La diversité des espèces doit être maintenue
Sylvain Delzon
Chercheur en écophysiologie végétale à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et à l’Université de Bordeaux
Les incendies ont touché deux forêts bien différentes en Gironde : celle de Landiras et celle de La Teste-de-Buch. La forêt de Landiras est une forêt de production et de plantation. Les arbres sont tous alignés, d’une seule espèce : les pins maritimes et sont tous du même âge. Les exploitants sont des propriétaires privés qui vendent le bois.
Ce type de forêt sera replanté dès que possible. Les propriétaires vont couper et replanter des pins maritimes identiques. Il faudra environ deux ans, bien que la durée puisse varier selon l’intensité du feu selon les parcelles et la logistique à mettre en place, car il reste plus de 13 000 hectares à replanter. La question qui se posera ne sera pas celle de l’essence de l’arbre – il s’agira de la même espèce – mais de l’origine de cette espèce de pins maritimes : s’agira-t-il d’un peuplement d’arbres qui viendra du sud ? de l’Europe et laquelle sera la plus résistante à la sécheresse ?
Le deuxième incendie, celui de La Teste-de-Buch sur la bande littorale à côté de la dune du Pilat, a touché ce qu’on appelle une forêt de protection. Il protège l’avancée de la dune et arrête le glissement du sable. Ce n’est pas une forêt privée mais ce sont des parcelles domaniales gérées par l’Office National des Forêts (ONF). Cette forêt est beaucoup moins gérée et elle est plus diversifiée en termes d’essences, avec des pins maritimes, des chênes, de l’argousier… Celle-ci n’a pas à être régénérée de la même manière. L’ONF va d’abord voir s’il y a des parcelles qui peuvent être sauvegardées. En effet, le feu a des impacts très hétérogènes selon son intensité. Dans certaines zones brûlées, il restera donc des taches vertes. Nous allons aider la forêt à se régénérer grâce à ce qu’on appelle la « régénération naturelle assistée », en laissant la nature suivre son cours mais en faisant venir par endroits des essences d’arbres sélectionnées. La diversité doit être maintenue entre les espèces, mais aussi au sein de l’espèce de pin maritime elle-même.
Certaines essences ont un avenir dans la région : le chêne vert et le chêne liège, très résistants à la sécheresse. L’ONF travaille avec INRAE depuis plusieurs années pour identifier des populations de pins maritimes plus résistantes qui viennent par exemple d’Espagne ou du Portugal.
Il est à noter que dans les deux forêts, il est possible de développer des zones de végétation diversifiée de plusieurs centaines de mètres de large autour des cours d’eau. Ils servent de zone tampon et de protection contre les incendies de forêt, même dans la forêt de production. Ces zones existent déjà, mais il est important qu’elles restent étendues pour préserver ce qui existe déjà.
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