En matière de prix cassés, tout n’est pas possible

Pour lutter contre l’inflation, qui pèse lourdement sur les ménages, faut-il inverser la hausse de la revente à seuil de perte (SRP) qui touche l’alimentation et le pet food ? En 2018, la loi Egalim imposait une marge minimale de 10% pour tous les produits alimentaires afin de garantir des prix suffisants aux agriculteurs, victimes de la guerre des prix entre distributeurs. Dans une « note du président » datée du 8 juin 2022, Alain Bazot, président de l’association française de consommateurs UFC-Que Choisir, invite à mettre fin à cette mesure. La hausse du SRP, entrée en vigueur le 1er février 2019, serait « un chèque en blanc pour la grande distribution ». Cette critique n’est pas nouvelle, dès octobre 2019, l’association de consommateurs estimait ce « chèque en blanc » à 1,2 milliard d’euros. Cette demande d’abolition du SRP est également portée par la Confédération paysanne, qui n’a pas constaté d’impact positif de cette mesure pour les agriculteurs.
Une pratique interdite
En France, depuis la loi du 2 juillet 1963, la vente d’un produit à perte est interdite. L’article L. 442-5 interdit de vendre un produit à un prix inférieur à son prix d’achat et de communiquer sur cette revente à perte ; la revente à perte peut être punie d’une amende de 75 000 euros. L’article définit le « prix d’achat effectif » comme « le prix unitaire net figurant sur la facture d’achat, diminué du montant de tous les autres avantages financiers consentis par le vendeur exprimé en pourcentage du prix unitaire net du bien et majoré des taxes ». sur le chiffre d’affaires, les taxes spécifiques liées à cette revente et le prix du transport ». Cette interdiction de revente à perte concerne tous les maillons de la chaîne commerciale et pas seulement le vendeur final. Les grossistes sont toutefois autorisés à pratiquer un coefficient de 0,9 dans les ventes aux détaillants finaux Depuis la loi Egalim, le coefficient obligatoire pour les produits alimentaires est de 1,1.
Des exceptions existent
Bien que la vente à perte soit généralement interdite, il existe des exceptions. Elles sont énumérées à l’article L. 442-5 du Code de commerce. Il est ainsi possible de revendre à perte en cas de fermeture ou de changement d’activité. Les produits saisonniers peuvent également être vendus à perte en fin de saison. Si un commerçant a acheté un produit moins cher qu’avant, il peut appliquer le nouveau prix à l’ensemble de son inventaire. Les petits magasins bénéficient d’aménagements spécifiques : le prix des produits alimentaires vendus dans un magasin d’une surface de vente inférieure à 300 m2 et des produits non alimentaires (si la surface de vente est inférieure à 1 000 m2) peut être aligné sur celui pratiqué dans un autre magasin du même secteur d’activité. Les produits qui approchent de la date de péremption (DLC) peuvent également être vendus à perte, à condition toutefois qu’il n’y ait pas de publicité sur ces ventes à l’extérieur. Cependant, il est interdit de vendre des produits dont le DLC a expiré.
Le moment privilégié des soldes
La revente à perte est également autorisée lors des soldes. Si les opérations commerciales se multiplient désormais au cours de l’année, les ventes restent très maîtrisées. L’article L. 310-3 du code de commerce en fixe les modalités précises : deux périodes par an, d’une durée de trois à six semaines, dont les dates sont fixées par arrêté du ministre chargé de l’économie. Cela peut prévoir des dates différentes dans certains départements ou dans les zones frontalières pour s’adapter à un créneau horaire saisonnier. L’utilisation du terme « vente » en dehors de ce cadre est interdite. Il n’est pas non plus question pour les commerçants de vendre quoi que ce soit en solde : les produits en solde doivent être « proposés à la vente et payés pendant un mois ».
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