Dans le Lubéron, le quatuor à cordes sous toutes ses formes

Réputé comme le mode d’expression musicale le plus délicat pour les auditeurs et le plus exigeant pour les musiciens, le quatuor à cordes a sa station balnéaire sur les bords de la Durance, région idyllique avec ses villages de crèches provençales. Non loin du « temple » du piano, La Roque-d’Anthéron, sur la rive gauche du même affluent du Rhône.
Doté d’un budget de 100 000 €, le Festival international de quatuors à cordes du Lubéron développe toute l’année une animation régionale, avec la manifestation du mois d’août animée par des bénévoles comme tête de pont. Un rendez-vous dont le haut niveau d’exigence artistique s’inscrit dans des cadres patrimoniaux qui fleurissent de part et d’autre de la basse Durance, d’Avignon au pays d’Apt.
Un public d’amateurs, de connaisseurs
Depuis sa fondation en 1976, le festival a accueilli les plus grands quatuors à cordes du monde, des anciens déjà couverts de lauriers aux nouvelles pousses des derniers concours internationaux. Cette année, Hélène Salmona, qui a présidé le festival pendant onze ans, a confié la programmation aux membres du quatuor Béla, qui ont choisi comme thème « le folklore, ses influences et ses apports à la musique savante ». Comme les éditions précédentes, le rendez-vous provençal accueille onze quatuors à cordes auxquels s’ajoutent quatre solistes sur 12 concerts.
En quarante-six ans, s’est constitué un public de connaisseurs résidents et estivaux, capable d’accueillir toutes sortes de répertoires, des plus accessibles aux plus complexes. Il suffit pour s’en convaincre de le voir concentré, écoutant les yeux fermés, quel que soit le répertoire. A noter, sous la rubrique de la création contemporaine, un hommage à Iannis Xenakis par le compositeur Loïc Guénin, né la même année que le festival, à découvrir le 21 août à l’Abbaye de Silvacane.
Musique « savante » et rigaudon !
Le concert inaugural, en l’église de Cabrières-d’Avignon, a réuni les quatuors Béla et Zaïde. Le second ouvre le programme avec le troisième « Razumowsky » de Beethoven porté à l’incandescence. Le Béla le rejoint pour l’octuor injustement incompris d’un génie de 19 ans, George Enesco : les musiciens entraînent 200 auditeurs médusés – malgré la chaleur suffocante – dans le flot jaillissant et impétueux d’une écriture cyclique en un flot continu. .
Dédiée au folklore, la journée du 14 août en Roussillon s’appelait « Violon rigaudon ». Tout a commencé sur la place de la mairie avec un groupe de « violonistes » des Hautes-Alpes, invitant à danser des jeunes du 3e arrondissement de Marseille, découvrant l’instrument avec curiosité. Ils ont été rapidement rejoints par des touristes, après une pluie torrentielle apportant un peu de fraîcheur. S’en est suivi une soirée tango à l’Écomusée de l’ocre, proposée par Jean-Baptiste Henry (bandonéon) et le quatuor Voce, avec des tangos festifs, sensuels, nostalgiques, décalés… sous la plume d’Astor Piazzolla, Francisco De Caro, Horacio Salgan et bien d’autres, dont des créations.
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