Par un phénomène classique d’éclipse médiatique, la Birmanie est sortie de nos radars depuis plusieurs mois. Mobilisés par la guerre en Ukraine, l’attention des Européens pour cette partie du monde s’est estompée. Loin de nos yeux, la population birmane fait l’objet d’une répression sans merci. Lundi, la junte militaire a annoncé l’exécution de quatre personnes. Parmi eux figurent deux anciens députés, militants des droits de l’homme. C’est la première fois depuis 1988 que la peine de mort est appliquée, alors que 114 condamnations à mort ont été prononcées depuis le coup d’État de février 2021. Le régime assume une stratégie de terreur. Fin mars, son patron a déclaré qu’il « négocierait plus et anéantirait jusqu’au bout » ses adversaires. Il tient parole. Une ONG locale estime qu’en dix-huit mois, 15 000 personnes ont été arrêtées et 2 000 civils tués. Beaucoup d’entre eux sont victimes de mines antipersonnel largement utilisées par la junte, comme Amnesty International l’a récemment rapporté.
Dans un pays qui compte plus d’une centaine d’ethnies, les occasions de conflits sont incessantes. La brève – et relative – expérience de la liberté (2015-2021) n’a pas été exempte de violences de masse. C’est durant cette période que l’armée s’est engagée dans la répression sanglante des Rohingyas, désormais qualifiée officiellement de génocide par les États-Unis. Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la paix, a été accusée à l’époque de complicité par des ONG. Elle est maintenant emprisonnée et détenue au secret par les militaires qu’elle avait défendus à l’époque. Cette trajectoire symbolise à elle seule toute la complexité du cauchemar birman, devant lequel on ne peut pas grand-chose, sinon éviter de chercher ailleurs.
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