Les formes de violences sexuelles sont dramatiquement diverses : inceste, violences d’un chef religieux, violences domestiques… Et les chiffres montrent que les femmes religieuses sont plus exposées, quelle que soit la religion en question : une enquête de 2000 notait déjà que les femmes sans religion sont victimes de violences domestiques pour 7,8% d’entre elles, alors que ce pourcentage s’élève à 9,1% des femmes catholiques ou protestantes, et 17% des femmes musulmanes ou juives.
Cette réalité a conduit la Conférence des responsables des Eglises de France, créée en 2010, à consacrer pour la première fois une journée d’étude aux violences sexuelles, mardi 19 septembre.
Une étape historique
« C’est une grande première, explique Valérie Duval-Poujol, toutes les religions reconnaissent qu’elles sont concernées par ce fléau et acceptent d’y réfléchir ensemble. Vice-présidente de la Fédération protestante de France et co-organisatrice de cette journée, elle souligne que la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) et l’Église catholique ont ouvert la voie à ce mea culpa : « Le rapport Sauvé constitue une étape historique dans la lutte contre les violences sexuelles.
Les sectes, sous diverses formes, apparaissent comme « des armes massives de soumission » envers les femmes, ce qui peut être le début d’une explication de la « facteur aggravant » et une plus grande violence dans les sphères religieuses. Un enjeu essentiel pour les cultes, également en lien avec l’Etat, représentés lors de cette réunion par Juliette Part, cheffe de l’office central des cultes du ministère de l’Intérieur.
Les mots des victimes
Sur la base des éléments recueillis, la rencontre devrait permettre de faire un état des lieux en France en matière de violences sexuelles dans le cadre des différentes religions et d’échanger autour de ce que les autorités ont pu mettre en œuvre pour lutter contre ces violences. C’est le procureur général Luc Frémiot, magistrat de premier plan dans la lutte contre les violences conjugales, qui inaugure la journée.
Deux tables rondes suivront. La première, animée par la journaliste Nathalie Leenhardt, tentera de faire le point sur les différentes religions, avec des représentants des religions mais aussi des victimes et ceux qui les accompagnent : « Là encore, la Ciase nous a appris à placer la parole des victimes au centre de la réflexion »précise Valérie Duval-Poujol.
La deuxième table ronde, animée par Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef à La Croix, aura pour objectif d’identifier les actions mises en place pour réduire les violences sexuelles dans les différentes religions, avec l’intervention des plus hauts responsables.
Enfin, sœur Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) très engagée dans la lutte contre les agressions sexuelles et les abus spirituels, clôturera les débats de cette journée organisée à la Fédération protestante de France, à Paris.
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