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Ils disent déjà non à la méga-usine de 7 milliards de dollars de Northvolt


Bruits, odeurs, transports… les habitants de McMasterville en colère ne veulent pas voir l’une des plus grandes usines de batteries au monde atterrir dans leur cour, près de Richelieu.

« Nous craignons le bruit. Ils devront décontaminer. Nous ne voulons pas de poussières toxiques », déclare Journal François Cousineau, qui habite à proximité du site de la future méga-usine du géant suédois Northvolt, dont l’emplacement n’a pas encore été confirmé.

Lundi, Le journal a révélé que Québec jonglait avec le scénario de dépenser près de 1,4 milliard de dollars pour implanter la méga-usine Northvolt dans la vallée du Richelieu.

Cependant, même si rien n’a été formellement annoncé, certains habitants disent avoir déjà peur de l’ampleur du mégaprojet de 7 milliards de dollars.

François Cousineau espère récolter des signatures pour présenter sa pétition aux élus locaux.

Photo Francis Halin

«Je m’oppose au rezonage résidentiel pour faire place à Northvolt. Je veux déposer ma pétition le 25 septembre au conseil municipal», soupire François Cousineau. Mardi après-midi, plus de 379 personnes l’avaient déjà signé, après une tournée de porte à porte.


François Cousineau affirme n'avoir jamais été informé de l'arrivée de la méga-usine.

Les opposants au projet soutiennent qu’il n’y a pas de zone tampon raisonnable entre l’usine et les résidences.

Photo Francis Halin

Des résidents inquiets

En mars dernier, Le journal était allé à St. Thomas, en Ontario, une ville de 43 000 habitants qui venait d’avoir la méga-usine Volkswagen. Le maire et le monde des affaires jubilaient, mais les citoyens d’une municipalité voisine craignaient les nuisances.

«Nous ne savons rien de la pollution de l’eau, de l’air, du sol, du bruit et de la lumière», a dénoncé Diane Dubois, qui habite Central Elgin, à la frontière de l’usine de batteries du futur méga-géant allemand Volkswagen, à St. Thomas.


François Cousineau affirme n'avoir jamais été informé de l'arrivée de la méga-usine.

«Ça nous fait pleurer, nous tous, de voir ça», a déclaré au Journal en mars dernier Diane Dubois, qui habite à côté de la méga-usine Volkswagen.

Photo Francis Halin

Alors que le développement du secteur des batteries s’accélère ici, c’est au tour des citoyens de la Montérégie, comme François Cousineau, de craindre le pire.


François Cousineau affirme n'avoir jamais été informé de l'arrivée de la méga-usine.

Le terrain est clôturé et comporte des barbelés par endroits.

Photo Francis Halin

À Journalil désigne une maison de retraite et des garderies à côté du terrain de la méga-usine Northvolt.

« J’ai dit à mes proches que si on le construisait, j’allais déménager. Je suis à 2000 pieds. Je fais tout ça pour mes enfants», poursuit François Cousineau.

A quelques mètres de là, Cynthia Blain, mère de deux enfants, comprend elle aussi mal qu’on s’apprête à abattre des arbres pour bétonner un îlot de verdure, alors que la canicule fait des ravages et qu’on a cruellement besoin d’espaces verts pour améliorer la qualité de l’air.


François Cousineau affirme n'avoir jamais été informé de l'arrivée de la méga-usine.

Cynthia Blain et sa fille Estelle.

Photo Francis Halin

« C’est super inquiétant pour les cours d’eau et la faune à proximité », soupire-t-elle.

« Nous craignons pour notre qualité de vie. Nous craignons le bruit et la lumière. On ne voit déjà plus les étoiles. Ce serait fini», dit-elle.

Elle estime que l’argument de la création d’emplois ne tient pas la route. « Il y a du travail partout. Quel est l’intérêt d’en créer davantage en pleine pénurie, sinon de les détruire ? se demande-t-elle.

À deux pas d’elle, sa voisine derrière elle, qui fait face au parc-relais des transports en commun, voit au contraire d’un œil positif l’arrivée de la méga-usine.


François Cousineau affirme n'avoir jamais été informé de l'arrivée de la méga-usine.

Luc Hamelin

Photo Francis Halin

« C’est une bonne chose pour l’économie locale. Cela va se développer. Je suis pour, mais je me demande où iront ces employés», demande le retraité Luc Hamelin.

Rejoint par Le journalle propriétaire du terrain tant convoité, l’investisseur immobilier Luc Poirier, s’est montré optimiste, malgré les vagues soulevées.

« En général, avec le temps, les gens voient que c’est très bien. Je le vois avec tous mes projets », a-t-il observé.


François Cousineau affirme n'avoir jamais été informé de l'arrivée de la méga-usine.

La nature semble avoir repris ses droits sur le site de la future méga-usine.

Photo Francis Halin

« Mes projets sont grandioses. Ils changent de quartier et de ville, donc les gens, je les comprends, mais ensuite ils voient le positif que cela apporte », a-t-il poursuivi.

Des maires prudents

Invités à réagir, les maires de Saint-Basile-le-Grand et de McMasterville ont dit vouloir expliquer les enjeux du projet à leurs concitoyens.

« Le conseil municipal a adopté une résolution permettant à une délégation de participer à une visite industrielle afin de comprendre les activités de ce type d’entreprise et d’analyser sa compatibilité avec le développement actuel et futur de la ville de Saint-Basile-le-Grand, », a déclaré son maire, Yves Lessard.

Quant au maire de McMasterville, Martin Dulac, il a concédé qu’il était « tout à fait légitime de poser des questions ».

« Nous trouvons regrettable que les gens aient des appréhensions sur un projet qui n’a même pas été annoncé », a-t-il soufflé.

« Nous faisons le pari que les citoyens verront les effets positifs avant de se retourner contre cela », a-t-il conclu.

Ces derniers jours, Northvolt n’a pas souhaité accorder d’interview car elle n’a pas encore lancé de projet ici.

Mardi dernier, le directeur parlementaire du budget rapportait que les 28,2 milliards de dollars de subventions canadiennes et ontariennes aux méga-usines Stellantis-LGES et Volkswagen ne seraient pas rentables avant 20 ans.

– Avec la collaboration de Philippe Langlois

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Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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