Elle lance un appel à la générosité pour garder ouverte sa résidence pour personnes âgées

Comme la maison dans laquelle se trouve la résidence nécessitait de gros travaux de rénovation, Mme Gagné a décidé de lancer une campagne de financement participatif sur la plateforme GoFundMe.
«Ce qui m’a amené à cela, c’est que je crois que c’est une nécessité dans notre village d’avoir une belle résidence comme celle-ci. C’est chaleureux, c’est familial, et je pense que les gens en ont besoin. Les gens qui ne se sentent plus en sécurité chez eux, ici il y a une présence 24h/24, donc on peut être là pour eux et c’est aussi un plaisir pour nous d’être là pour eux », dit-elle.
» Les résidents, c’est pour eux que je fais la demande financière, pas pour moi, pour eux. »
Parmi les travaux à réaliser figurent le remplacement de la toiture, la réfection de la salle de bain et le remplacement du monte-escalier.
Mme Gagné reconnaît l’existence de subventions gouvernementales pour de tels projets, mais soutient qu’elle n’est pas en mesure de fournir la part demandée par le gouvernement pour l’octroi de cette aide financière.
« Financièrement, c’est presque difficile de finir les mois. Nous voulons refaire le toit, il faut absolument le refaire. Les assurances, bientôt elles nous diront que ça n’a plus de bon sens. C’est vraiment une nécessité », confie-t-elle avec émotion.
Une vocation
Ayant une formation de préposée aux bénéficiaires, Miriane Gagné pourrait facilement trouver un emploi dans le réseau de la santé, mais elle souhaite continuer d’offrir un milieu de vie accueillant aux résidents de son village.
« Je pourrais facilement trouver un travail ailleurs, mais j’ai cet endroit à cœur, les gens aussi », lâche-t-elle, émue.
Rose Jolette, une des pensionnaires de la Résidence Bel-Humeur, ne se voit pas finir ses jours ailleurs.
» Je me sens chez moi, je suis né à Lorrainville. Je me suis marié, j’y suis resté, j’ai toujours été ici. En quittant ma maison, je ne serais plus heureux. »
Vivant avec sa mère Rose comme aide-soignante, Janelle Fleury souligne le dévouement de la propriétaire des lieux.
Elle invite la population à être généreuse afin d’éviter que les résidents n’aient à se déplacer vers d’autres localités de la région.
« Quand tu habites ici, le personnel sur place viendra si les gens vont moins bien, ils vérifieront leur état de santé, ils s’inquiéteront pour eux et seront là aussi pour les écouter. Vraiment, c’est la vie de famille à l’intérieur d’une maison de retraite », dit-elle.
« Ça nous préoccupe beaucoup », dit le préfet
Interrogée sur la situation de la résidence Bel-Humeur, la préfète de la MRC de Témiscamingue, Claire Bolduc, s’est dite grandement préoccupée, de façon générale, par la question de l’hébergement et des soins aux aînés de la région.
« Quand on regarde ce qui se passe à l’échelle du Québec, ce n’est pas que dans notre région, c’est l’affaire de tout le Québec, les résidences privées pour aînés font face à des défis majeurs pour leur survie. . On parle d’assurance, de capacité d’accueil et de coordination entre les besoins des différents CISSS et CIUSSS », dit-elle.
La plus grande crainte de Mme Bolduc est de voir des aînés déracinés de force de leur communauté en raison d’un manque de logement et de ressources.
« Les difficultés, bien qu’elles soient au niveau du Québec, chez nous, ce que ça pourrait vouloir dire, c’est qu’on va déplacer des personnes âgées dans des villes comme Rouyn-Noranda, Amos ou Val-d’Or, alors que leur famille, leurs proches aidants sont ici à Témiscamingue, ça, pour nous, c’est inacceptable », dit-elle.
Claire Bolduc assure que la MRC prendra tous les moyens à sa disposition pour soutenir la Résidence Bel-Humeur ainsi que tous les autres qui pourraient se retrouver dans une situation similaire.
« Les moyens dont dispose la MRC ne lui permettent pas d’intervenir dans le cadre de l’entreprise privée », rappelle-t-elle. Sur le plan politique, cependant, nous pouvons être très actifs, et c’est ce que nous faisons actuellement. Nous ne laisserons tomber ni les propriétaires ni les résidents de ces résidences. Il est clair que toutes les étapes politiques qui s’imposent, qui sont nécessaires dans un contexte comme celui-ci, ces étapes seront franchies. »
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