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Nouvelles locales

« Don Giovanni » dans le jardin des délices ultimes

 » Et si… » Souvent, les histoires que l’on se raconte, de l’enfance à l’âge adulte, commencent par un postulat un peu décalé mais plein de conséquences inattendues. A l’Opéra Bastille, le metteur en scène Claus Guth semble avoir joué « et si… « . Et si, lors de son duel avec le Commandeur venu défendre l’honneur de sa fille Anna, Don Giovanni avait été mortellement blessé ? Les deux actes de l’opéra de Mozart accompagneraient alors la nuit d’agonie du séducteur avant que la mort ne l’engloutisse.

Dans le cadre unique et mobile d’une sombre forêt de grands conifères, le « grand seigneur méchant homme » essaie de profiter une dernière fois de la vie qui s’éloigne. A ses côtés, attentif, empathique, son valet et confident Leporello ; contre lui, ceux que son insatiable appétit prédateur a su séduire avant de les laisser haletants et perdus.

Convainquante et cohérente, cette vision ne tient cependant pas toutes ses promesses. Sans doute parce que Claus Guth, malgré une direction d’acteurs aiguisée, n’exploite que la veine implacable et cauchemardesque, où le livret de Da Ponte et, plus encore, la musique de Mozart au faîte de son génie, explorent un monde infiniment plus varié et effervescent. palette. Cela ne semble pas non plus avoir été bien compris par Antonello Manacorda dont la direction, certes généreuse dans les détails, peine à insuffler fougue et tension à un orchestre de l’Opéra de Paris que l’on a connu moins avare de sensualité et de charme.

Admirable Peter Mattei

Peter Mattei joue Don Giovanni sur les scènes du monde entier depuis des années. Il en connaît toutes les subtilités, toutes les ambiguïtés. Quelle chance pour les spectateurs qui le découvriront de faire connaissance avec cette voix au timbre crépitant comme le feu, au service d’une musicalité émouvante ! Peut-on rêver d’une sérénade plus tendre et plus désespérée, quand, épuisé mais jamais blasé par de nouvelles conquêtes, Don Giovanni veut attirer dans ses filets la prochaine de cette Elvire qu’il a bafouée et trahie ?

Le Leporello sanguin et très humain d’Alex Esposito forme avec lui un couple à vie, une intensité que l’on retrouve chez Gaëlle Arquez, Elvire tiraillée entre son désir de vengeance et l’amour qu’elle éprouve toujours envers celui qui l’a tant maltraitée. Si les notes aiguës du rôle ne sont pas tout à fait à sa portée, le velours de la voix est somptueux.

Bien élevé, le reste du casting vocal s’avère cependant moins attachant, sans doute parce que la mise en scène laisse un flou inconfortable sur la psychologie des personnages. Anna est-elle froide et distante ou vraiment bouleversée ? Son fiancé Ottavio, un « mâle » peu compatissant ou un homme maladroit mais aimant ? Quant au duo paysan Zerline et Masetto, l’éclat de leur personnalité disparaît, tarissant leur soudaine plongée dans l’obscurité au contact de Don Giovanni.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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