ENQUÊTE. Alerte rouge sur le logement en Bretagne : comment en sortir ?
« La problématique des difficultés de logement en Bretagne n’a jamais été aussi intense. Quels que soient les territoires et les sujets, les tendances semblent défavorables, même si notre région a souvent été citée en exemple pour sa capacité à proposer un logement pour tous. » Dans le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre, le constat de Stéphane Martin, directeur de l’agence Bretagne, est édifiant. De ce constat, l’écriture de Ouest de la France mené des recherches pour comprendre les raisons de ces difficultés.
Au départ, nos journalistes voulaient donner la parole à ceux que l’on appelle les « naufragés du logement ». Souvent un obstacle à l’obtention d’un emploi, les employeurs n’hésitent pas à construire des lotissements pour retenir et surtout attirer de nouveaux salariés. Mais si l’entreprise ne peut pas aider les nouveaux arrivants, les salariés, les familles ou encore les retraités ont parfois recours au camping, comme c’est le cas dans le Morbihan. Une solution plus que temporaire pour pallier au manque de foncier et surtout éviter de payer des loyers exorbitants.
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Ne pouvant devenir propriétaires, certains ménages ne peuvent pas quitter leur logement social. Il y a cependant un problème, car la demande de places dans les logements sociaux n’a jamais été aussi forte. Un embouteillage se forme et vous devez passer de nombreux mois avant de vous retrouver dans votre logement social. Si l’équation semble impossible à résoudre, il existe certaines solutions comme la tenance réelle et la copropriété. Alice et son partenaire en ont fait l’expérience.
Les étudiants en première ligne
Particulièrement touchés par cette crise immobilière en Bretagne, les étudiants sont confrontés à une situation jugée « critique ». Si le Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) prévoit de construire 1.500 nouveaux logements à Rennes (Ille-et-Vilaine) et autant à Brest (Finistère), le projet s’annonce long et devrait durer dix ans. Forts de ce paramètre, certaines villes et bailleurs sociaux rénovent et réhabilitent des logements vides pour faire place à des logements étudiants partagés. Lorsque cette possibilité ne s’offre pas à eux, d’autres étudiants tentent de trouver par eux-mêmes des solutions et de faire fonctionner le lien intergénérationnel.
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Avec sa Loi Climat et Résilience, l’État veut accélérer le renouvellement énergétique, ainsi les logements les plus consommateurs d’énergie (classés E, F et G), soit 200 000 logements locatifs, seront progressivement exclus du marché locatif breton jusqu’en 2034. Un projet de rénovation thermique d’envergure confronté à des limites et des coûts excessifs.
La question du logement secondaire
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Si le marché immobilier est si tendu en Bretagne, le boom de la location touristique n’y est pas étranger. En effet, au lieu de rénover des logements énergivores, certains propriétaires n’hésitent pas à proposer leurs logements meublés aux touristes. Ainsi, les plateformes Airbnb et Booking occupent une place prépondérante en Bretagne et provoquent une hausse des résidences secondaires. Particulièrement en colère, les voisins présents tout au long de l’année n’hésitent pas à le lui faire savoir. Si certains se contentent de manifester, d’autres vont plus loin et labellisent les façades de certaines habitations. De quoi susciter l’inquiétude face à ces « reflets identitaires ». »
Quand on ne trouve plus de logement, faut-il l’inventer ? Face à la pénurie de locations à l’année, de terrains constructibles accessibles et de logements sociaux qui touche désormais les classes moyennes et nécessite des réponses rapides, les responsables bretons réclament d’une seule voix que l’État accorde à la Bretagne la possibilité d’expérimenter l’habitat. . Maisons assemblables en 24 heures, containers, maisons en bois, tiny house… certains semblent avoir trouvé des solutions pour contrer cette crise.
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