Escaro, une ville de jeunes
La jeunesse est le sujet. Une jeunesse en partie à la dérive, ne parvenant pas à trouver sa place dans une société si peu en phase avec ses aspirations. Un roman politique aussi, une variation de « malheureux d’être jeune », dans le goût de Paul Vaillant-Couturier. Regard de l’auteur, issu d’une autre génération, qui fait vivre avec empathie ses jeunes personnages confrontés aux injustices et à la violence d’une société ségréguée tournée vers le culte exclusif du profit. Jean Kouchner pose – un autre angle de son texte – le décor des passionnés d’escalade. De Fontainebleau à Chamonix, exercices et courses se succèdent, avec la vraie connaissance de l’ascèse de la montagne, les obligations sportives et morales à la côtoyer. On espère que les valeurs éthiques de la pratique donneront aux héros le chemin de l’intégration sociale. Chemin éclairé en vain vers une belle utopie : rejoindre la petite commune d’Escaro, village du haut Conflent sur les pentes du Canigou, dont les habitants, filles et fils de mineurs de fer, perpétuent fièrement les traditions d’entraide et de solidarité d’un disparu société.
Mineurs durement exploités, notamment pour produire du fer pendant la guerre de 1914-1918, menant des luttes victorieuses contre les entreprises au temps du Front populaire et en 1938, puis avec celles des villages voisins, formant le maquis du Canigou, soutenu par la guérilla espagnole . Le destin en décidera autrement, tragiquement, presque malgré la volonté de l’auteur.
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