En Espagne, les footballeuses convoquées en sélection contre leur gré dénoncent les pressions

PAU BARRENA / AFP
Bien qu’ils aient annoncé leur volonté de ne pas être appelés en sélection dans de telles conditions, les joueurs espagnols refusent de répondre à la convocation de leur nouvel entraîneur.
FOOTBALL – Si Rubiales n’est plus là, la crise n’a pas encore disparu au sein de la Roja. Lundi 18 septembre, jour de la première liste du nouveau sélectionneur espagnol, la majorité des joueurs ont réaffirmé leur « désir de ne pas être convoqué »estimant que la Fédération espagnole n’est toujours pas « pas en mesure d’exiger leur présence ».
Il faut dire que pratiquement tous les internationaux espagnols sont en grève depuis l’affaire Rubiales, survenue quelques instants seulement après le titre de champion du monde remporté en Australie en août.

La joueuse Alexia Putellas, double Ballon d’Or, a également partagé le communiqué du groupe des attaquantes (39 joueuses dont 21 des 23 Espagnoles sacrées à Sydney) sur ses réseaux sociaux. Un texte dans lequel ils réaffirment que « Ce qui a été exprimé dans notre communiqué de vendredi dernier exprime clairement et sans autre interprétation possible notre ferme volonté de ne pas être convoqué pour des motifs justifiés. »
« Ces déclarations restent pleinement en vigueur et de plein effet », malgré la décision de Montse Tomé, nouvel entraîneur de la Roja, de sélectionner une grande partie des attaquants. En fait, ils sont 15 des 23 champions du monde espagnols appelés ce lundi 18 septembre.
Les joueurs sont convoqués à Madrid mardi pour deux matches de Ligue des Nations. S’ils ne se présentent pas, ils risquent de lourdes amendes et entre deux et quinze ans de suspension de leur licence auprès de la fédération.

Un soutien sans faille à ses coéquipières
En revanche, Jenni Hermoso a été laissée de côté par le nouvel entraîneur pendant » la protéger «. C’est elle qui a été embrassée sur les lèvres par le patron de sa fédération, avant d’être entraînée dans un tourbillon médiatique qui n’a toujours pas vraiment trouvé d’aboutissement.
Le footballeur qui joue actuellement pour le club mexicain de Pachuca a également accusé la Fédération espagnole de« intimider et menacer » les joueurs champions du monde en les convoquant contre leur gré.
« Les joueurs sont très clairs sur le fait qu’il s’agit d’une autre stratégie de division et de manipulation visant à nous intimider et à nous menacer de répercussions juridiques et de sanctions économiques »a-t-elle déclaré dans un communiqué publié sur X.

Réagissant aux commentaires de l’entraîneur, Hermoso a demandé : « Me protéger de quoi, ou de qui ? »soulignant que les mêmes personnes qui recherchent la confiance dans la Fédération « publiez aujourd’hui la liste des joueurs qui ont demandé à ne pas être convoqués ».
« Je voudrais exprimer tout mon soutien à mes coéquipiers qui, aujourd’hui, ont été surpris et obligés de réagir face à une nouvelle situation malheureuse provoquée par les personnes qui continuent aujourd’hui à prendre des décisions au sein de la Fédération »Hermoso répéta.
Qui portera la première star espagnole ?
Dans le premier communiqué publié par les joueurs espagnols, ils ont estimé que les conditions n’étaient pas réunies pour qu’ils puissent jouer à nouveau en équipe nationale et ont appelé à une refonte totale des autorités du football espagnol, ne considérant pas la démission de l’ancien patron du football espagnol comme suffisante. Luis Rubiales après son baiser forcé et le licenciement de l’entraîneur Jorge Vilda, dont ils ont critiqué les méthodes de travail.

Dans le communiqué publié lundi soir, et rédigé au nom de « joueuses de la première équipe féminine espagnole »sans plus de précisions sur les signataires, les Espagnols assurent qu’ils le feront « étudier les éventuelles conséquences juridiques » à laquelle ils sont exposés « prendre la meilleure décision pour (leur) avenir et (leur) santé ».
Par ailleurs, ils estiment que leur convocation n’a pas été effectuée dans les délais et dans les formes fixés par le règlement de la FIFA, ce qui empêcherait leur fédération «pour exiger leur présence» au rassemblement prévu. « Nous regrettons encore une fois que notre fédération nous place dans une position que nous n’avons jamais voulu occuper »concluent-ils.
Il faudra désormais suivre de près les prochaines décisions prises en Espagne. Les prochains matchs de la Roja, contre la Suède et la Suisse, seront cruciaux car il s’agit d’un tournoi de qualification pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Ne pas y voir les champions du monde 2023 serait particulièrement curieux.

En revanche, l’idée de voir le maillot rouge espagnol brodé d’une étoile porté vendredi par ceux qui ont remporté la dernière Coupe du monde semble fortement compromise.
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