Ils critiquent le plan Borne
Pour améliorer le recueil et la prise en charge de la parole, le gouvernement promet de poursuivre le déploiement d’unités d’accueil pédiatriques pour enfants en danger (Uaped), qui écoutent les enfants victimes de violences graves. 605924236/DimaBerlin – stock.adobe.com
Les associations jugent les 22 mesures insuffisantes et regrettent un « manque d’ambition ».
Deux jours après la publication du rapport de la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles contre les enfants), Élisabeth Borne a présenté lundi le nouveau plan du gouvernement contre les violences contre les enfants pour 2023-2027. Ses 22 mesures dont l’objectif est « créer une véritable culture de protection de l’enfance » surtout, renforcer les ressources humaines et financières des systèmes existants. « Toutes les trois minutes, un enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle. Tous les cinq jours, un enfant meurt dans la famille. rappelle Charlotte Caubel, secrétaire d’État chargée de l’Enfance, qui a piloté ce plan.
Créé cet été, le nouvel Ofmin (Office des mineurs), qui traite les dossiers les plus sensibles de pédocriminalité, de violences sexuelles ou encore de harcèlement en ligne, devrait voir ses effectifs passer de 37 à 85 enquêteurs. Des embauches sont également prévues dans les systèmes d’écoute et de recueil de la parole des enfants avec 12 auditeurs supplémentaires pour 119 (Allô enfance en danger) et 14 auditeurs supplémentaires pour 30 18 (système d’écoute des victimes de harcèlement en ligne).
Ce renforcement touche également la protection de l’enfance (ASE), qui traverse une crise majeure, avec l’expérimentation de 10 délégués départementaux à la protection de l’enfance pour aider les préfets. « Refuser et articuler la lutte contre les violences faites aux enfants et la prostitution mineure » Ceux qui sortent de l’ASE pourront bénéficier d’un pack « jeune adulte autonomie », soit une enveloppe de 1 500 euros pour « faciliter leur transition vers la majorité » a déclaré le Premier ministre.
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Pour améliorer le recueil et la prise en charge de la parole, le gouvernement promet de poursuivre le déploiement d’unités d’accueil pédiatriques pour enfants en danger (Uaped), qui écoutent les enfants victimes de violences graves. Le plan fixe l’objectif d’un Uaped par juridiction d’ici 2025. Un vaste plan de formation est également prévu, notamment à destination des professionnels de la petite enfance et des professionnels de santé. Enfin, les dossiers de santé porteront désormais l’inscription de la loi de 2019 interdisant les violences dites éducatives. Malgré quelques points de satisfaction, plusieurs associations de protection de l’enfance regrettent un « manque d’ambition ». « Il y a un manque de cohérence dans une politique globale en faveur des enfants en danger ou victimes » dit Martine Brousse, présidente de La Voix de l’enfant, qui regrette «annonces cloisonnées».
Déception et inquiétude
Mais la déception et l’inquiétude étaient surtout palpables lors de la journée publique de présentation du rapport Ciivise, organisée ce lundi à la Casa de la Radio. Le gouvernement n’a fait aucune annonce quant à la reprise de ses dernières recommandations, suite à la présentation vendredi de son rapport détaillé contenant 82 recommandations. Après trois ans de travaux, la commission inceste a demandé une prolongation. Dans un contexte tendu, Charlotte Caubel a évoqué son maintien avec une nouvelle feuille de route et sous une forme encore à définir. Une publicité vécue comme une marginalisation.
« Je suis surpris de ne pas avoir de représentants du gouvernement ici (à la Maison de la Radio) » Il s’est rapproché d’Arnaud Gallais, membre de la Ciivise et victime d’inceste. «Je ne comprends pas que la commission (sous sa forme actuelle, ndlr) ça s’arrête là. Il y a certes des choses à améliorer mais ce lien de confiance qui s’est instauré avec la Citoyenneté est fondamental. Il faut passer du « je te crois » au « je te protège ». il a continué. « Quelles mesures civiles seront mises en œuvre ? Quels moyens le gouvernement est-il prêt à adopter pour une vraie protection pour les enfants? » a demandé Nathalie Mathieu, co-présidente de l’instance.
Tout aussi incertain est l’avenir du juge des enfants Édouard Durand, coprésident média de Ciivise devenu l’incarnation de l’organisation. Directement, la psychologue clinicienne Karen Sadlier a déclaré : « J’espère fermement qu’Édouard Durand ne sera pas marginalisé. » Une déclaration reçue avec une standing ovation.
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