Des Champs-Élysées plus verts dès 2024

C’est peut-être la plus belle avenue du monde, mais s’y promener n’est pas le plus grand plaisir. Un trafic automobile intense, des nuisances sonores, une ambiance très minérale où le thermomètre monte pendant les mois chauds ont conduit Parisiens et Franciliens à délaisser l’avenue des Champs-Élysées depuis une trentaine d’années. Consciente de ces carences et de ce manque d’amour, la mairie de Paris, en partenariat avec le Comité Champs-Élysées (regroupant commerçants et entreprises de l’avenue), a officialisé mercredi 11 mai le lancement du projet « Réenchanter le Champs Élysées ». Objectif, plus d’espaces verts d’ici les JO 2024 et peut-être moins de voitures d’ici 2030.
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La première partie du projet concerne les parties basse et haute de l’avenue longue de 2 km. En partie basse, à proximité de la Concorde, il conduira au réaménagement des jardins, situés de part et d’autre de l’avenue, jusqu’au rond-point des Champs-Élysées, avec 15 000 m2 végétation complémentaire (plates-bandes, plates-bandes, etc.) et 107 arbres plantés. Dans la partie sud des jardins, les petites avenues Dutuit, bordant le Petit Palais à l’est, et Tuck seront transformées en passerelles.
7 700 m2 des voiries seront ainsi reprises par le végétal, tandis que le pavage, les passages piétons et le mobilier seront refaits ou remplacés si nécessaire. « Nous allons transformer ces jardins en véritables jardins de promenades », a promis la maire Anne Hidalgo, qui souhaite ainsi « redonne de la fraîcheur » adapter la ville au réchauffement climatique. Ces travaux de végétalisation devraient débuter à la fin du mois.
Réduire le trafic automobile sur la place de l’Etoile
L’autre changement majeur aura lieu autour de l’Arc de Triomphe, où le rond-point Place de l’Étoile verra son trafic automobile dense réduit, à partir de l’automne 2022. La mairie prévoit un « Agrandissement de l’anneau » zone piétonne qui entoure le monument, fréquentée chaque année par 1,5 million de visiteurs. On peine pour l’instant à mesurer quelle est l’ambition de la mairie : le chiffrage des espaces piétons n’a pas été communiqué, et le site internet de la ville annonce une circulation autour du périphérique « fluide maintenu avec sept à huit rangées ». « C’est un rétrécissement de la place de la voiture, je préfère être clair. Parce que c’est ainsi qu’il faut envisager la ville de demain », a toutefois commenté Anne Hidalgo.
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La réduction du trafic motorisé ne concerne pas pour l’instant l’avenue elle-même qui compte deux voies de circulation automobile et une voie bus et taxis dans chaque sens. Sur la place de la voiture, le projet promet de soulever les intenses polémiques habituelles, sans doute renforcées par le caractère symbolique du lieu. Dès le soir des annonces, le préfet de police de Paris s’est ainsi exprimé sur Twitter en rappelant que les Champs-Élysées étaient une voie de circulation « dont la compétence relève de l’Etat ».
Cette première phase est financée à hauteur de 30 millions d’euros : 24 millions d’euros de la Ville de Paris et 6 millions d’euros de Solideo, société de livraison des installations olympiques de Paris 2024.
Développement d’un commerce inaccessible
Ces aménagements devraient offrir un meilleur confort de visite aux touristes qui afflueront aux Jeux olympiques de 2024, mais suffiront-ils à faire revenir les Parisiens et les Franciliens sur l’avenue célébrée par Joe Dassin ? En 2020, une étude sur la fréquentation de l’avenue montrait que, sur 100 personnes rencontrées sur les Champs-Élysées, 56 étaient des touristes étrangers, 17 personnes travaillant dans le quartier, 12 touristes de France, 6 promeneurs d’Île-de- France, 5 marcheurs parisiens et 4 habitants du quartier.
Fruit de trois cent cinquante ans d’histoire, l’avenue a surtout souffert ces dernières décennies de la hausse des prix de l’immobilier et de l’uniformisation internationale, qui a conduit au développement d’un commerce impersonnel, clinquant ou inaccessible.
« Faciliter la traversée » de la Place de la Concorde
Les annonces de la mairie sont actuellement moins ambitieuses que le projet qui avait été imaginé par l’architecte Philippe Chiambaretta, dans l’étude réalisée pour le Comité des Champs-Élysées en 2020.
D’ici 2030, la mairie envisage donc de poursuivre les aménagements, dans une dynamique encore floue visant à « verdir en profondeur » l’av. La place de la Concorde devrait être au cœur des changements. Ça prendra « faciliter la traversée », « Rétablir l’accès aux monuments, à l’obélisque et aux fontaines » et verdir l’endroit, « une fournaise », a expliqué l’architecte Philippe Chiambaretta, chargé de cette réflexion. Le remblai où est installé l’obélisque pourrait être agrandi, et le jardin des Tuileries, prolongé jusqu’au monument. La liaison entre la place de la Concorde et la Seine devrait également être revue afin de fluidifier la marche vers les quais. Le succès de cette deuxième phase dépendra du niveau d’ambition de la mairie. Gageons qu’elle peut encore difficilement échouer : il existe aujourd’hui peu de places historiques aussi défigurées par le trafic automobile que la place de la Concorde.
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