Dans « Only », Nesrine Slaoui raconte ce que c’est que d’être une femme maghrébine

Dans le cadre de « l’Escale Littéraire/Club du Livre », fruit d’une collaboration entre le Sofitel Rabat Jardin des Roses et le Groupe « Le Matin », le Café La Galerie de l’hôtel a accueilli, le mercredi 15 mars, la présentation du livre « Seul » de Nesrine Slaoui. La rencontre a été animée, avec beaucoup de professionnalisme, par la journaliste Myriam Ezzakhrajy.
Un débat très fructueux a eu lieu après la présentation de «Seul» (Éditions Fayard), qui est le deuxième roman de Nesrine Slaoui, où elle raconte deux histoires en parallèle. Celui de la Parisienne Nora, la trentaine, et d’Anissa à l’âge de l’adolescence, qui vit à Argenteuil. « J’ai choisi le titre ‘Seul’ parce que dans leur vie chacun endure seul son drame et tous les deux traversent une violence un peu particulière. Anissa est victime d’un cyber-harcèlement qui se termine en drame. Et Nora est dans une relation très violente. Pas physique , mais psychologique. C’est un peu tabou, car on a du mal à comprendre qu’il y a aussi des violences qui ne sont pas physiques, par exemple des manipulations, des insultes, des intimidations… »
A la lecture du livre, on comprend pourquoi Nesrine a choisi ces deux personnages, dont les histoires se croisent à un moment donné de l’histoire. Au départ, on comprend qu’ils ont en commun le fait qu’ils viennent tous les deux de Immigration maghrébineavec des parents marocains qui ont quitté Casablanca et Tanger dans les années 1970 et 1980 pour s’installer en France.
Dans ce roman, l’auteur a voulu montrer ce qu’était un femme maghrébine en France, ce qu’elle traverse, ce qu’elle peut endurer à 30 et 15 ans. « Je pense que c’est une identité très particulière pour cette femme. C’est le fait de ne trouver sa place ni en France ni au Maroc. Elle traverse une expérience pleine de discrimination, tout en vivant des choses aussi sexistes que toutes les femmes, à travers leur relation avec les hommes », précise Nesrine Slaoui qui ne parle pas que des relations de couple, car l’auteur a évoqué la relation de Nora avec son père. « Je voulais aussi parler des relations père-fille, sachant que beaucoup de papas s’interrogent sur l’éducation de leurs filles dans ce monde et comment éduquer les garçons pour que la violence s’arrête. Personnellement, je pense qu’il y a beaucoup de violence héritée de colonisation, avec des souffrances qui se transmettent de génération en génération, mais qui restent encore tabou ».
Le livre « Seule » donne l’impression d’être facile et qu’on peut le lire d’une traite, mais en fait ce n’est pas si simple car il parle de beaucoup de choses à la fois. Hormis les histoires des deux femmes et la question qui se pose : comment une femme se laisse-t-elle dominer sans réagir ? C’est la réponse à cette question que Nesrine cherchait dans son livre, en plus de l’inquiétant problème des réseaux sociaux. « C’est un espace un peu réglementé, notamment pour la haine des jeunes filles qui tiennent des propos très violents et sont constamment jugées. Donc, ce devrait être un espace d’échange, de démocratie, d’égalité de parole entre hommes et femmes », indique N. Slaoui qui ne manque pas de souligner que l’idée de ce livre lui est venue, en mars 2021, après avoir assisté à la Blanche Marche en hommage à Anisha d’Argenteuil, qui a été tué par un camarade de classe, la poussant dans la Seine. « Cette histoire m’avait vraiment marqué et m’avait alerté sur plusieurs choses qui devaient être dites. D’autant plus que je préfère faire des livres qui sensibilisent à la violence et à la discrimination.
Rappelez-vous qu’écrire pour Nesrine n’est pas né aujourd’hui, car encore très jeune, elle a toujours écrit, mais quand elle a grandi la question qu’elle s’est posée était : quand sera-t-il publié ? « J’ai toujours voulu raconter des histoires depuis que je suis petit. En tant que journaliste, j’ai cette envie d’écrire des histoires vraies, mais j’aime aussi écrire de la fiction. Je pense que c’est parce que je suis enfant unique. Comme nous sommes très on s’ennuie, on s’invente des histoires. Ensuite, je suis un grand lecteur et un fervent amateur de mots ».
Biographie de Nesrine Slaoui
Diplômée de Sciences Po, Nesrine Slaoui est journaliste. Elle a été chroniqueuse et animatrice à France4, puis reporter
pour I-télé et France3. Elle publie son premier livre « Illegitimes » (2021) aux Éditions Fayard. Elle a également écrit un éditorial pour « Femmes du Maroc », « Le Harem Invisible » en hommage à Fatéma Mernissi. En découvrant la littérature du défunt, elle veut partir en quête du féminisme dans les rues de Fès et de son identité d’origine, pour comprendre quelle est sa véritable identité : française, marocaine ou les deux.
Grb2