Familles et syndicats nient, la mairie et le rectorat maintiennent les rapports
La semaine dernière, la ville de Nice a signalé plusieurs cas de prières présumées musulmanes dans les cours d’école primaires. Illustration stock.adobe.com
La semaine dernière, la commune et le rectorat ont signalé sept cas de prières musulmanes par des élèves de CE2. Trois d’entre eux ont été injustement signalés et des questions se posent aujourd’hui sur la manière de signaler ces cas.
Le Figaro Nice
Mots contre mots, interprétations contre interprétations. Après la nouvelle de sept cas de prières musulmanes dans des écoles primaires de Nice (Alpes-Maritimes) la semaine dernière, familles et syndicats ont donné leur version des faits, contredisant ainsi celle du rectorat et de la commune de Christian Estrosi (Horizons). Mais qui dit la vérité ? Pourra-t-on découvrir ce qui s’est réellement passé dans ces terrains de jeux ?
Les trois cas survenus lors de la pause déjeuner jeudi dernier à l’établissement Pierre-Merle, dans le quartier populaire du port, ont été signalés de manière erronée. C’est ce qui est indiqué dans Bonne matinée le père et le grand-père des enfants CE2 incriminés (8 ans). « Les écoliers ont invoqué un fantôme lorsqu’ils ont vu une bâche blanche clouée aux branches d’un arbre dans la cour »explique le premier. « Mon petit-fils m’a dit qu’il avait vu la dame blanche et que lui et ses amis lui avaient demandé de venir »» lance le second au journal régional, non sans émotion et colère.
Une source proche du dossier explique également catégoriquement à Figaro « que les enfants jouaient simplement autour d’un arbre » et qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une prière collective. Surtout, les familles se présentaient comme athées, même si, nous dit-on, ce ne serait pas le cas pour l’une d’entre elles. Était-ce juste un jeu d’enfant ? Pourtant, sur le tournage de BFM Nice Côte d’Azur, la réalisatrice Natacha Chicot a écarté cette théorie. « Lorsque des enfants justifient la prière par un argument qui n’est pas celui d’un enfant, nous ne pouvons pas laisser passer cela. », a-t-il déclaré. Contactés à nouveau, le rectorat et la mairie de Nice maintiennent la nature des signalements. Trois enfants de cette école se seraient agenouillés sur leur manteau et auraient imité des mouvements avec leurs bras de haut en bas. Et le rectorat ajoute que « La loi de 2004 stipule que toutes les prières sont interdites ».
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Ambiguïtés
Les trois familles ont été reçues vendredi à l’Hôtel de Ville de Nice, dont deux par Christian Estrosi lui-même. « Force est de constater qu’ils n’ont manifesté aucune volonté de porter atteinte aux principes de laïcité et de la République », a voulu immédiatement rassurer le maire dans un communiqué. Incapables de lever les ambiguïtés qui entourent cette situation, les enfants et leurs familles continuent de se sentir attaqués sans raison. « Ça nous a fait malGrand-père s’est encore plaint. Bonne matinée. « Christian Estrosi a publié une déclaration dans laquelle il continue d’accuser nos enfants. »
La Fédération des conseils de parents d’élèves des Alpes-Maritimes (FCPE 06) a également regretté la manière dont ces dossiers ont été traités. «C’est la Journée internationale des droits de l’enfant (Lundi 20 novembre, ndlr) mais nous sommes très inquiets des propos du recteur et du maire de Niceexplique Khadija El Ouahabi, élue locale. « Ils ont été prompts à dénoncer une atteinte à la laïcité, mais nous ne le faisons pas à travers un communiqué de presse ou à la télévision. » Elle dénonce comme ça « l’absence de vérification et le temps de la contradiction », comme lors des conseils de discipline classiques. Beaucoup de parents auraient dit « choqué » par cette manière de procéder, ajoute-t-il. Pour Olivier Salerno (CGT), il s’agit ni plus ni moins de la « diffamation ». « Dans un contexte particulièrement tendu, c’est irresponsable »ajoute-t-il à son compte X (anciennement Twitter).
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Transparence
La municipalité de Nice et son adjoint à l’Éducation, Jean-Luc Gagliolo, affirment qu’ils appliquent uniquement la procédure. Un agent municipal – pendant les heures périscolaires (comme à la cafétéria, la responsabilité incombe à la ville) – a fait un rapport au conseil municipal, qui a ensuite convoqué les parents ne serait-ce que par suspicion. Alors pourquoi en faire la publicité ? « Ils nous auraient reproché de ne pas avoir été transparents, tout le monde a le droit de savoir », défend l’élu. Il est également gêné par les accusations d’exploitation politique : « Nous n’avons aucune raison d’avoir honte de ce que nous faisons en matière de laïcité. Nice a reçu la Marianne d’Or et met en place un catalogue de mesures. » Plusieurs cas similaires ont également été signalés en juin.
L’adjoint du 1.d circonscription, Éric Ciotti, n’a pas tardé à critiquer son meilleur ennemi, Christian Estrosi, en lisant les propos des familles, voyant « grande manipulation ». « Les enfants et les parents ont été injustement montrés du doigt. « La politique et la communication permanente ne justifient pas tout »ajouté dans un autre message « Je ne comprends pas pourquoi cela suscite autant de commentaires… »s’attriste Jean-Luc Gagliolo.
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