(EN IMAGES) Encore une journée de manifestation en France, les raffineries en ligne de mire

Les opposants à la réforme des retraites en France ont continué d’exprimer samedi leur colère avec de nouveaux rassemblements et des blocages croissants dans les raffineries, deux jours après la décision de l’exécutif d’imposer un vote au Parlement.
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La crainte d’une radicalisation de la contestation avait conduit les autorités à interdire tout rassemblement sur la place parisienne de la Concorde, proche de l’Assemblée nationale et du palais présidentiel de l’Élysée, où des heurts ont éclaté jeudi et vendredi soir.
Les manifestants parisiens, environ 4.000 selon une source policière, se sont repliés place d’Italie, dans le sud-est de la capitale, où ils ont de nouveau proclamé leur refus de relever l’âge de 62 à 64 ans. La retraite, pierre angulaire de la réforme voulue par Emmanuel Macron et très impopulaire.
« Je suis assis devant l’ordinateur toute la journée, j’ai mal aux yeux, j’ai mal à la tête, j’ai déjà eu deux phlébites », raconte un manifestant de 55 ans. Des incidents ont commencé à se produire en début de soirée : feux de poubelles, abribus saccagés, etc. Face aux casseurs, les organisateurs ont décidé de dissoudre la manifestation.
Depuis la décision du gouvernement jeudi de faire adopter la réforme sans vote à l’Assemblée nationale, la mobilisation s’est durcie, portée par quelques jeunes militants, mais las des manifestations massives qui se succèdent depuis la mi-janvier.
« Que nous reste-t-il à part continuer à manifester ? Nous n’avons que la mobilisation, qui était pacifique jusqu’au 49.3. Mais maintenant, ça va potentiellement mettre de la tension sociale partout », estime Romain Morizot, 33 ans, ingénieur télécom dans l’aviation, croisé dans le cortège à Marseille, deuxième ville française.
Des rassemblements se sont tenus dans tout le pays, à Brest (ouest), Toulon ou Montpellier (sud-est), avant une nouvelle journée d’action nationale prévue jeudi.
« Le président de la République suit évidemment l’évolution de la situation » sur le terrain, a indiqué à l’AFP l’entourage d’Emmanuel Macron.
Pour justifier l’interdiction des rassemblements samedi sur la place de la Concorde, la préfecture avait fait état de « risques graves d’atteinte à l’ordre public et à la sécurité ». Vendredi soir, comme la veille, des milliers de personnes s’étaient rassemblées sur cette très grande place qui s’ouvre notamment sur l’avenue des Champs-Élysées et où des heurts avaient éclaté à la tombée de la nuit.
La veille, 10 000 manifestants s’y étaient rassemblés, ulcérés par la décision d’Emmanuel Macron d’activer l’article 49.3 de la Constitution permettant l’adoption d’un texte sans vote.
Revers pour Macron
Dénonçant « un déni de démocratie », l’intersyndicale a appelé à intensifier la mobilisation durant le week-end alors que le gouvernement devra faire face lundi à deux motions de censure qui, si elles sont adoptées, conduiraient à son renversement et à l’abandon de ce projet sur lequel Emmanuel Macron joue beaucoup de son crédit.
Syndicat classé à gauche, la CGT a marqué les esprits en annonçant samedi que la plus grande raffinerie du pays, située en Normandie (nord-ouest) et exploitée par TotalEnergies, avait commencé à fermer.
Un cap a ainsi été franchi. Depuis le début du mouvement, les expéditions de carburant sont bloquées, mais aucune des sept raffineries françaises n’a été totalement à l’arrêt.
Très lourde techniquement, l’opération prendra plusieurs jours et ne devrait pas provoquer de pénurie immédiate de carburant dans les stations-service du pays, mais elle pourrait s’étendre. Au moins deux autres raffineries pourraient être fermées au plus tard lundi, a prévenu le syndicat CGT.
Le ministre français de l’Industrie, Roland Lescure, a laissé entendre samedi que le gouvernement pourrait réagir en réquisitionnant des agents.
Réquisitions éventuelles
D’autres secteurs clés de l’économie restent également perturbés par la mobilisation, notamment dans les transports et la collecte des ordures ménagères.
A Paris, environ 10.000 tonnes de déchets attendent toujours d’être ramassées sur les trottoirs de la capitale et du personnel va être réquisitionné par le gouvernement pour commencer la collecte des déchets, qui débordent dans plusieurs quartiers.
Le gouvernement a choisi de relever l’âge de la retraite en réponse à la détérioration financière des fonds de pension et au vieillissement de la population.
La France fait partie des pays européens où l’âge légal de départ est le plus bas, même si les systèmes ne sont pas tout à fait comparables.
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