A deux ans des Jeux de Paris et un an après l’argent olympique, Kevin Mayer a retrouvé dimanche 24 juillet l’or mondial du décathlon, déjà remporté en 2017, à Eugene (Oregon). Il sauve ainsi l’équipe de France d’un point zéro embarrassant, qu’elle n’a pas connu sur la scène internationale depuis les JO de 2000, alors que la grand-messe olympique se profile sur ses terres.
A trente ans – il les a fêtés en février – Mayer rejoint le club ultra sélect des athlètes français doubles champions du monde en individuel, aux côtés de la légende Marie-José Pérec, couronnée sur 400 m en 1991 et en 1995, et par Eunice Barber, qui a remporté l’heptathlon en 1999 et le saut en longueur en 2003.
Une préparation compliquée
« Inattendu » après « une année très compliquée »résume Mayer, gêné depuis de longs mois par ses tendons d’Achille – qui l’avaient fait renoncer aux Mondiaux en salle de Belgrade début mars – et qui n’a repris la course qu’il y a deux mois. « J’ai toujours admiré Teddy Riner, Zinédine Zidane, Martin Fourcade… Je ne me mets pas du tout sur un pied d’égalité avec eux, mais j’aimerais être une légende un jour, et c’est comme ça ! »il rêve.
Comme un symbole, « One more time » des Daft Punk a résonné dans le mythique Hayward Field lorsque le double médaillé d’argent olympique (2016 et 2021) a rempli les cent derniers mètres du 1 500 m qui le séparait d’un deuxième titre mondial, cinq ans après le conquis pour la première fois à Londres en 2017.
Symbole aussi, il a vécu un scénario similaire au précédent perchiste londonien, lorsqu’il a risqué zéro avant de franchir 5m lors de sa troisième et dernière tentative. Il y a cinq ans, il avait eu la même frayeur à 5,10 m. A mi-parcours, plombé par son mauvais lancer du poids, avec un meilleur lancer à 14,98 m, très loin de son record (17,08 m), Kevin Mayer s’est endormi en sixième position provisoire pour son premier décathlon depuis les Jeux de Tokyo il y a un an.
Retour au deuxième jour
Sous un soleil brûlant dimanche, il a construit son ascension aux classements du saut à la perche (5,40 m) et du javelot (plus de 70 m) notamment. « Chaque événement était une pression énorme simplement parce que je n’ai que deux mois de préparation, dit Kevin Mayer. Mais à chaque fois que j’ai commencé, la confiance est revenue, j’ai fait ce que je savais faire. C’est une immense fierté de réussir dans ces conditions. » Au terme de ses dix ouvrages, il s’est imposé avec un total de 8.816 points devant le Canadien Pierce Lepage (8.701 pts) et l’Américain Zachery Ziemek (8.676 pts).
Un exploit qu’il a accueilli les larmes aux yeux et les lèvres tremblantes lorsque la Marseillaise a été jouée en son honneur. Kevin Mayer a aussi gardé le souvenir de plusieurs décathlons douloureux et/ou malheureux, le zéro en longueur aux Championnats d’Europe 2018 à Berlin, les Jeux de Tokyo croisés dos bloqué l’été dernier, ou encore son abandon aux Mondiaux-2019 à Doha. , tendon (le gauche alors) déjà récalcitrant.
Ce retour sur la plus haute marche du podium mondial intervient alors que Mayer a décidé de reprendre le contrôle de son entraînement en se séparant au printemps de son préparateur physique Jérôme Simian.
Paris 2024 en vue
Au quotidien, le Montpelliérain n’est accompagné que d’Alexandre Bonacorsi, son ami d’enfance, chargé à l’origine de compiler ses données de performance (séances, séries, intensité d’effort, etc.) mais qui « a acquis de l’expérience pendant deux ans ».
« J’aime cette façon de travailler. J’ai adoré ça pendant le confinement, quand j’ai pu avoir accès au stade : c’est là que j’ai fait ressortir le meilleur de moi-même, là où j’ai fait mes meilleures séances. »a retracé l’athlète à l’AFP à la mi-juin.
Seul au rythme de« une séance sur trois dans chaque discipline, je vais approfondir mes retranchements pour trouver des solutions, progresser encore, et j’aime ça, il expliqua. Quand je suis avec Alexandre, si ça ne va pas, je compte sur lui pour trouver des solutions et je n’aime pas ça. Seul, c’est vraiment en mode toi contre toi-même. » A-t-il déjà en tête les JO 2024 ? « Je me vois déjà au départ du 100m avec un stade pleinrépondit Kevin Mayer. Rien que ça, ça me donne des frissons. »
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