victime juive.
Huit Tziganes mourront également à la suite d’expériences menées dans la chambre à gaz du Struthof. En mai dernier, l’Université de Strasbourg faisait le bilan de ces années nazies dans un rapport de 500 pages, où la lumière était enfin faite sur la participation de sa faculté de médecine au «crimes de guerre médicaux« .
«La réouverture de ce lieu permettra d’apporter le chaînon manquant à tout ce travail effectué depuis plusieurs années.», s’est félicité Guillaume d’Andlau, directeur du Centre européen de la résistance déportée-Struthof (CERD), le mémorial de l’ancien camp de concentration qui accueille chaque année 200 000 visiteurs.
Cette restauration s’inscrit dans un plan de travail pluriannuel qui doit s’étaler sur plusieurs années. L’ancien camp de concentration du Struthof-Natzweiler était l’un des plus meurtriers de l’univers concentrationnaire nazi, avec 22 000 morts, principalement d’épuisement, de faim et de traitements inhumains.
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